Appel à contributions - Le français aujourd’hui n° 211 – Décembre 2020 « Connaissances et représentations en grammaire »


Coordination : Cécile Avezard-Roger & Céline Corteel (EA 4521 Grammatica, INSPÉ Lille HdF)

L’enseignement de la langue nationale constitue l’une des missions historiques de l’école (Chervel 1977) et demeure aujourd’hui l’un des enjeux fondamentaux de toute scolarité. Les programmes actuels rappellent à ce titre que « l’étude de la langue est une dimension essentielle de l’enseignement du français. Elle conditionne l’aptitude à s’exprimer à l’écrit et à l’oral, la réussite dans toutes les disciplines, l’insertion sociale. Elle doit être l’objet d’un enseignement spécifique, rigoureux et explicite » (B.O. du 26 juillet 2018 pour le cycle 2).

Pour autant, dans ce cadre, le constat récurrent d’un désamour pour la grammaire existe depuis longtemps dans la sphère scolaire, tant du côté des élèves (« la grammaire c’est nul, on comprend rien, en plus ça sert à rien... »), que du côté des enseignants (ou futurs enseignants), qui éprouvent souvent des difficultés face à cette discipline et son enseignement [Lavieu- Gwozdz & Pagnier 2017 ; Baribeau & Lebrun (1997 ; 1998) ; Lachet 2015 ; Gourdet 2010 ; Avezard-Roger & Corteel AP].

Côté élèves, les réticences observées tiennent notamment au fait que la grammaire est bien souvent perçue comme dépourvue de finalité, et donc d’intérêt : ils ne comprennent pas les enjeux de la discipline et, de fait, la trouvent vaine et inutile. Les enseignants, quant à eux, font état de connaissances théoriques qu’ils jugent trop fragiles, et d’un malaise en lien avec la didactique de la discipline : l’enseignement de la grammaire est, pour nombre d’entre eux un véritable problème. Pris en étau entre les réticences des élèves et leurs propres incertitudes (linguistiques et didactiques), ils éprouvent parfois à l’égard de ce domaine d’apprentissage un sentiment d’inquiétude teinté d’impuissance. Ces constats rejoignent celui de Hubert (2016 : 117) qui observe que « la question de l’enseignement de la grammaire, plus encore que celui d’autres domaines du français, met en échec les jeunes enseignants comme les enseignants confirmés ». En cause, selon lui, la scolarité même des enseignants, qui « trainent avec eux un souvenir d’écolier où la grammaire est une matière confuse qui ne se « réfléchit » pas, où les réponses sont en vrai-faux, souvenir qui les « bloque » dans leur enseignement : ils ont peur de se tromper. » De fait, pour les élèves comme pour les (futurs) enseignants, la grammaire ne représente parfois qu’une simple activité d’étiquetage et se limite à un apprentissage « mécanique », bien loin d’une démarche réflexive sur la langue et son fonctionnement qu’elle devrait pourtant permettre et susciter.

A ce constat général, s’ajoute également un métalangage perçu comme complexe, d’autant plus que les programmes de français pour l’école primaire varient au gré des réformes depuis plusieurs années1, ajoutant peut-être encore à la confusion des enseignants et, partant, à celle des élèves. La parution récente de nouveaux programmes de français pour les cycles 2, 3 et 4 (B.O. du 26 juillet 2018) a ainsi suscité le questionnement de certains enseignants puisque, dans le domaine de l’étude de la langue, on observe une certaine rupture par rapport aux programmes précédemment en vigueur (B.O. du 26 novembre 2015).

Dans ce contexte particulièrement sensible, et dans la continuité de propositions et expérimentations didactiques antérieures (cf. les numéros 192 et 198 du Français aujourd’hui), le numéro 211 du Français aujourd’hui a pour vocation d’interroger et de problématiser la question des connaissances et des représentations en grammaire des principaux acteurs de l’école (élèves, enseignants, étudiants futurs enseignants) pour comprendre en quoi elles peuvent constituer un frein pour l’enseignement.

Il s’agira en effet, en s’appuyant sur différents types de corpus (questionnaires, entretiens, observations de séances, résultats d’actions de formation, productions d’élèves, etc.), de mettre au jour ces conceptions et ce « déjà là » (tant sur le plan des contenus que sur celui des méthodes d’enseignement), pour mieux cerner les difficultés rencontrées dans cette discipline et son enseignement.

Afin de dépasser le seul « discours de crise », (selon une expression reprise à Chiss & David 2018 : 47), il s’agira plus particulièrement de réfléchir à la façon de faire évoluer ces connaissances et ces représentations pour « faire de la grammaire autrement ». On s’intéressera ainsi aux leviers susceptibles de « faire bouger les lignes », aux pistes didactiques à envisager, aux outils à proposer (en formation notamment) pour permettre aux apprenants d’envisager lagrammaire comme un véritable espace de réflexion sur la langue, leur donner les moyens d’en appréhender le fonctionnement et (re)donner du sens à cette discipline.

L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de réfléchir à la façon de réconcilier élèves et enseignants avec la grammaire, et de penser les moyens d’une transposition didactique efficace.

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Soumis par   le 28 Octobre 2019