XXIe Rencontres des chercheur.e.s en didactique des littératures
10-12 juin 2020
Faculté d’Education - Université de Montpellier
Vingt après les premières rencontres des chercheur.e.s en didactique des littératures (Fourtanier, Langlade, Rouxel, 2001), il est notable de constater que se développent actuellement, et de manière concomitante, des projets impliquant des collectifs de chercheur.e.s dont les visées et/ou les méthodologies ont une dimension comparative affirmée.
Les travaux genevois du groupe GRAFElitt, (Ronveaux & Schneuwly, 2018 ; Gabathuler, 2016), en constituent un exemple magistral. Ils interrogent la manière dont s’enseigne la littérature au fil des degrés scolaires sur le petit territoire de la Suisse romande, permettant ainsi de comprendre aussi ce qui se joue à plus vaste échelle. Le projet GARY (Brunel et al., 2018) cherche lui à documenter les compétences de lecture des élèves et les pratiques d’enseignement du littéraire en France, en Suisse, en Belgique et au Québec. Le groupe PELAS (Plissonneau, Boutevin, Bazile, 2017) interroge les pratiques d’enseignement de la lecture analytique en France aux niveaux 3e et 2nde. À Montpellier, le collectif de chercheur.e.s engagé.e.s dans le projet TALC (Louichon, 2019) travaille à décrire et comprendre les pratiques d’enseignant.e.s du cycle 3 (fin de l’école primaire et première année de collège). Le réseau HELiCE (« Histoire de l’Enseignement de la Littérature. Comparaison européenne ». Ce réseau européen s’est développé à l’initiative de Marie-France Bishop) interroge l’histoire de l’enseignement de la littérature dans une perspective comparatiste, à l’échelle européenne (Louichon, Bishop & Ronveaux, 2017 ; Denizot & Ronveaux, 2019 ; Belhadjin & Perret, à paraitre).
Cette dynamique, pour exemplaire et visible qu’elle soit, ne doit pas faire oublier des travaux plus anciens et précurseurs (Dubois-Marcoin, 2008) ou menés à des échelles moindres mais tout aussi heuristiques (par exemple, Sève, 2008 ; Marlair & Dufays, 2009 ; Hébert, 2013 ; Claude, 2017).
Dans ces travaux, la comparaison peut porter sur les différents segments scolaires (primaire, secondaire, enseignement général et professionnel), ou des seuils (entre primaire et secondaire, par exemple), sur les différentes aires géographiques, culturelles et/ou linguistiques, sur les objets enseignés, sur les exercices, sur les élèves en fonction de leur âge et de leur cursus, de leur sexe, de leurs caractéristiques socio-économiques, sur des périodes historiques, sur les curricula (Bishop, à paraitre). Elle peut aussi concerner les usages de la littérature ou la réception des œuvres en contexte scolaire ou extrascolaire (Dias-Chiaruttini, 2015 ; Bonnéry & Joigneaux, 2015).
La tendance forte observée relativement à la dimension comparative de certains travaux amène néanmoins à s’interroger sur la moindre part accordée à d’autres approches ou d’autres objets dans le champ des recherches en didactique de la littérature. Par exemple, les résultats ou les analyses des enquêtes comparatives internationales (type PISA ou PIRLS) sont assez peu sollicités (Bart & Daunay, 2016). Les didacticien.ne.s de la littérature, largement ouvert.e.s sur le monde francophone, semblent assez peu enclin.e.s à se saisir des problématiques à une échelle plus large (Fraisse, 2012) ou portant sur des espaces non- francophones (Witte & Sâmihăian, 2013). De même, lors du dernier colloque de l’Association pour des Recherches Comparatistes en Didactique (ARCD), on a fort peu entendu parler d’enseignement/apprentissage de la littérature. On peut aussi constater que les travaux relevant de l’interdidactique (Biagioli & Torterat, 2012) sont quasi-absents de nos rencontres, même si la question des relations entre français et littérature est souvent posée (Dias- Chiarrutini & Lebrun, à paraitre). Les 17e Rencontres ont porté sur les « confrontations, échanges et articulations entre approches didactiques » à propos de l’enseignement de la littérature « en dialogue avec les arts » (Chabanne, 2019) et les XXe Rencontres ont interrogé la perspective de la contribution de la littérature à une éducation esthétique. On peut s’étonner que reste encore marginale l’approche de la littérature comme pratique artistique, l’enseignement de la littérature comme pratique, question centrale dans les autres didactiques des arts ou en éducation artistique pour l’équilibre entre se cultiver, analyser et pratiquer.
Enfin, il est tout à fait étonnant de constater que la littérature comparée n’est pas un objet questionné en didactique des littératures. Quoique formellement réservée au niveau universitaire, cette discipline (Franco, 2016) participe de la formation de tou.te.s les enseignant.e.s de lettres et l’on peut se demander si ces compétences acquises ne trouvent pas à s’exercer dans le cursus secondaire.
Les propositions s’inscriront donc dans l’un ou l’autre des axes suivants :
AXE 1. Il s’agit ici d’interroger les démarches comparatives adoptées dans le cadre des recherches en didactique des littératures.
Quelles sont les finalités poursuivies ? Les recherches ont-elles des visées comparatives ou bien développent-elles des méthodologies comparatives ? Les hypothèses comparatives sont- elles des hypothèses de recherche ou des hypothèses méthodologiques ? Ont-elles des visées strictement compréhensives? Ont-elles aussi des visées transformatives et à quelles conditions ? Quels sont les objets comparés ? Quelles sont les méthodologies développées ? Comment les données sont-elles construites, recueillies, croisées ? Comment sélectionner les observables et opérationnaliser leur analyse ? Quelles focales adopter ? À partir de quels cadres d’analyse peut-on comparer ?
AXE 2. Il s’agit d’ouvrir le champ à de nouveaux espaces, de nouveaux questionnements, de nouveaux objets. Cet axe accueillera les contributions sollicitant, discutant ou adoptant les cadres de l’éducation comparée (Meuris, 2008), de la didactique comparée (Mercier A., et al., 2002), de l’interdidactique (Biagioli & Torterat, 2012), ou plus simplement du dialogue des didactiques (Chabanne, 2019). Les questionnements et travaux relatifs aux enquêtes comparatives internationales y trouveront place ainsi que ceux portant sur la didactique de la littérature comparée.
AXE 3 (Spécial doctorant.e.s)
Vingt ans après les premières Rencontres, les Rencontres de Montpellier souhaitent aussi constituer un espace privilégié pour les doctorant.e.s. Ils ou elles peuvent naturellement s’inscrire dans le cadre commun (axes 1 et 2) de la comparaison. Cependant un espace spécifique de présentation de thèses en cours relevant du champ de la didactique deslittératures, conçu comme un espace de formation et de rencontre autour des travaux émergents, leur est spécifiquement dédié.
Bibliographie
Bart, D., Daunay, B. (2016). Les blagues à PISA. Le discours sur l’école d’une institution internationale. Vulaines sur Seine : Editions du croquant.
Biagioli, N., Torterat, F. (2012). La recherche en interdidactique : apports méthodologiques et pratiques. In M.-L. Elalouf, A. Robert, A. Belhadjin & M.-F. Bishop, (Éds.), Les didactiques en question(s). Bruxelles : De Boeck, 269-278.
Belhadjin A., Perret L. (dir.) (2020, sous presse), L’étude de l’extrait, ou comment l’école fabrique une littérature scolaire. Bruxelles : Peter Lang.
Bishop M.- F. (à paraitre). Étudier la discipline dans une approche comparatiste, didactique et historique. In Sandrine Aeby Daghé, Ecaterina Bulea Bronckart, Glaís S. Cordeiro, Joaquim Dolz, Irina Leopoldoff, Anne Monnier, Christophe Ronveaux, Bruno Vedrines (coord.). Didactique du français et construction d’une discipline scientifique. Dialogues avec Bernard Schneuwly. Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion.
Bonnéry, S., Joigneaux, C. (2015). Des littératies familiales inégalement rentables scolairement. Le français aujourd'hui, 190(3), 23-34. doi:10.3917/lfa.190.0023.
Brunel M., Dufays, J.-L., Capt V., Florey S., Emery-Bruneau J. (2018). Le discours des élèves sur les valeurs du texte littéraire et leur exploitation didactique par les enseignants : quelles variations selon les classes d’âge et selon les pays ?, in N. Rouvière (dir.), Enseigner la littérature en questionnant les valeurs. Berlin : Peter Lang, 279-302.
Chabanne J.-C. (dir.) (2019). Enseigner la littérature en dialogue avec les arts. Confrontations, échanges et articulations entre approches didactiques. Namur : Presses universitaires de Namur, « Diptyque », n°37.
Claude, M.-S. (2017). Du commentaire pictural au commentaire littéraire : mettre en mots une expérience esthétique. Revue de recherches en littératie médiatique multimodale, 6. https://doi.org/10.7202/1043747ar
Denizot N., Ronveaux C. (dir.) (2019). La lettre enseignée. Perspective historique et comparaison européenne. Grenoble : UGA Editions.
Dias-Chiaruttini A. (2015), « Réception des stéréotypes genrés véhiculés par la littérature de jeunesse dans des espaces institutionnels contrastés », Repères, 51, 35-53.
Dias-Chiaruttini A., Lebrun M. (dir.) (à paraitre), La question de la relation entre les disciplines scolaires : le cas de l’enseignement du français. Namur : Presses universitaires de Namur, « Recherches en didactique du français », volume n° 12.
Dubois-Marcoin, D. (dir.) (2008), Lire La petite sirène, interroger la littérature autrement, Paris : INRP.
Fraisse E. (coord.) (2012) Enseignement et littérature dans le monde. Revue Internationale d’éducation – Sèvres, n° 61.
Fourtanier M.-J., Langlade G., Rouxel A. (2001). Recherches en didactique de la littérature. Rennes : PUR.
Franco B. (2016). La littérature comparée. Histoire, domaines, méthodes. Paris : Armand Colin, « U lettres ».
Gabathuler, C. (2016). Apprécier la littérature. La relation esthétique dans l’enseignement de la lecture de textes littéraires. Rennes : Presses universitaires de Rennes.
Hébert M. (2013). Lire, commenter, discuter un même roman au primaire et au secondaire : quelles différences ? Revue des sciences de l’éducation. http://id.erudit.org/iderudit/1024535ar
Louichon B., Bishop M.-F., Ronveaux C. (dir.), Les Fables à l’école : un genre patrimonial européen ? Genève : Peter Lang, « Exploration ».
Louichon B. (2019). Projet TALC : décrire des pratiques dans le champ de la didactique de la littérature. La lettre de l’AIRDF, 65, 50-51.
Marlair, S., Dufays, J.-L. (2009). « Quels gestes dans la classe pour quel enseignement- apprentissage de la littérature ? Regard sur quatre leçons de 5e année secondaire ». In D. Bucheton & O. Dezutter (dir.), Le développement des gestes professionnels dans l’enseignement du français. Un défi pour la recherche et la formation, Bruxelles : De Boeck « Perspectives en éducation et formation », 61-82.
Massol, J.-F. et Plissonneau, G. (2008). La littérature lue en 6e et en 5e : continuités et progressions. Repères, 37, 69-104.
Mercier A., Schubauer-Leoni M. L., Sensevy G. (2002). Vers une didactique comparée. In: Revue française de pédagogie, volume 141, 5-16. DOI : https://doi.org/10.3406/rfp.2002.2910.
Meuris G. (2008). L’Education Comparée, pour faire connaissance. Recherches & éducations [En ligne], Comparer, mis en ligne le 15 octobre 2008, consulté le 09 septembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/rechercheseducations/45.
Plissonneau, G., Boutevin, C., Bazile, S. (2017). La lecture analytique à la fin du collège : un exercice de lecture littéraire ? Points de vue d’enseignants, regards d’élèves. Repères, 56, 91- 108.
Ronveaux C., Schneuwly B. (dir.) (2018). Lire des textes réputés littéraires : disciplination et sédimentation. Enquête au fil des degrés scolaires en Suisse Romande. Bruxelles : Peter Lang. Sève P. (2008). Travailler « sur la lecture des enfants » ou « sur les textes » : les termes d’une alternative didactique. Repères, 37, 131-152.
Witte, T.C.H., Sâmihăian, F. (2013). Is Europe open to a student-oriented framework for literature? A comparative analysis of the formal literature curriculum in six European countries. L1-Educational Studies in Language and Literature, vol.13, 1-22. http://dx.doi.org/10.17239/L1ESLL-2013.01.02
Calendrier
• À partir du 15 septembre 2019 : Appel à communication
• 30 janvier 2020 : Envoi des intentions de communications avec résumé
• 1 mars 2020 : Retour après évaluation par CS
• 15 mai 2020 : Date limite de réception des résumés définitifs acceptés
• 10-12 juin 2020 : XXIe Rencontres à Montpellier
Envoi des intentions de communications à : 21rencontres@gmail.com
Informations : https://21e-rendilit.sciencesconf.org/
Comité d’organisation :
Christine Boutevin, Université de Montpellier
Maité Eugène, Université de Montpellier
Brigitte Louichon, Université de Montpellier
Agnès Perrin-Doucey, Université de Montpellier Bénédicte Pouilleux, Université de Montpellier
Marion Sauvaire, Université Laval/Canada
Comité scientifique :
Sandrine Bazile, Université de Montpellier.
Marie-France Bishop, Université de Cergy Pontoise.
Christine Boutevin, Université de Montpellier.
Jean-Charles Chabanne, ENS Lyon.
Ana Dias Chiaruttini, Université de Nice Sophia Antipolis.
Jean-Louis Dufays, Université de Louvain/Belgique.
Sonia Florey, Lausanne/Suisse.
Aldo Gennaï, Université de Montpellier.
Beata Klebeko, Université de Szczecin /Pologne.
Nathalie Lacelle, Université du Québec à Montréal/Canada.
Séverine De Croix, HEP Léonard de Vinci Louvain/Belgique.
Nathalie Denizot, Université Sorbonne-Paris.
Olivier Dezutter, Université de Sherbrooke/Canada.
Lydie Laroque, Université de Cergy Pontoise.
Véronique Larrivé, Université de Toulouse Jean Jaurès.
François Le Goff, Université de Toulouse Jean Jaurès.
Isabelle de Peretti, Université d’Artois.
Agnès Perrin-Doucey, Université de Montpellier.
Gersende Plissonneau, Université de Bordeaux.
Brigitte Louichon, Université de Montpellier.
Patricia Richard-Principalli, Université de Montpellier.
Christophe Ronveaux, Université de Genève/Suisse.
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