Compte-rendu du FORUM de l’École maternelle par celles et ceux qui la font vivre


Bourse du travail 17/11/18

 

FORUM de l’École maternelle par celles et ceux qui la font vivre

Bourse du travail 17/11/18

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Les personnels, les parents et les associations qui constituent la communauté éducative ont été les grands absents des assises ministérielles qui se sont tenues au début de l’année 2018. En effet, elles n’étaient pas tournées vers les finalités de l’école maternelle, et n’ont pas montré les démarches éducatives, pédagogiques, didactiques, éthiques qui y sont mises en œuvre et les conditions nécessaires pour que les enfants qui la fréquentent puissent entrer dans les savoirs et les apprentissages. Et maintenant, le ministère annonce qu’il va revoir les programmes de 2015 et en imposer de nouveaux, avant qu’on ait eu le temps de les mettre en œuvre avec une cohorte d’élèves sur trois ans ; il compte aussi revenir sur la notion de cycle et proposer des repères annuels. Ces programmes de la refondation de l’école ont pourtant été bien accueillis dans les écoles et sont devenus des outils essentiels.

 

L’école maternelle est une école à part entière, école première où l’on apprend et où l'on vit ensemble.

L’École est un sujet éminemment politique, qui doit prendre en compte les approches plurielles et être mis en débat dans la société. Les organisations syndicales, les mouvements pédagogiques, les associations qui s'engagent sur le terrain, ensemble nous sommes capables de penser le métier collectivement. Nous avons construit ensemble ce Forum de l’École Maternelle pour donner la parole à celles et ceux qui la font vivre et l’adressons à toutes les personnes qui s’intéressent à l’école maternelle, enseignants, professionnels, experts, formateurs, membres d'associations, parents, élus…

 

L'école maternelle accueille tous les élèves, prend en compte leur diversité et vise la réussite de tous. Sur quels leviers s'appuyer pour arriver à faire « ce qu'il faudrait faire » pour y parvenir ? Quels obstacles ? Quels savoirs professionnels sont en jeu ? Avec quels partenariats ? La richesse et la complexité viennent de la diversité des cultures des différents métiers, des savoirs sur l'enfant et l’élève, de la coopération avec les parents, de l'état actuel des recherches en sciences de l'éducation et dans de nombreux autres domaines de la psychologie, de la sociologie, de l’analyse du travail, etc…

Face à ces défis, le forum de l’école Maternelle permet directement de discuter ces idées. La journée initiera le débat et donnera l'opportunité de croiser les regards, d'échanger les points de vue et de penser ensemble. 

 

Les thématiques :

- Qu'est-ce qu'on fait à l'École Maternelle ?

- Quels savoirs, quels apprentissages et comment on s’y prend ?

- Quelles problématiques liées aux différents métiers et partenariats ?

- Comment réduire les inégalités ?

 

Intervention de Christine Passerieux 

Quelques points sont abordés : 

- Actuellement, dans la volonté affichée de changer les Programmes 2015, deux axes majeurs sont mis en avant : la bienveillance et le jeu (en rupture avec le discours des Programmes 2008). Les programmes 2015 allaient vers un refus de la primarisation de la Maternelle. L’école maternelle est actuellement en danger.

Avec une philosophie sous-jacente :

- Il existerait des talents individuels (conception innéiste de l’individu). Dans ce cadre, l’école n’aurait plus une place prépondérante dans la formation de l’individu. Nous allons vers une promotion de l’individualisation et de l’individualisation de l’apprentissage. Le rapport entre nature et culture change donc.

L’éducation n’échappe pas à la promotion de l’individualisation de la société. 

 

La conception naturaliste de l’élève (Montessori, Alvarez) a le vent en poupe. Il existerait des inégalités naturelles entre les individus. L’École ne pourrait donc pas tout, voire pas grand-chose. Ce qui compterait, ce serait donc « le charisme individuel » de l’enfant. Un des discours principaux de Montessori : « C’est l’acceptation absolue à l’obéissance qui permettrait d’accéder à une société heureuse ». 

Cela questionne la posture de l’enseignant qui souhaiterait faire de ses élèves des citoyens réflexifs. Ce ne serait donc plus le but de l’école (en tous cas pour tous les élèves). 

 

L’école c’est transmettre la culture, mais quelle culture ? Transmettre la culture c’est inscrire les enfants dans une histoire, une culture qui est une manière de répondre au monde. Les enfants qui sont éloignés de l’école n’ont pas les codes culturels. Ils doivent constamment et à tout moment reconstruire le monde. L’école aide à comprendre par exemple que le langage aide à penser, elle permet une ouverture aux autres par la connaissance de l’autre. 

 

Pour faire évoluer l’enseignement, il serait nécessaire :

- D’identifier la nature des difficultés des élèves, mais aussi celles des enseignants. La difficulté des enfants à comprendre les attentes scolaires. 

Il s’agit de rendre explicite les attendus mais aussi de laisser aux élèves le temps d’apprendre. Rendre l’élève acteur de ses apprentissages. Observer les manières de faire, de comprendre. Plus l’enfant est impliqué dans ses apprentissages, mieux il apprend. 

Or, les évaluations qui sont installées ne permettent pas aux élèves de construire des savoirs et de construire une bonne estime de soi. 

La socialisation nécessite un apprentissage (en particulier en ce qui concerne le langage – pour communiquer, pour penser). Il ne s’agit pas seulement de faire mais de comprendre. Il ne s’agit pas de confondre les buts et les moyens. 

 

- De nombreux exemples et études ont montré que la modification des pratiques enseignantes (rendre son enseignement explicite aux élèves) leur permet de mieux entrer dans les apprentissages, de comprendre les attentes scolaires, les buts poursuivis. Il s’agit de questionner ses pratiques et de comprendre ce qui permet la réussite des élèves. 
Il faut motiver les élèves à apprendre par exemple à travers le jeu (Une motivation possible du côté des élèves). 

Mais pour cela, une formation des enseignants est nécessaire.

 

Atelier : Des outils pour structurer sa pensée (Sylvie.martin_dametto@ens-lyon.fr)

 

Dans une classe, il s’agit d’identifier les difficultés d’apprentissage des élèves et les problèmes des enseignants, les savoirs à enseigner et les savoirs pour enseigner et d’articuler cela.

L’enseignant est en tension entre la prescription et ce que cela demande de faire. Il est constamment en train de faire des compromis opératoires pour aller vers une efficacité objective (Ce que l’on demande de faire, ce que ça demande de faire, ce que l’on fait àce que l’on voit àce que ça fait).

Un enseignant veut être efficace. Les préconisations objectives ne correspondent quelquefois pas à ce que l’enseignant considèr comme l’efficacité subjective qui est la sienne.  

 

Vidéo : Une classe de REP+, en MS. Un moment de phase collective. Sudoku : résolution de problèmes. 

Une enseignante chevronnée.

 

Cinq focales pour analyser une pratique d’enseignement (Roland Goigoux) :

1)     Des points saillants dans cette vidéo :

-       Qui participe ? Comment le sait-elle ? Comment réajuste-t-elle son enseignement par rapport à la participation ou non des élèves (Planification)

-       Reformulation de l’enseignante des mots de l’élève (Régulation)

-       Débit ralenti (Régulation, motivation)

-       Laisse parler plusieurs élèves sans donner de validation immédiate (Différenciation, planification)

-       Quand elle « offre » un mot nouveau, un mot du savoir à mettre dans la boite à trésors de mots (Régulation, explicitation)

-       La façon de questionner la validation de la réponse donnée par l’élève (Que la réponse soit correcte ou non)

 

2)     Les objectifs de cette enseignante :

-       Résoudre un problème mathématique d’énumération sans dénombrement (Dans l’énumération il y a l’idée de « Parcourir en détails (une liste) »)

-       Mettre les élèves en réflexion, faire qu’ils soient en posture argumentative

-       Les rendre actifs

-       Acquisition d’un vocabulaire mathématique

-       Respecter les prises de parole en grand groupe

 

Consensus

Dilemmes

Nature des difficultés des élèves

Nature des difficultés des enseignants

Nature des difficultés liés à la discipline

 

Grand groupe / petit groupe (Ce que l’on gagne ou perd dans chaque situation)

Reprendre les mots des enfants, reformulation : le faire et le parler sur le faire

Reformulation en langage expert ou pas

La question de l’enrôlement des élèves et les artefacts utilisés

Régulation en vol ou différé

Des concepts de base qu’il est fondamental de donner aux élèves, être explicite

Reformulation des stratégies en vol ou en différé, la question de la métacognition

Une formation plus importante

 

 

 

Soumis par   le 09 Décembre 2018