Rapport public - Christian Lequesne - octobre 2021
Rapport du groupe de personnalités indépendantes « Diversité linguistique et langue française dans les institutions européennes »,
présidé par Christian Lequesne
Remis en vue de la présidence française de l’Union européenne
à Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes,
et à Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie
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SYNTHÈSE DU RAPPORT ET DES RECOMMANDATIONS
Le multilinguisme est un principe reconnu par le droit de l’Union européenne (UE). Il est l’expression de sa diversité linguistique – réalité sociale quotidienne de l’Europe. Si la France est l’un des seuls États membres de l’Union à faire de la promotion de cette diversité une priorité politique, d’autres États sont cependant sensibles à la question du multilinguisme, généralement au prisme de la défense de leur langue. Pourtant, les témoignages convergent, et le constat est sans appel : la domination de la langue anglaise s’est accrue à mesure que l’Union s’est élargie. Le travail à mener est alors celui d’une valorisation de la diversité linguistique comme composante essentielle de la citoyenneté européenne.
À cette fin, le Groupe de travail à l’origine de ce rapport a réalisé une double recherche quantitative et qualitative. À travers la collecte de données, parfois issues directement des institutions européennes, il a d’abord établi des faits et dressé des constats juridiques et statistiques sur l’usage des langues. Ce travail a été complété par la réunion des membres du Groupe à un rythme quasi hebdomadaire entre avril et juin 2021. Des auditions ont permis utilement de compléter les éléments d’analyse.
Par ce rapport, le Groupe affirme qu’il n’est pas trop tard pour relancer le multilinguisme dans les institutions européennes, bien que le recul de la pratique du multilinguisme soit confirmé à tous les niveaux au profit d’un anglais « inter- nationalisé ». Au sein de l’éventail d’éléments explicatifs de ce phénomène se trouvent le pragmatisme et la nécessité de se faire comprendre, les coûts de la diversité linguistique, le manque d’incitation au multilinguisme de la part de la hiérarchie au sein des institutions européennes et un phénomène d’autocensure. Les connaissances en langue du personnel des institutions européennes restent pourtant solides.
À l’heure de la montée des populismes, il est indispensable de mettre l’accent sur la diversité linguistique pour rapprocher les citoyens des institutions européennes, alors que l’actualité montre qu’ils s’en sentent de plus en plus éloignés. La pro- motion du multilinguisme est d’autant plus importante que la double crise économique et sanitaire n’a fait qu’exacerber la perte de vitesse du multilinguisme, notamment par la multiplication des réunions à distance, où l’interprétation n’était pas, au début tout au moins, assurée systématiquement. Le respect du multilinguisme insuffisant dans la communication des institutions européennes auprès des citoyens est également un sujet de préoccupation.
À l’issue de ses travaux, le Groupe a identifié 26 recom- mandations opérationnelles qui pourront être portées par la France auprès des institutions européennes et des États membres pendant sa présidence de 2022.
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