Le comité de rédaction de la revue Le français aujourd’hui s’oppose à la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR)
Depuis le début décembre 2019 plusieurs mouvements sociaux de grande ampleur ont traversé la France. Parti d’un rejet de la réforme des retraites, il s’est rapidement diversifié et étendu à d’autres catégories socioprofessionnelles, à d’autres revendications et à d’autres formes de luttes. Plus récemment, ce mouvement s’est élargi au monde de l’université et de la recherche en lutte contre la réforme portée par la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR).
Dans ce contexte social et politique, de nombreuses revues scientifiques, souvent portées par des associations militantes en sciences humaines et sociales se sont déclarées solidaires des grévistes, mobilisées dans la lutte contre la LPPR (voir le site de l’université ouverte : <https://universiteouverte.org/2020/01/19/revues-en-lutte/>).
Ce projet de réforme est lié par le gouvernement aux annonces relatives à cette LPPR, présentée comme un moyen de maintenir le niveau des pensions. Or les documents issus des groupes de travail montrent que ce projet constitue une nouvelle attaque contre les enseignants-chercheurs, les personnels associés et contre le financement pérenne de la recherche.
Plus précisément, le projet de loi envisagé remet en cause le statut des enseignants-chercheurs (suppression de la clause d’accord des intéressés pour la modulation du service, fin de la référence aux 192 heures TD et donc du paiement des heures complémentaires). Il menace d’accroitre la précarisation de tous les personnels avec la généralisation des CDD, la multiplication des recrutements sur des missions ponctuelles et la mise en place d’un système de titularisation conditionnelle (tenure track). Il ouvre la voie au localisme et aux inégalités de traitement en réduisant le rôle des instances nationales de qualification, de recrutement et de suivi des carrières (Conseil national des universités, notamment). Il tente d’imposer à l’université « le déploiement d’une […] culture du management et de l’évaluation » de la recherche qui lui est profondément étrangère, et une logique délétère de concurrence généralisée, notamment par des évaluations sur des critères de productivité des publications, aussi étroits qu’inadaptés à la recherche comme à l’enseignement.
De telles dispositions ne répondent en rien à la crise que traverse l’université et le recherche (postes gelés, conditions de travail dégradées, personnels sous pression, précarité des étudiants et des personnels contractuels) et laissent au contraire présager son aggravation.
Réunie en comité de rédaction le 10 mars 2020, la revue Le français aujourd’hui demande l’abandon de ce projet de loi et réaffirme son attachement au service public de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, aux statuts, aux cadres nationaux de qualification, de recrutement et d’évaluation. La revue s’oppose également au développement de la contractualisation, à la modulation et à fortiori au déplafonnement des services. Elle s’associe aux mouvements de lutte déjà engagés et invite ses partenaires, ses auteurs, ses lecteurs à participer aux différentes actions collectives en cours : AG interprofessionnelles, coordinations, piquets de grève, caisses de solidarité...
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