Les épreuves écrites de français au bac 2017 : Cohérence et tradition


Les sujets d’examen, par leur caractère modélisant, pourraient contribuer à former des lecteurs...

Les épreuves écrites de français du bac se sont toutes déroulées le même jour, le jeudi 15 juin, dans toutes les séries, technologiques, littéraire, économique et scientifique, et professionnelles. Et presque à la même heure, seules les séries professionnelles ont composé le matin, alors que toutes les autres séries technologiques et générales, composaient l’après-midi. Peut-on y voir le résultat d’une volonté de mettre toutes les séries sur un pied d'égalité par l’emblématique épreuve de français ?
Emblématique pour les séries générales et technologiques où elle occupe une place centrale dans la scolarité de lycée, comme un rite de passage qui sonnerait la fin du français dans le système scolaire.
Emblématique d’un type d’épreuves, surtout à l’oral, où, malgré des efforts d'ouverture, le bachotage finit toujours par reprendre le dessus.
Accordons au moins au marronnier des épreuves de juin le crédit de nous donner régulièrement l'occasion d'insister sur la nécessité d'un enseignement du français en terminale, qui passerait par une refonte des modes d’évaluation.
La France y est-elle prête ? Survivrait-elle à la transformation de l’enseignement et de l’évaluation du français au lycée, et, ipso facto, à une réforme générale du bac, par exemple celle qu’annonce le Ministre de l’Éducation Nationale ?
En attendant, elle a survécu à la montée en puissance des baccalauréats professionnels, dont l’épreuve de français entre en cohérence avec les épreuves écrites des séries technologiques, et, par voie de conséquence avec celles des séries générales. Le support d’évaluation, en classe de terminale, est un corpus référé à l’un des objets d’étude de l’année de terminale ; le sujet en deux parties pose d'une part des questions visant à évaluer les compétences de lecture, d'autre part une question qui appelle un développement argumenté pour évaluer les compétences d’écriture. Les questions sont un peu plus précises en bac pro que dans les séries technologiques, où elles sont aussi un peu plus précises que dans les séries générales. Une belle continuité entre les épreuves, confirmée cette année par une coïncidence de dates.

 

Revenons aux épreuves de cette année.

Dans toutes les séries, l’épreuve a été considérée comme conforme aux attendus, sans pièges pour les élèves, avec des questions cohérentes.

Dans presque toutes les séries, les objets d’étude ont changé depuis l’an dernier : La parole en spectacle en baccalauréat professionnel, Le personnage de roman du XVIIème à nos jours en séries économique et scientifique, Poésie et quête de sens en séries technologiques. Dans ces trois séries, les textes du corpus sont variés, et associent littérature classique et contemporaine. On pourrait certes faire remarquer que le sujet de ES-S réduit la diachronie proposée par l’objet d’étude au XXème siècle, mais pourquoi pas, Proust fait partie, pour les élèves, de la catégorie des classiques.

Une seule série échappe à la règle, la série littéraire. Le même objet d’étude est reconduit cette année, Les réécritures du XVIIème siècle à nos jours, l’un des deux objets d’étude spécifiques à cette série. Et la diachronie là aussi est réduite, 1751-1850, de Voltaire à Dumas en passant par Vigny et Hugo. Et donc, si la littérature classique y est surreprésentée, la littérature contemporaine, probablement plus susceptible d’ouvrir les jeunes élèves à la lecture, est totalement oubliée… Est-ce une question de thématique ? Le Masque de fer obligeait-il à cette sédimentation dans le temps ? Pour traiter la question du personnage défiguré, il était possible de trouver des figures dans la littérature contemporaine pour élargir l’empan. Pourrait-on imaginer, par exemple, que Pierre Lemaitre, qui, dans Au revoir là-haut, cacha la gueule cassée d’Edouard Péricourt sous un masque, n’avait pas en tête le Masque de fer ? C’est cette circulation entre des œuvres contemporaines et des œuvres classiques qui donne du sens à la littérature pour nos élèves. Les sujets d’examen, par leur caractère modélisant, pourraient contribuer à former des lecteurs. C’est au moins ce que nous pourrions en espérer.

Accès aux épreuves 2017 :

Les baccalauréats professionnels : La parole en spectacle Lire le sujet en PDF

La série L : Les réécritures du XVIIème siècle à nos jours Lire le sujet en PDF

Les séries ES-S : Le personnage de roman du XVIIème à nos jours Lire le sujet en PDF

Les séries technologiques : Poésie et quête de sens Lire le sujet en PDF

 

Soumis par   le 19 Juin 2017