Anne-Marie Garat, dans le Monde du 19 octobre, "se défend de toute " nostalgie passéiste " et ne regrette pas un soi-disant " âge d'or " de la langue française." "La Maison des écrivains qu'elle préside aide les auteurs à nouer des contacts avec leurs lecteurs ou futurs lecteurs"
Si le début de l'article de Robert Solé :" Des écrivains dans l'amour des mots" cède parfois à la facilité, l'intervention d'Anne-Marie-Garat, à la fin, redonne à la lecture une fonction existentielle : si l'écrivain est un passeur, le pédagogue a aussi sa place...
Voici la fin de l'article de Robert Solé :
"Un autre romancier, Alexandre Jardin, consacre beaucoup d'efforts à la pédagogie et au développement de la lecture et de l'écriture. Il est à l'origine de plusieurs associations (comme Lire et faire lire ou Mille mots) qui affichent des statistiques spectaculaires. Aujourd'hui, des milliers de retraités lisent des histoires aux enfants dans les écoles. Alexandre Jardin veut " faire des Français un peuple de lecteurs " en les rapprochant les uns des autres : la langue n'est-elle pas un lien social, un lien entre les générations, de même que la grammaire est un lien entre les mots ?
" JE PLAIDE POUR L'OPACITÉ "
On retrouve ce souci chez la romancière Anne-Marie Garat. Fille d'ouvriers, elle a été " élevée par la lecture ". La Maison des écrivains qu'elle préside aide les auteurs à nouer des contacts avec leurs lecteurs ou futurs lecteurs. Ces engagements dans la cité, sous diverses formes (colloques, rencontres, débats, ateliers d'écriture...) se développent depuis les années 1980. " Les écrivains sont des passeurs de lecture, affirme Anne-Marie Garat. Sans vouloir dicter aux pédagogues ce qu'il faut faire dans les classes, ils ont des choses à dire et méritent d'être écoutés. "
S'inscrivant dans la meilleure tradition de la littérature populaire, Anne-Marie Garat a publié en 2006 un roman-fleuve, Dans la main du diable (Actes Sud), dont le deuxième volet paraîtra au printemps 2008. Elle a choisi pour cela une écriture classique qui se déploie superbement sur 900 pages. Mais elle se défend de toute " nostalgie passéiste " et ne regrette pas un soi-disant " âge d'or " de la langue française. Contrairement à d'autres écrivains, cette ex-professeur de lettres est très réticente à l'égard de la " littérature jeunesse ". Parents et pédagogues, estime-t-elle, sont terrorisés à l'idée que l'enfant s'ennuie. Ils ont tendance à découper les lecteurs en tranches d'âge, comme autant de cibles. " Je plaide pour l'opacité, affirme Anne-Marie Garat. Opaque ne veut pas dire hermétique. " Il faut que le lecteur soit interrogé et remué par une autre langue que la sienne. On ne déchiffre que si c'est chiffré. Le lecteur éclaire par lui-même l'obscurité. Arrivé à la dernière page, il n'est plus le même... Bref, " il faut lire des livres qui ne nous sont pas destinés ".
(Robert Solé © Le Monde, 19 octobre 2007)
Voici la fin de l'article de Robert Solé :
"Un autre romancier, Alexandre Jardin, consacre beaucoup d'efforts à la pédagogie et au développement de la lecture et de l'écriture. Il est à l'origine de plusieurs associations (comme Lire et faire lire ou Mille mots) qui affichent des statistiques spectaculaires. Aujourd'hui, des milliers de retraités lisent des histoires aux enfants dans les écoles. Alexandre Jardin veut " faire des Français un peuple de lecteurs " en les rapprochant les uns des autres : la langue n'est-elle pas un lien social, un lien entre les générations, de même que la grammaire est un lien entre les mots ?
" JE PLAIDE POUR L'OPACITÉ "
On retrouve ce souci chez la romancière Anne-Marie Garat. Fille d'ouvriers, elle a été " élevée par la lecture ". La Maison des écrivains qu'elle préside aide les auteurs à nouer des contacts avec leurs lecteurs ou futurs lecteurs. Ces engagements dans la cité, sous diverses formes (colloques, rencontres, débats, ateliers d'écriture...) se développent depuis les années 1980. " Les écrivains sont des passeurs de lecture, affirme Anne-Marie Garat. Sans vouloir dicter aux pédagogues ce qu'il faut faire dans les classes, ils ont des choses à dire et méritent d'être écoutés. "
S'inscrivant dans la meilleure tradition de la littérature populaire, Anne-Marie Garat a publié en 2006 un roman-fleuve, Dans la main du diable (Actes Sud), dont le deuxième volet paraîtra au printemps 2008. Elle a choisi pour cela une écriture classique qui se déploie superbement sur 900 pages. Mais elle se défend de toute " nostalgie passéiste " et ne regrette pas un soi-disant " âge d'or " de la langue française. Contrairement à d'autres écrivains, cette ex-professeur de lettres est très réticente à l'égard de la " littérature jeunesse ". Parents et pédagogues, estime-t-elle, sont terrorisés à l'idée que l'enfant s'ennuie. Ils ont tendance à découper les lecteurs en tranches d'âge, comme autant de cibles. " Je plaide pour l'opacité, affirme Anne-Marie Garat. Opaque ne veut pas dire hermétique. " Il faut que le lecteur soit interrogé et remué par une autre langue que la sienne. On ne déchiffre que si c'est chiffré. Le lecteur éclaire par lui-même l'obscurité. Arrivé à la dernière page, il n'est plus le même... Bref, " il faut lire des livres qui ne nous sont pas destinés ".
(Robert Solé © Le Monde, 19 octobre 2007)
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