A - Dimension institutionnelle de la collecte des données
1 - La première étape est de contacter l'institution et de surtout trouver "la porte d'entrée" pour le faire, c'est à dire d'obtenir un contact qui va effectivement vous "ouvrir les portes" et faire en sorte que votre demande soit considérée.
2 - Cela implique de créer des liens avec les acteurs de l'institution et cela passe souvent par des liens individuels.
3 - Cela passe nécessairement aussi par une phase d'explication de la démarche. En effet, il y a beaucoup d'institutions qui sont sensibilisées à la nécessité de former leur personnel, mais il faut aussi expliquer que nous travaillons avec des discours de la profession en action, et pourquoi.
4 - Il est nécessaire également de parfaitement définir dès le départ les rôles de chacun des acteurs. Filmer ne suffit pas en soit. Il faut donc savoir ce que chacun est prêt à faire et jusqu'où ils sont d'accord pour participer
5 - Enfin intervient une phase de négociations concernant le type de données accessible, les questions de confidentialité etc. ...
Ensuite seulement pourra commencer la collecte des données
Il y a différents cas de figure:
1- L'institution est explicitement demandeuse de la formation
On pourrait penser que c'est le cas le plus favorable mais ce n'est pas toujours le cas car interviennent souvent des problèmes de confidentialité des données, des aspects déontologiques et une méconnaissance et incompréhension de la démarche FOS.
2 - L'institution n'est pas explicitement demandeuse
3 - L'institution est le lieu d'application de la formation mais n'est pas explicitement demandeuse.
1- Institution demandeuse
Ex des conducteurs des trains et des contrôleurs de la Deutsche Bahn pour le trajet Paris - Frankfurt. L'accès aux situations de terrain a été facilité par l'institution mais avec des limitations explicites :
- interdiction de filmer à bord
- les textes des annonces faites à bord devait rester la propriété exclusive de la compagnie
- interdiction formelle de filmer des passagers.
Dans un second temps cependant, il y a eu quelques dérogations et la formatrice a pu filmer dans la cabine du conducteur (ce qui en soi est surprenant !) et a eu accès à un certains nombres d'échanges pour en faire des transcriptions. Il était important de saisir le discours des conducteurs et des régulateurs, celui-ci étant spécifique, le conducteur n'étant pas désigner par son nom par exemple mais par le numéro du train et chacun de ses propos étant ponctué par une répétition pour s'assurer que l'information avait bien été reçue.
2 - L'institution n'est pas explicitement demandeuse
Ex. de l'ile de Cozumel au Mexique, aux eaux cristallines, propices à la plongée sous-marine, le tourisme et en particulier la plongée étant la principale ressource de l'île.
Sur cette île, l'Alliance Française dispense des cours de français avec un public demandeur à titre individuel de discours sur la plongée.
La formatrice s'est mise "dans la peau du client" et a pu référencer les échanges, mais n'a pas pu filmer car non seulement elle ne disposait pas du matériel nécessaire pour faire un film, et encore moins en plongée, mais le moniteur était hispanophone et il aurait fallu une tierce personne pour recueillir les données. Elle a donc utilisé des vidéos Ytube. De toute façon, en plongée, on parle avant, après, mis pas pendant !
3 - L'institution lieu d'application de la formation
L'exemple en est le FLP, formations à destination d'étudiants non francophones.
Dans les instituts de formation, il y a un cloisonnement entre les filières d'études données et les formations en langues. Or, pour que la formation soit efficace et adaptée, il faut un contact avec les enseignants des disciplines concernées et savoir leur donner des explications pour la démarche en langue.
L'expérience montre que si le contact ne se fait pas au plus haut niveau, cela oblige de créer des liens personnels individuels et très directs, car les profs peuvent "être intéressés" par la démarche, mais ils n'y répondront pas forcément.
Ex d'une île-hôtel aux Maldives.
Le cours de français y est très isolé, avec très peu de contacts avec les autres chargés de formation de spécialité professionnelle. Cela tenait en fait à des raisons essentiellement commerciales. Il s'agit d'un hôtel de luxe supérieur et il était hors de question de filmer une quelconque situation avec un client. Les stagiaires ne pouvaient pas montrer qu'ils étaient en formation et dans ce cas, il n'y a eu aucune dérogation possible. Le prof de fle n'a pu collecter que le dépliant de l'hôtel en français.
Les problèmes de confidentialité et de méconnaissance voire incompréhension de la démarche d'élaboration d'un programme de FOS ont des conséquences directes sur l'efficacité de celui-ci. et sur le type de données que l'on peut récolter en fonction de l'accessibilité de certains milieux et du temps.
B - Questions de déontologie
se posent les problèmes du :
- droit à l'image
- droit de regard sur l'exploitationdes données
- la confidentialité des données : cela concerne les domaines médical, juridique, l'entreprise et la cuisine, mais potentiellement, tous les domaines professionnels sont touchés par cet aspect.
1 - Le français médical
Les institutions étaient représentée par l'université Claude Bernard Lyon 1 (UCB1) et les hospices de Lyon (HCL). Elles n'étaient pas explicitement demandeuses mais consciente de l'enjeu et collaborative. L'université Lyon 1 à offert tout le support technique et humain (informaticiens, cameraman et photographes)
Les acteurs étaient des CCA (Chef de Clinique assistants), sous l'autorisation du chef de service de la réa Croix-rousse.
L'équipe soignante était "volontairement participative" (dixit - ?) (PH/Internes/Externes/Paramédicaux/administratifs = acteurs + patients réels).
2 - Professions paramédicale
ex: orthoptiste
3 - le Français des professions paramédicales (soins infirmiers et électroradiologie médicale)
Lorsqu'on passe au niveau des paramédicaux, il est indispensable de s'adresser aux supérieurs hiérarchiques, mais aussi aux institutions que sont le directeur du pôle et celui des hospices de Lyon.
C - Le Français des militaires
Ceci correspond à un vrai besoin et un semble-t-il un vrai public.
La question du français pour les militaires remonte aux années 20 avec la parution d'un premier manuel en 1927 afin de rendre plus efficace la communication sur le terrain.
Le ministère des Affaires étrangères à lancé un appel d'offres en 2010, rejoint par l'OIF en 2011, en raison d'une forte demande en Afrique, les pays de ce contient prenant une part croissante de participation à l'ONU et aux différentes organisations internationales.
Actuellement, 21 pays utilisent le N°1 de la méthode "EN AVANT".
Difficultés d'une telle méthode:
1 - Le premier obstacle a été les difficultés d'accès au monde du terrain. La base militaire est impossible à pénétrer.
2 - L'analyse de terrain est irréalisable et la compréhension des objectifs de la démarche est loin des soucis des hommes du terrain, ce qui pose des problèmes pour les possibilités l'analyse des discours oraux.
3 - la dimension hiérarchique : les autorisations doivent transiter par plusieurs voies.
4 - L'utilisation des données des situations professionnelles réelles nécessite des transformations obligatoires pour des raisons diplomatiques. Les personnages doivent être "atypies" et porter des noms neutres.
Ex : La situation concerne un pays fictif, "Le Cavana". Le Colonel s'appelle "Ya Koubba" et le Lieutenant "Amani Kimpa".
l'objectif des situations est obligatoirement lié au maintien de la paix.
5 - L'utilisation des documents de la toile et de l'actualité médiatique peuvent s'avérer dangereuse. Les références à l'actualité ne sont pas sans risque de discussions enflammées et de problèmes en classe de langue elle-même. La documentation officielle peut-être déontologiquement plus acceptable mais elle doit aussi être utilisée avec prudence.
6 - Ce qui est validé par les militaires ne l'est pas nécessairement par les organisations travaillant avec les militaires ou plus exactement à coté ! Ex: Les militaires souhaitent soigner leur image en étant associés aux ONG. Les ONG, en revanche, ne souhaitent pas être associées aux militaires et conserver leur autonomie.
Au total :
- Dans le cadre militaire, il faut transformer l'authentique en fiction.
- Les cours classiques en "académie militaire" s'avèrent peu efficace car relevant de méthodes de français général.
L'utilisation d'un manuel spécifique suscite une motivation bien plus importante.
- Cependant, le monde militaire est très hétérogène avec une représentation des différents corps de métiers et il reste légitime de se poser la question du public réel auquel on s'adresse.
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