Viviane Youx, copies et plagiats...
Et si l’oral de français était une occasion de jouer un peu avec les œuvres au programme de 1ère ! Chiche, reconnaitrez-vous les copies et les plagiats ? Pour vous guider, cherchez dans les pièces de théâtre : Oh les beaux jours, Le Mariage de Figaro, Phèdre (qui disparaissent si vite du programme malgré une année tronquée), mais aussi dans La Princesse de Clèves et Les Essais. Les passages en italiques sont des copies pures, le reste est plagiat. Amusez-vous autant que moi !
Il y aurait des gens sans doute pour nous trouver un peu irrévérencieux, mais je ne crois pas. Peut-on mieux magnifier le Tout-Puissant qu’en riant avec lui de ses petites plaisanteries, surtout quand elles sont faibles ?
Que je voudrais bien tenir un de ces grincheux, je lui dirais… que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où on en gêne le cours ; que sans liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur ; et qu’il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits.
Ah, qu’est-ce que j’entends ? Des traitres, téméraires
Préparaient cet outrage au choix du ministère ?
Avec quelle infamie, quelle obstination
Portent-ils aux sommets une pétition !
Projet audacieux ! détestable pensée !
Ô confiance apprenante trop mal récompensée.
Pour parvenir aux buts de leurs sombres recours,
Insolents, de la presse, empruntaient le secours !
À quelle extrémité, perfides, ils me réduisent
Je décide, et tout seul, et quoi que l’on en dise !
Jamais pays n’a eu tant d’inclination pour ses enseignant·e·s, soudain belles personnes au-delà de leurs espérances. Jamais ministère n’a eu tant d’attrait de leur avis, porté par une association jusque-là dédaignée et privée de subventions.
Il parut alors une pétition dans les réseaux, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire que c’était une motion parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans la presse où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes parler à tort et à travers.
La médiasphère fut tellement surprise de sa popularité que, lorsqu’elle vit son expansion, elle ne put s’empêcher de donner des marques de son admiration.
Il arriva que l’AFEF fut tant sollicitée – il ne se passait pas un jour sans que l’on demande et diffuse son avis – que le ministère lui-même s’en émut.
Un conseiller du ministre – toute requête avait jusque-là été superbement ignorée – décrocha son téléphone et consulta la présidente de l’AFEF, pour que le ministre prenne sa décision sur ce fameux maintien de l’oral de français. Elle expliqua que c’était une question de pédagogie – le sens même de l’enseignement de la littérature était en jeu –, d’équité – la préparation n’avait pas pu être assurée correctement –, de respect – l’anxiété était forte chez les élèves et les enseignants devant tant d’incertitude. Le conseiller remercia, le ministre prendrait sa décision. Seul. C’est sûr. Enfin, presque seul.
Que « littératurer », c’est apprendre à vivre
Le but de notre carrière, c’est la vie. C’est l’objet nécessaire de notre visée : si elle nous effraie, comment est-il possible d’aller un pas en avant, sans fièvre ?
Le but de notre carrière, c’est d’aider les élèves à penser leur vie, par le détour des auteurs qui, leur offrant leurs mots, les aident à trouver et poser leur parole.
Le but de notre carrière, c’est de penser ensemble, nous réunir pour partager nos espoirs et nos doutes, nos réussites et nos échecs, et affirmer sans relâche que collectivement nous faisons et pensons mieux que seuls.
Le but d’une association, c’est de travailler dans la durée, c’est d’inscrire les fertiles bouillonnements dans le temps de la réflexion, c’est de coordonner et organiser les rhizomes des mouvements spontanés. C’est le but de l’AFEF. Partageons nos forces, soyons puissants ensemble !
P.S. Devise de confinement
Tiens-toi, voilà ce que je dis toujours, advienne que pourra, tiens-toi. Que peut-on faire ? Du matin au soir. Jour après jour. Le vieux style. Oh les beaux jours de bonheur.
Viviane Youx, présidente de l’AFEF
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