Noms composés : un singulier et un pluriel… logiques !


Chronique de Romain Muller sur les rectifications orthographiques

 

Dans les noms composés (avec trait d'union) du type pèse-lettre (verbe + nom) ou sans-abri (préposition + nom), le second élément prend la marque du pluriel seulement et toujours lorsque le mot est au pluriel..

Des mots comme prie-Dieu (à cause de la majuscule) ou trompe-la-mort (à cause de l’article) restent invariables.

 

Ainsi donc, en nouvelle orthographe, on a des séries tout à fait régulières pour ce type de mots :

  • un allume-cigare, des allume-cigares
  • un après-midi, des après-midis
  • un compte-goutte, des compte-gouttes
  • un vide-ordure, des vide-ordures

« Régulières » ? À la vue de la nouvelle règle, il ne fait aucun doute que plus d’un se sera écrié : « Écrire un compte-goutte ou un sèche-cheveu sans s, ce n’est pas une simplification, c’est complètement illogique ! » Réaction sans doute très humaine et… très révélatrice.

Révélatrice d’abord parce que, face à ces cas apparemment peu logiques à première vue, nous oublions que l’ancienne orthographe était d’une complexité incroyable : selon les anciennes règles, on devait écrire un cure-dent (sans s) mais un cure-ongles (avec s) — et ce n’est qu’un exemple parmi des dizaines d’autres. Cherchez l’erreur…

Mais révélatrice aussi et surtout parce que cette réaction montre à quel point nous nous laissons endoctriner par la norme graphique établie. Lorsque je présente cette nouvelle règle, l’argument selon lequel elle serait « illogique » (et que donc, par là même, elle complique les choses…) m’est systématiquement présenté. Mais personne ne s’est jamais exclamé : « Que c’est illogique d’écrire des sèche-cheveux ! » Pourtant, réfléchissez bien : si l’on suit la « logique » brandie, il faudrait écrire des sèchent-cheveux, ce qui ne s’est jamais fait. Et pour cause : bien que un sèche-cheveu soit composé à l’origine d’une forme verbale et d’un nom, le tout forme un nouveau nom, qui doit respecter les règles habituelles du singulier et du pluriel. Et qui crie à l’illogisme quand on parle d’un gendarme ? Pourtant, les gendarmes d’aujourd’hui ne sont que ceux qu’on appelait autrefois des… gens d’armes.

 

Pour en savoir plus sur la nouvelle orthographe, on peut consulter le site www.orthographe-recommandee.info. Des indications destinées plus spécifiquement aux enseignants sont disponibles sur www.orthographe-recommandee.info/enseignement.

 

 

 

Soumis par   le 25 mai 2011