Pratiques et compétences langagières en contexte d’enseignement supérieur : évolutions, actualités et perspectives


Appel à propositions pour le dossier de La Lettre n°69 de l'AIRDF

(sous la coordination de Priscilla Boyer et Marie-Christine Pollet)

Depuis quelques années, la réflexion autour des pratiques langagières en contexte d’enseignement supérieur et du développement de compétences en ce domaine s’est approfondie. Elle a conduit à une évolution notable : loin des cours de maitrise de la langueintroduits dans le cursus des étudiant.es, on en arrive maintenant à l’élaboration de cours visant la compréhension ou la production de discours contextualisés reflétant et construisant un environnement institutionnel et disciplinaire particulier. Ce changement ne porte pas seulement sur les contenus et les pratiques, c’est aussi - et surtout - un changement de paradigme, qui doit beaucoup à l’émergence du concept de Littéracies universitaires et au déploiement des recherches dans le champ éponyme qu’il a façonné.

À la confluence des Sciences du langage et de la Didactique du français, ce champ décrit et théorise les genres de discours universitaires (Delcambre, 2012; Reuter, 2012), en mettant « l’accent sur les dimensions contextuelles, sociales et culturelles des pratiques de lecture et d’écriture » (Delcambre, 2012 : 29). Plus précisément, il permet de « théoriser ce qui fait la spécificité et la transversalité des pratiques d’écriture à l’université, dans les différents espaces qui constituent cette institution, l’enseignement, la formation à la recherche (master et doctorat) et la recherche elle-même (les pratiques des chercheurs) » (Delcambre et Lahanier-Reuter, 2010 : 28).

Le champ connait à présent des ouvertures non négligeables pour la thématique de notre dossier. Ainsi, la dimension de la formation universitaire, d’abord prégnante, s’est élargie à l’enseignement supérieur au sens large1. De plus, son intérêt, du moins en ce qui concerne l’école française des Littéracies universitaires, s’élargit de l’orientation « recherche » aux questionsd’enseignement qui pourraient en découler (Delcambre et Lahanier-Reuter, ibid.). En outre, si les recherches ont d’abord porté sur la lecture et l’écriture, avec une focale sur le développement des compétences scripturales (e.a. Delcambre, 2012 - Pollet, 2014), une autre évolution marque actuellement le type de compétences, celles-ci s’étendant à toutes les compétences langagières, y compris orales, comme le montrent de récents travaux (e.a. Boyer et al., 2018; Glorieux, 2018). Il reste que la réflexion s’articule autour de la notion des genres discursifs et de leurs observables linguistiques, pour tenter de définir les contours parfois flous des discours de l’enseignement supérieur, mais aussi des discours professionnels (Ronveaux, 2010). On les décrit, on les analyse, on en fait l’inventaire (Messier et Lafontaine, 2016). L’approche par les genres permet d’embrasser leur dimension sociale, notamment en ce qui concerne la situation énonciative, les rapports entre les locuteurs, la question du statut et de l’intention de l’auteur.e et le processus d’auctorialisation. Elle permet aussi de fonder leur apprentissage sur une collaboration entre les spécialistes de la langue et les spécialistes des disciplines, fondant ainsi ce que Reuter a appelé une « didactique des disciplines universitaires » (Reuter, 2012 : 171). L’approche par les genres n’exclut toutefois pas de les appréhender dans leurs dimensions linguistiques, et quelques ouvrages récents développent ce type d’analyses (Tutin et Grossmann, 2015 – Boch et Frier, 2016 – Niwese, Lafont-Terranova, et Jaubert, 2019).

Pour ce numéro de la Lettre de l’AIRDF, nous sollicitons des contributions qui confirmeraient l’évolution des recherches sur les compétences langagières dans l’enseignement supérieur, en montrant de nouveaux objets, de nouveaux genres, de nouvelles analyses et de nouveaux dispositifs d’enseignement-apprentissage. Nous souhaitons des contributions ancrées dans diverscontextes de l’enseignement supérieur et représentant une certaine diversité sur les plans géographique, culturel et institutionnel. Sans du tout exclure, bien entendu, les apports des linguistes et des didacticiens du français dans le cadre de cours estampillés « langue » et/ou « analyse de discours », une attention particulière sera également accordée aux recherches - liées aux compétences langagières des étudiant.es dans leur cadre disciplinaire - émanant d’enseignant.es de matières généralistes, spécialisées ou professionnalisantes.

Echéancier :

- 25.11.20 : envoi de l’appel à contributions
- 10.12.20 : réception d’intentions de contributions
- 18.12.20 : envoi des acceptations/refus/propositions de réorientations
- 08.02.21 : réception des propositions de textes (entre 10000 et 12000 signes espaces compris) - entre le 09.02 et le 28.02.21 : expertises
- 01.03.21: envoi aux auteur.es des acceptations/refus/propositions de modifications
- 31.03.21 : réception des textes définitifs
- mai 2021 : publication

Dans un premier temps, nous attendons donc pour le 10.12.20 vos intentions de contributions , comprenant vos coordonnées, une thématique et un bref descriptif de 6 à 10 lignes.

 

Contact(s) : priscilla.boyer@uqtr.ca | mcpollet@ulb.ac.be

Orientation bibliographique :

Boch, F. et Frier, C. (dir.) (2015). Ecrire dans l’enseignement supérieur. Des apports de la recherche aux outils pédagogiques. Grenoble : Ellug.

Boyer, P., Messier, G., Dumais, C. et Viola, S. (2018). Le profil motivationnel d’étudiants en formation initiale à l’enseignement au Québec au regard du développement de la compétence à communiquer oralement : premiers résultats d’une étude longitudinale. Revue internationale de pédagogie de l’enseignement supérieur. [En ligne], 34 (3), Récupéré dehttp://journals.openedition.org/ripes/1717

Delcambre, I. (2012). De l’utilité de la notion de littéracies pour penser la lecture et l’écriture dans l’enseignement supérieur. Dyptique, 24, 19-35.

Delcambre , I. et Lahanier-Reuter, D. (2010). Les littéracies universitaires. Influence des disciplines et du niveau d’étude dans les pratiques de l’écrit. Diptyque, 18, 11-42.

Glorieux, C. (2018) La communication scientifique aux pairs : un oral saturé d’écrits. Action didactique, 1, 111-129. http://univ-bejaia.dz/pdf/ad1/Glorieux.pdf.

Messier, G., & Lafontaine, L. (2016). Un portrait des stratégies pédagogiques employées par des formateurs universitaires pour enseigner les genres écrits produits par des étudiants en formation à l'enseignement au Québec. Mélanges Crapel: Revue en didactique des langues et sociolinguistique, 37(1), 35-57.

Niwese, M., Lafont-Terranova, J. et Jaubert, M. (dir.) (2019). Ecrire et faire écrire dans l’enseignement postoblgatore. Enjeux, modèles et pratiques innovantes. Lille: Presses universitaires du Septentrion.

Pollet, M.-C. (2014). L’écrit scientifique à l’aune des Littéracies universitaires. Approches théoriques et pratiques. Namur : P.U.N.

Reuter, Y. (2012). Les didactiques et la question des littéracies universitaires. Pratiques, 153-154, 161-176.

Tutin, A. et Grossmann, F. (dir.) (2013). L’écrit scientifique : du lexique au disocurs. Autour de Scientext. Rennes : Presses universitaires de Rennes.

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1 Pour préciser ce que l’on entend par « enseignement supérieur au sens large », nous pourrions nous référer à la caractérisation que Niwese, Lafont-Terranova et Jaubert donnent de ce qu’ils.elles appellent l’enseignement « postobligatoire » : envisageant « l’enseignement-apprentissage de l’écriture au-delà des seuls contextes scolaires » , ils.elles proposent de couvrir « un champ plus large, intégrant les formations continues, universitaires et professionnelles » (2019 : 20).

Soumis par   le 07 Décembre 2020