Motion de l'Association des Sciences du Langage (ASL)
L’ASL réunie en assemblée générale le 31 janvier 2009 proteste contre la réforme de la formation et du recrutement des enseignants.
Elle exige que soit revu le projet de concours de recrutement de professeurs des écoles car il ne permet pas de s’assurer de façon systématique et fiable que les futurs enseignants possèdent bien les compétences et les savoirs nécessaires pour enseigner le français.
Voté à l’unanimité
Le 31 janvier 2009
Lettre à Mme Bonnafous et Monsieur Fontenille
Le 21 mars 2009
Chère collègue, cher collègue,
La lecture du communiqué récemment publié par le CA de la CPU (17/03/09) a provoqué une vive inquiétude chez tous ceux qui se soucient de l'enseignement de la langue française. Un passage de ce communiqué (ce seraient « les concours des professeurs des lycées et collèges qui (…) pose(raie)nt les problèmes majeurs ») semble indiquer que la CPU n'a pas identifié les graves défauts du projet ministériel pour ce qui touche au futur CRPE et plus précisément à la place du français dans ce concours, et donc – à terme – à celle de l'enseignement du français à l'école primaire.
Voici ce dont il s'agit. Tel qu'il se donne à lire actuellement, le projet ministériel prévoit que le nouveau concours de recrutement des professeurs des écoles – même différé d’un an, d’après les toutes dernières propositions du ministre de l’éducation nationale – ne comporte plus d'épreuve de français. En lieu et place d’une telle épreuve, celle qui est proposée porterait à la fois sur la littérature, l'histoire, la géographie, l'éducation civique, la morale et l'histoire des arts… A quoi s'ajouteraient quelques questions de grammaire, aux contours imprécis, dont on imagine bien ce qu’elles pourraient recouvrir à l’aune des dernières modifications du programme de français de l’école élémentaire. Autrement dit, une telle épreuve où – au mieux – le français serait fortement dilué, et qui – au pire – n'évaluerait pas spécifiquement les compétences des étudiants à l’enseigner, ni même vraiment leurs savoirs grammaticaux et littéraires, aurait deux conséquences sur lesquelles nous attirons votre attention :
- l'État employeur prendrait le risque de recruter comme professeurs des écoles des étudiants qui n'auraient que des connaissances triviales dans des domaines aussi cruciaux que le développement langagier des jeunes enfants ou l'enseignement de la lecture. Et comme le concours est ouvert à tout titulaire d'un master, rien ne garantirait que les professeurs recrutés aient acquis ces savoirs en amont, puisque le concours ne le vérifierait plus.
- le professorat des écoles est actuellement un débouché professionnel notable pour des étudiants qui ont fait des études de linguistique – ou de lettres, plus généralement – comme l'atteste le nombre assez important de lauréats issus de ces cursus. Ces étudiants sont de bons candidats au concours de recrutement, puisque les connaissances dans ce domaine sont vérifiées. Si ce n'était plus le cas, ce débouché serait moins assuré, ce qui aurait pour effet de tarir les flux d'étudiants s'engageant dans ce type d'études.
Nous vous envoyons en fichier joint la lettre ouverte qui a été adressée à M. Darcos à ce sujet dès le mois de décembre pour signaler notre opposition au projet de concours de recrutement des professeurs des écoles. Cette lettre a été signée par 200 collègues enseignant dans les UFR et les IUFM, formateurs préparant aux concours de recrutement et enseignants-chercheurs appartenant aux sections 7, 8, 9, 10, 70 et 71 du CNU. Nous vous joignons également une motion allant dans le même sens qui émane de l’Association des Sciences du Langage.
Nous espérons vivement que le malentendu sera dissipé et que la CPU affirmera sa volonté de défendre un concours des professeurs des écoles qui garantisse la qualité du recrutement, s'agissant notamment des connaissances exigibles des candidats en matière linguistique et dans le domaine des acquisitions langagières de l'enfant.
Bien cordialement,
Premiers signataires :
Michel Arrivé (PU émérite Paris 10, ancien pdt de la 7ème section du CNU), Jacqueline Authier (PU émérite Paris 3, Sciences du langage), Jean Azéma (MCF Toulouse 2, Sciences du langage), Jeanne-Marie Barbéris (PU émérite Montpellier 3, Sciences du langage), Michel Bernard (PU Paris 3, Littérature française), Annie Bertin (PU Paris 10, 7e section du CNU), Gabriel Bergounioux (PU Orléans, Sciences du langage), Olivier Bonami (MCF Paris 4, 7e section du CNU), Aziza Boucherit (MCF Paris 5, Sciences du langage), Josiane Boutet (IUFM/Paris 4, Sciences du langage), Claudie Bouyon (MCF Montpellier 3, Sciences du langage), Sonia Branca-Rosoff (PU Paris 3, Sciences du langage), Jacques Bres (PU Montpellier 3, 7e section du CNU), Anne Carlier-Heremans (MCF Valenciennes, 7e section du CNU), Andrée Chauvin-Vileno (PU Besançon, Sciences du langage), Danièle Cogis (MCF IUFM/Paris 4, Sciences du langage), Jacques David (MCF IUFM/Cergy-Pontoise, Sciences du langage), Denis Delaplace (MCF IUFM/Reims, Sciences du langage), Pierre Dumont (PU Antilles-Guyane, 7e section du CNU), Olivier Dezellus (MCF Lyon 1, Marie-Laure Elalouf (PU IUFM/Cergy-Pontoise, Sciences du langage), Pierre Fiala (MCF Paris 12, Sciences du langage), Florentina Fredet (MCF Paris 3, Sciences du langage), Luca Greco (MCF Paris 3, Sciences du langage), Jean-Baptiste Guignard (MCF ITC Compiègne, Sciences du langage), Isabelle Guinamard (MCF Lyon 2, Sciences de l’éducation), Marie-Pierre Gündüz (MCF Paris 4, 7e section du CNU), Nathalie Griton (PRAG Paris 3, Latin), Sophie Houdard (PU Paris 3, Littérature française), Christian Hudelot (DR, Pdt 34e section CNRS), Jean-François Jeandillou (PU Paris 10, Sciences du langage), Harriet Jisa (PU Lyon 2, 7e section du CNU), Isabelle Laborde-Milaa (MCF Paris 12, 7e section du CNU), Daniel Lebaud (PU Besançon, Sciences du langage), Odile Le Guern (MCF Lyon 2, 7e section du CNU), Alain Lemaréchal (PU Paris 4, pdt de la 7e section du CNU), Martine Marquillo-Larruy (MCF Poitiers, assesseure de la 7e section du CNU), Caroline Masseron (PU Metz, Sciences du langage), Christiane Morinet (MCF Paris 3, Sciences du langage), Cécile Narjoux (MCF Dijon, 7e section du CNU), Franck Neveu (PU Caen, 7e section du CNU), Claudine Olivier (MCF Lyon 3, vice-pdte de la 7e section du CNU), Béatrice Osmont (MCF IUFM/Université d’Artois, Sciences du langage), Louis Panier (PU Lyon 2, 7e section du CNU), Sylvain Patri (PU Pyon 2, Sciences du langage), Sylvie Plane (IUFM/Paris 4, 7e section du CNU), Thierry Ponchon (MCF IUFM/Reims, 7e section du CNU), Henri Portine (PU Bordeaux 3, 7e section du CNU), Christian Puech (PU Paris 3, Sciences du langage), Gilbert Puech (PU Lyon 2, Sciences du langage), Georges Rebuschi (PU Paris 3, Sciences du langage), Alain Rouveret (PU Paris 7, vice-pdt de la 7e section du CNU), Mireille Ruppli (MCF Reims, 7e section du CNU), Dan Savatovsky (PU Dijon, 7e section du CNU), Gilles Siouffi (MCF Montpellier 3, 7e section du CNU), Michèle Verdelhan (PU Montpellier 3, Sciences du langage), Martine Vertalier (MCF Paris 3, Sciences du langage), Béatrice Turpin (MCF Cergy-Pontoise, Sciences du langage).
Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de l'Education Nationale
Monsieur le Ministre,
Voici ce dont il s’agit. Le texte cadre qui nous a été transmis laisse ouverte la possibilité que les aptitudes à enseigner le français des candidats qui se présentent au concours de professeur des écoles ne soient pas systématiquement vérifiées par une épreuve spécifique. En effet, tel qu’il se donne à lire actuellement, le projet de concours envisage que la première épreuve écrite puisse porter soit sur la littérature, soit sur l’histoire, soit sur la géographie, soit sur l’histoire des arts, soit sur l’éducation civique et morale. Autrement dit, cette épreuve pourrait ne pas porter sur le domaine de l’enseignement du français : dans ce cas l’épreuve écrite permettrait juste de vérifier que le candidat maîtrise lui-même la langue française – ce qu’on est en droit d’attendre de tout étudiant de master quel que soit son secteur d’étude – mais n’informerait en rien sur la capacité de ce candidat à disposer des connaissances relatives à la lecture, l’écriture, l’expression orale, l’orthographe. La présence de questions de grammaire ou de vocabulaire complétant l’épreuve paraît insuffisante pour juger de la présence chez les candidats des connaissances disciplinaires nécessaires à l’enseignement du français à l’école primaire.
Il nous semble paradoxal qu’à une époque où l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, du langage a été défini comme une priorité, la première du socle commun de connaissances et de compétences, on puisse prendre le risque de recruter des professeurs des écoles sans s’être assuré que chacun d’entre eux détient les connaissances nécessaires pour assurer efficacement cet enseignement.
En espérant que vous voudrez bien lever ce malentendu et nous rassurer, nous vous adressons, Monsieur le Ministre, l’expression de notre profond dévouement.
200 premiers signataires
Michèle AQUIEN, Professeur des Universités en stylistique à l'université de Paris 12-Val de Marne
Michel Ballabriga, Professeur des universités, Université de Toulouse-Le Mirail
Jeanne-Marie Barbéris, Professeur des universités, Université Paul Valéry-Montpellier 3
Christine BARRÉ DE MINIAC, Professeur des universités, IUFM de Grenoble
Michèle Bonnet, Professeur des universités en littérature américaine Université de Franche-Comté
Gabriel Bergounioux, Professeur des universités, sciences du langage, Université d'Orléans
Jean-Paul Bernié, Professeur des Universités émérite, Sciences du Langage, Université Bordeaux II
Nicole BIAGIOLI Professeur des universités, langue et littérature française, université de Nice Sophia Antipolis
Michel Billières, Professeur des universités, Responsable du Master Professionnel “Apprentissage/Didactique du français langue étrangère et seconde”, Université de Toulouse-Le Mirail
Mireille Bilger, Professeur des universités en Linguistique, Université de Perpignan-Via-Domitia
Philippe BLANCHET, Professeur des Universités, Université de Haute Bretagne
Jacques BRES, Professeur des Universités, Sciences du langage, Université Paul Valéry Montpellier III
Dominique Bucheton Professeur des Universités, Sciences du langage IUFM de Montpellier
Sylvie Crinquand, Professeur de littérature anglaise Directrice de l'EA 4182: texte image langage UFR Langues et communication. Dijon
Bertrand Daunay Professeur des universités, Sciences de l'éducation, Université Lille 3
Paul DEMONT Professeur des universités, Institut de Grec – Université Paris Sorbonne
Marie-Laure Elalouf, Professeur des universités, Sciences du langage, Université de Cergy-Pontoise-IUFM de l'académie de Versailles
Danièle Flament-Boistrandourt, Professeur des universités en sciences du langage, Université Paris Ouest-Nanterre La Défense
Laurent Fourcaut Professeur des Universités, littérature française. Paris4-Sorbonne-IUFM de Paris
Frédéric FRANCOIS, professeur des Universités émérite, sciences du langage, Université Paris V
Françoise GADET, Professeur des universités, Sciences du langage, Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Claudine GARCIA-DEBANC, Professeur des universités, Sciences du langage, Université Toulouse le Mirail
Ghislaine Haas, professeur d'université Honoraire, Université de Bourgogne - IUFM de Bourgogne
Christian HUDELOT, Directeur de Recherche au CNRS UMR MoDyCo CNRS Paris Descartes et Paris Ouest Nanterre La Défense - Président de la Section 34 Langues, langage, discours du CNRS -Président de l'Association des Sciences du Langage (ASL)
Martine Jaubert, Professeur des universités, Sciences du Langage IUFM d'Aquitaine
Daniel LEBAUD, Professeur des universités, Sciences du langage, UFR SLHS Université de Franche-comté, Besançon
Patrick LOUIS, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3 Député au parlement Européen -Conseiller Communautaire du Grand Lyon
Danièle Manesse, Professeur des Universités en sciences du langage, DIFLE Université Paris3-Sorbonne nouvelle
Bruno MAURER, Professeur des Universités en Sciences du langage, Montpellier III
Caroline Masseron, Professeur des Universités en Sciences du langage, Université Paul Verlaine de Metz
Christiane Morinet, Professeur Université Paris III
Colette NOYAU, Professeur des Universités en Sciences du Langage, Université Paris Ouest Nanterre La Défense
André Petitjean, Professeur des Universités, université P. Verlaine Metz
Sylvie PLANE, Professeur des Universités, Sciences du langage, Université Paris-Sorbonne –IUFM de Paris
Alain Rabatel, Professeur des universités en Sciences du Langage, Université Lyon 1
Joëlle Réthoré, Professeur émérite Faculté des Lettres et Sciences Humaines Université de Perpignan
Jean-Louis Rougé, Professeur des Universités en Sciences du langage, Université d'Orléans
Catherine Tauveron, Professeur des Universités, langue et littérature françaises Université de Bretagne Ouest
Michèle Verdelhan, Professeur des universités, Université Paul Valéry-Montpellier III
Georges Daniel VERONIQUE, Professeur des Universités Université Aix-Marseille 1
Jean-Marie Viprey Professeur des Universités en Linguistique Française(CNU-9), Besançon
Bernard ANTHELME, Maître de conférences (Sciences) retraité - Université de Perpignan
Cécile Avezard-Roger Maître de conférences "Didactique du français, enseignement de la grammaire" Université d'Artois - IUFM Nord-Pas de Calais
- Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire