Compte-rendu AFEF - Le Rendez-vous des Lettres 2016 – 28-29 novembre – BnF Paris


Les métamorphoses de l’apprentissage et de la transmission : culture antique, culture numérique, d’une Renaissance à l’autre

Les métamorphoses de l’apprentissage et de la transmission : culture antique, culture numérique, d’une Renaissance à l’autre

Le Rendez-vous des Lettres 2016 – 28-29 novembre – BnF Paris

 

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L'édition 2016 du Rendez-vous des Lettres avait pour objet d'examiner la transmission des langues et cultures de l'Antiquité à l'heure du numérique. L'ensemble des travaux sera présenté sur Eduscol sous forme d'actes et de vidéos. Le compte-rendu que nous vous proposons est forcément partiel, vu l'abondance ;  son but est surtout de mettre l'accent sur quelques points saillants. 

Vous trouverez aussi sur Eduscol :
- le programme de l'édition 2016 
- la brochure de présentation des expériences pédagogiques présentées.

Quelques extraits du compte-rendu : 

Transmettre la littérature : Hélène Merlin-Kajman, professeure de littérature française à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3

Transmettre de la littérature, c’est d’abord et avant tout partager des textes sur un mode littéraire, les transmettre comme littéraires. Partager les textes en littérature c’est les partager en laissant flotter, en mettant à disposition les savoirs qu’on a pour laisser le choix, ouvrir les possibilités, dans un jeu créatif et collectif. Séparer un objet littéraire d’un sujet prive de ce qui de la littérature fait lien. Partager un texte comme littérature n’est pas en faire un texte militant, ou de savoir. Mais tous les textes littéraires ne valent pas la même chose. Les textes les plus littéraires sont ceux qui permettent un plaisir en ouvrant les possibilités, l’esprit critique. Si les connaissances peuvent être enseignées, c’est quand elles sont mises au service d’indéterminations heureuses. Le partage littéraire c’est ce qui les desserre, les aide à jouer.

L’œuvre littéraire patrimoniale et ses objets sémiotiques secondaires : Brigitte Louichon, professeure des universités, Faculté d’Éducation – Université Montpellier 2

Le terme d’œuvre patrimoniale, introduit récemment dans l’enseignement à un moment réactionnaire de l’histoire des programmes, est entré depuis dans le champ didactique. Le patrimoine c’est du « passé présent », c’est une production passée et une réception présente. La présence des œuvres est la preuve de la patrimonialitédes œuvres, elle la construit, c’est beaucoup plus une question de réception que de production. L’œuvre est présente par le biais d’un objet concret, présent, actuel, un Objet Sémiotique Secondaire (OSS)[1] ; les OSS contemporains sont les preuves de la patrimonialité effective de l’œuvre. Une œuvre patrimoniale, c’est un texte plus des OSS, par exemple : « parler des livres qu’on n’a pas lus », « relire les classiques », « le nuage de discours ». Le numérique permet la production d’OSS, et favorise l’appropriation, l’actualisation, il élargit la communauté interprétative. Mais actuellement on y travaille moins sur la réception de ces OSS, notamment par les textes de lecteurs des œuvres. Le dialogue entre œuvres et OSS, entre OSS eux-mêmes, mériterait d’être travaillé dans les classes pour une « culture littéraire vivante et organisée »

 

Conférence de clôture

Vers une recherche et développement de la société apprenanteFrançois Taddei, directeur du Centre de recherches interdisciplinaires (CRI) à l’université Paris Descartes

Que les jeunes soient auteurs, acteurs, lecteurs fait partie des choses que nous devons développer, il y a aujourd’hui une co-élaboration de bonnes pratiques ; nous sommes en train de vivre cette transition numérique que chacun vit et s’approprie ; les jeunes ont besoin d’être accompagnés. Si on n’est pas en train de former les jeunes à la potentialité des outils pour le meilleur et pour le pire, on renforce les inégalités. Le numérique fait progresser les élèves de manière très inégale, les progrès sont corrélés au nombre de livres qu’ils ont à la maison. Nous avons besoin de réfléchir à l’accompagnement des plus jeunes, notamment pour ceux qui ont le plus besoin de l’école car ils n’ont pas l’aide à la maison. Chacun d’entre nous doit travailler plus sur la critique constructive et transmettre cette valeur à nos élèves. Plutôt que de mettre nos élèves en compétition sur les savoirs d’hier, il s’agit de les mettre en collaboration pour construire les savoirs de demain. Il faut savoir s’appuyer sur des épaules de géant, au niveau des classes et du système éducatif, en s’adossant aux disciplines et aux forces des disciplines.

Aujourd’hui l’information est partout mais les jeunes ont besoin de mentors bienveillants (cf. Humboldt). C’est à chacun de bien définir ce concept de mentor bienveillant. Ces capacités à coopérer et communiquer de manière créative sont des attributs que nous cherchons à développer chez chacun d’entre nous et chez nos élèves.

La « société apprenante » est une société dans laquelle quand quelqu’un a appris quelque chose, quelqu’un d’autre va pouvoir l’apprendre plus facilement ; si l’on est capable de documenter et partager ce qu’on a fait, on constitue la société apprenante. Les technologies peuvent être des moyens de développement ou des outils de contrainte. On doit apprendre à avoir un regard critique sur les outils. Tous doivent pouvoir contribuer à la société apprenante. Les tiers lieux sont des lieux autres que institutionnels (éducatifs, professionnels, familiaux), ce sont des lieux ouverts à tous (ex. es fablab) où on peut ensemble co-construire quelque chose. Cette notion de tiers lieu est une notion importante de la société apprenante, car individuellement les gens ne peuvent pas élaborer autant que collectivement. Les plateformes numériques peuvent être des tiers lieux où on va s’appuyer systématiquement sur les résultats de la recherche.

La critique constructive est indispensable sur le fond et sur la forme. Comment arriver à construire des plateformes qui amènent l’ensemble des individus à progresser sans rabaisser personne ? Certains environnements ont su créer des outils qui aident à co-construire, élaborer une réflexion collective dans laquelle les questions les plus pertinentes servent à chercher ensemble. Beaucoup de données existent, on pourrait s’en servir pour faire progresser la recherche et aider les élèves dans leurs apprentissages. Alors qu’on dépasse 7% du budget de l’État dans l’éducation, on est loin de mobiliser le même pourcentage pour faire de la recherche pour faire progresser chaque élève. Cette volonté de faire progresser les élèves doit conduire à former les enseignants à participer à la co-élaboration de pratiques. Le prérapport d’une mission confiée par la ministre sera rendu fin décembre, puis mis en ligne pour que l’ensemble de la communauté puisse réagir.  

À une question posée sur les « bonnes pratiques », FT répond que tout n’est pas transposable, ce qui est transposable, ce ne sont pas les pratiques, mais des pratiques en commun de chercher collectivement comment progresser ; c’est de considérer chaque enseignant comme un chercheur qui permet de progresser. Les gens peuvent alors plus facilement s’impliquer dans la dynamique et s’approprier les moyens de progresser et faire progresser.

La volonté de généraliser est la plus difficile, nous avons des êtres humains qui ont chacun leur spécificité ; mais la difficulté à généraliser n’empêche pas la mutualisation ; un enseignant peut s’informer sur un objet proche de ses besoins et trouver ce dont il a besoin ; les médecins posent un diagnostic et donnent un médicament qui n’est pas le même pour tous. Il y a des effets établissement qui fonctionnent, et ce sont des établissements où les gens se parlent ; c’est en les accompagnant de manière bienveillante que l’on peut les amener à se parler et à collaborer. Chaque territoire peut se poser des questions qui ont en commun un besoin de co-élaboration.

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Soumis par   le 03 Décembre 2016