Compte-rendu de Journée d'étude : Méthodologie de collecte des données en Français sur Objectif Spécifique


Journée d'étude 22 mars 2013 - Lyon

 

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Journée d'étude : Méthodologie de collecte des données
en Français sur Objectif Spécifique - le 22 mars 2013

   
 
 

 

 

L’AFEF s’est rendue à  la Journée d'étude Co-organisée par le Centre de langue française (Chambre de commerce et d'industrie de région Paris Ile-de-France), l'Université Lumière Lyon 2, le laboratoire LIDILEM EA 609 (UFR LLASIC – Université Stendhal Grenoble 3) et le laboratoire ICAR UMR 5191 (Université Lumière Lyon 2). Laura Abou-Haidar, coorganisatrice a bien voulu nous faire parvenir ces deux documents :

 

-       Le PowerPoint du professeur Robert Bouchard, synthèse de la journée

-       Le notes (personnelles et donc à considérer comme telles) prises toute au long de la journée par le Dr Philippe Vélard.

PROGRAMME :

 

1re PARTIE :

1 - Session d'ouverture"Les degrés de combinaison entre langage et action : impacts sur la collecte des données"de Chantal Parpette (Université Lumière - Lyon 2) etCécile Médina-Jaouen (Université de Bretagne Occidentale)
2 - Session 1"Les stratégies de collecte des données : aspects institutionnels et déontologiques" deCatherine Carras (Université Stendhal - Grenoble3) etCaroline Mrax (Cédille Formations FLE)


3 - Session 2"La dimension technique de la collecte de données" de   Jean-Marc Mangiante (Université d'Artois) etStéphane Marquet (DSL - Université Lumière-Lyon2)

 

 

2nd PARTIE :
4 - Session 3"Typologie des données en didactique du FOS" de   Laura Abou Haidar (Université Stendhal Grenoble3) etJulie Stauber (Université Lumière Lyon2)


5 - Session 4"Des données aux supports de formation FOS" deDominique Frin (CCIP) etJean-Marc Mangiante (Université d'Artois)


6 - Session de clôture"Témoignages à postériori" de  Robert Bouchard (Professeur émérite, Université Lumière-Lyon2)

 

Notes du Docteur Philippe VELARD

 

 

 
 
           
 

La collecte des données en FOS est très fortement conditionnée par l'implication du contexte dans le discours, à travers 3 dimensions :

l'objet
l'espace
le temps


Schématiquement, la situation se trouve entre deux pôles extrêmes:

1 - Le langage est fortement inscrit dans l'action

Dans cette situation, les discours n'ont pas d'autonomie hors du contexte. S'il n'y a pas d'information sur ce que les acteurs sont en train de faire, le discours n'a aucune signification en lui-même.
Ex 1: La fouille en archéologie. Tout ce que disent les archéologues est lié aux objets qu'ils ont entre les mains
Ex 2 : Le réparateur de moteur de voiture.

2 - Tout est langagier

Le discours se suffit par lui-même. C'est le cas des journalistes ou des enseignants. On peut faire des captations de collecte du discours qui recouvrent effectivement tout les champs d'action.
Mais dans ce cas, on n'a aucune autre ressource facilitante par le contexte pour expliquer la dimension langagière.

   L'implication de l'objetdans le discours ne pose généralement pas de problème lorsqu'on peut le photographier.
    En revanche, l'espace peut être plus ou moins large, voire éclaté et le saisir est beaucoup plus problématique.
 Enfinle temps, pose aussi le problème de savoir quand commence un discours en situation professionnelle, et il est
      souvent chargé d'implicites et de vécus partagés, tant avant que pendant et après.

L'exemple pris à été celui de la question de la représentation des lieux dans le BTP.

Vinci voulait créer un espace de formation pour ses ouvriers.
Dans le discours, il y a en permanence une opposition de l'image du bâtiment tel qu'il est, en cours de construction et tel qu'il sera, à la fin des travaux puis à la livraison. On parle à l'instant T mais aussi en se projetant dans l'objet tel qu'il doit être livré
Dans le domaine des travaux publics, l'espace est morcelé et de façon variable dans le temps. Se pose le problème de l'éloignement avec des possibilités de "zones de rupture" et des personnes qui doivent interagir, mais qui ne sont plus forcement visibles.

Le cas extrême est représenté par celui du grutier. Il s'agit du chef d'orchestre, celui qui fait accélérer ou ralentir les manœuvres, car il peut toujours vous voir et dire qu'il vous regarde. Il peut faire un avertissement sonore pour vous dire où il va amener sa flèche pour descendre un objet ("faire pisser la grue"- expression spécifique du terrain des chantiers).
Mais c'est aussi le plus dangereux car silencieux et invisible.
Pour communiquer avec le grutier, on parle par talkie-walkie ou à l'aide de gestes codifiés. On lui parle et le grutier agit. La communication peut également être verbale-verbale avec une réponse gestuelle.

Dans la majeure partie des cas, les espaces de communication sur le chantier correspondent à des espaces confinés. telle une boite d'accroche, avec une zone de travail très restreinte et un collaboration sur des zones précises. Pendant ces phases de travail, on ne parle pas, sauf en cas de problème, mais ces manœuvres nécessitent préalablement un temps de préparation très long.

Il y a aussi le cas d'une action en plusieurs lieux et en plusieurs temps. Les ouvriers réalisent plusieurs tâches avec des liens contextuels communs mais à des temps différents.

 Un autre aspect du temps doit être considéré, en termes de durée.
Par ex. on désire enregistrer à titre d'information un cours dans un amphi. Mais que fait-on d'un enregistrement de 2h15 dans un cours de Fle ?
 Doit être aussi considéré le problème du "bon moment",  notamment lorsque l'on a loupé l'avant, c'est à dire le moment qui donne du sens au moment présent.
On ne peut donc pas travailler uniquement sur des données existantes et il faut y adjoindre des données sollicitées.

Avec les données sollicitées, on passe d'un discours EN ACTION
à un langage SUR L'ACTION.


Le travail d'élaboration en FOS est une combinaison de ces deux langages.
Ex vidéo de langage sur l'action en laboratoire : "On va réaliser beaucoup de dosages de précision avec des pipettes telles que celles-ci ..." On est en situation d'interview qui donne des explications sur l'action à effectuer.

Un travail en collaboration avec Jean-Marc Mangiante en 2004 insistait déjà sur le fait qu'un programme FOS doit s'appuyer sur une combinaison de discours, nécessaire voire indispensable.

En effet, on est souvent confronté à un problème important lorsqu'il s'agit d'introduire un contexte en classe, y compris lorsqu'il s'agit de films car on est très dépendant du temps et de l'espace. Pour le temps, il faut aussi pouvoir rapprocher la durée des données avec celles utilisables en classe.
Il faut donc repenser la grande notion du document authentique oral ou vidéo et le problème de son utilisation en classe est d'ailleurs loin être résolu.

D'une part le FOS est le lieu par excellence du document authentique. Cependant comme nous l'avons vu, le transfert en classe de langue de ce type de document peut poser de nombreux problèmes. On est donc fréquemment contraint de produire des discours faux pour des questions de lieux et de temps lors d'une formation intégrée sur le milieu de travail.

Par ailleurs, il est très difficile de collecter des discours EN ACTION, le plus souvent, bien qu'il soit plus explicite. On a donc recours à des discours SUR L'ACTION, ce qui peut être frustrant et ce qui n'assure pas une maitrise du discours en action. Il faut donc une combinaison obligatoire.

Comment faire pour former l'enseignant de terrain pour adapter au mieux le problème de durée ?


Le FOS collecte des données et implique ensuite un important travail de tri en fonction de la programmation qui a été faite, avant d'envisager la phase d'élaboration didactique.
Le discours SUR l'action est intéressant dans la mesure où il correspond au discours que l'on pourrait tenir à un apprenti. Il s'agit d'un compagnonnage.
Pour en percevoir l'intérêt et la portée, le professeur doit participer à l'action, prendre par exemple la place du commis en restauration.

L'un des avantages de cette collecte de données, c'est que lorsqu'on rentre dans un espace professionnel dont on ignore tout, on est en général bien accueilli.
 

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2 - Session 1 - "Les stratégies de collecte des données :
aspects institutionnels et déontologiques"

   
 

A - Dimension institutionnelle de la collecte des données

1 - La première étape est de contacter l'institution et de surtout trouver "la porte d'entrée" pour le faire, c'est à dire d'obtenir un contact qui va effectivement vous "ouvrir les portes" et faire en sorte que votre demande soit considérée.

2 - Cela implique de créer des liens avec les acteurs de l'institution et cela passe souvent par des liens individuels.

3 - Cela passe nécessairement aussi par une phase d'explication de la démarche. En effet, il y a beaucoup d'institutions qui sont sensibilisées à la nécessité de former leur personnel, mais il faut aussi expliquer que nous travaillons avec des discours de la profession en action, et pourquoi.

4 - Il est nécessaire également de parfaitement définir dès le départ les rôles de chacun des acteurs. Filmer ne suffit pas en soit. Il faut donc savoir ce que chacun est prêt à faire et jusqu'où ils sont d'accord pour participer

5 - Enfin intervient une phase de négociations concernant le type de données accessible, les questions de confidentialité etc. ...

Ensuite seulement pourra commencer la collecte des données

Il y a différents cas de figure:

1- L'institution est explicitement demandeuse de la formation

On pourrait penser que c'est le cas le plus favorable mais ce n'est pas toujours le cas car interviennent souvent des problèmes de confidentialité des données, des aspects déontologiques et une méconnaissance et incompréhension de la démarche FOS.

2 - L'institution n'est pas explicitement demandeuse

3 - L'institution est le lieu d'application de la formation mais n'est pas explicitement demandeuse.


1- Institution demandeuse

Ex des conducteurs des trains et des contrôleurs de la Deutsche Bahn pour le trajet Paris - Frankfurt. L'accès aux situations de terrain a été facilité par l'institution mais avec des limitations explicites :
- interdiction de filmer à bord
- les textes des annonces faites à bord devait rester la propriété exclusive de la compagnie
- interdiction formelle de filmer des passagers.

Dans un second temps cependant, il y a eu quelques dérogations et la formatrice a pu filmer dans la cabine du conducteur (ce qui en soi est surprenant !) et a eu accès à un certains nombres d'échanges pour en faire des transcriptions. Il était important de saisir le discours des conducteurs et des régulateurs, celui-ci étant spécifique, le conducteur n'étant pas désigner par son nom par exemple mais par le numéro du train et chacun de ses propos étant ponctué par une répétition pour s'assurer que l'information avait bien été reçue.

2 - L'institution n'est pas explicitement demandeuse

Ex. de l'ile de Cozumel au Mexique, aux eaux cristallines, propices à la plongée sous-marine, le tourisme et en particulier la plongée étant la principale ressource de l'île.
Sur cette île, l'Alliance Française dispense des cours de français avec un public demandeur à titre individuel de discours sur la plongée.

La formatrice s'est mise "dans la peau du client" et a pu référencer les échanges, mais n'a pas pu filmer car non seulement elle ne disposait pas du matériel nécessaire pour faire un film, et encore moins en plongée, mais le moniteur était hispanophone et il aurait fallu une tierce personne pour recueillir les données. Elle a donc utilisé des vidéos Ytube. De toute façon, en plongée, on parle avant, après, mis pas pendant !

3 - L'institution lieu d'application de la formation

L'exemple en est le FLP, formations à destination d'étudiants non francophones.
Dans les instituts de formation, il y a un cloisonnement entre les filières d'études données et les formations en langues. Or, pour que la formation soit efficace et adaptée, il faut un contact avec les enseignants des disciplines concernées et savoir leur donner des explications pour la démarche en langue.

L'expérience montre que si le contact ne se fait pas au plus haut niveau, cela oblige de créer des liens personnels individuels et très directs, car les profs peuvent "être intéressés" par la démarche, mais ils n'y répondront pas forcément.


Ex d'une île-hôtel aux Maldives.
Le cours de français y est très isolé, avec très peu de contacts avec les autres chargés de formation de spécialité professionnelle. Cela tenait en fait à des raisons essentiellement commerciales. Il s'agit d'un hôtel de luxe supérieur et il était hors de question de filmer une quelconque situation avec un client. Les stagiaires ne pouvaient pas montrer qu'ils étaient en formation et dans ce cas, il n'y a eu aucune dérogation possible. Le prof de fle n'a pu collecter que le dépliant de l'hôtel en français.

Les problèmes de confidentialité et de méconnaissance voire incompréhension de la démarche d'élaboration d'un programme de FOS ont des conséquences directes sur l'efficacité de celui-ci. et sur le type de données que l'on peut récolter en fonction de l'accessibilité de certains milieux et du temps.


B - Questions de déontologie

se posent les problèmes du :

- droit à l'image
- droit de regard sur l'exploitation
des données
- la confidentialité des données : cela concerne les domaines médical, juridique, l'entreprise et la cuisine, mais potentiellement, tous les domaines professionnels sont touchés par cet aspect.

1 - Le français médical

Les institutions étaient représentée par l'université Claude Bernard Lyon 1 (UCB1) et les hospices de Lyon (HCL). Elles n'étaient pas explicitement demandeuses mais consciente de l'enjeu et collaborative. L'université Lyon 1 à offert tout le support technique et humain (informaticiens, cameraman et photographes)
Les acteurs étaient des CCA (Chef de Clinique assistants), sous l'autorisation du chef de service de la réa Croix-rousse.
L'équipe soignante était "volontairement participative" (dixit - ?) (PH/Internes/Externes/Paramédicaux/administratifs = acteurs + patients réels).

2 - Professions paramédicale

ex: orthoptiste

3 - le Français des professions paramédicales (soins infirmiers et électroradiologie médicale)

Lorsqu'on passe au niveau des paramédicaux, il est indispensable de s'adresser aux supérieurs hiérarchiques, mais aussi aux institutions que sont le directeur du pôle et celui des hospices de Lyon.


C - Le Français des militaires

Ceci correspond à un vrai besoin et un semble-t-il un vrai public.
La question du français pour les militaires remonte aux années 20 avec la parution d'un premier manuel en 1927 afin de rendre plus efficace la communication sur le terrain.
Le ministère des Affaires étrangères à lancé un appel d'offres en 2010, rejoint par l'OIF en 2011, en raison d'une forte demande en Afrique, les pays de ce contient prenant une part croissante de participation à l'ONU et aux différentes organisations internationales.
Actuellement, 21 pays utilisent le N°1 de la méthode "EN AVANT".

Difficultés d'une telle méthode:

1 - Le premier obstacle a été les difficultés d'accès au monde du terrain. La base militaire est impossible à pénétrer.

2 - L'analyse de terrain est irréalisable et la compréhension des objectifs de la démarche est loin des soucis des hommes du terrain, ce qui pose des problèmes pour les possibilités l'analyse des discours oraux.

3 - la dimension hiérarchique : les autorisations doivent transiter par plusieurs voies.

4 - L'utilisation des données des situations professionnelles réelles nécessite des transformations obligatoires pour des raisons diplomatiques.  Les personnages doivent être "atypies" et porter des noms neutres.
Ex : La situation concerne un pays fictif, "Le Cavana". Le Colonel s'appelle "Ya Koubba" et le Lieutenant "Amani Kimpa".
l'objectif des situations est obligatoirement lié au maintien de la paix.

5 - L'utilisation des documents de la toile et de l'actualité médiatique peuvent s'avérer dangereuse. Les références à l'actualité ne sont pas sans risque de discussions enflammées et de problèmes en classe de langue elle-même. La documentation officielle peut-être déontologiquement plus acceptable mais elle doit aussi être utilisée avec prudence.

6 - Ce qui est validé par les militaires ne l'est pas nécessairement par les organisations travaillant avec les militaires ou plus exactement à coté ! Ex: Les militaires souhaitent soigner leur image en étant associés aux ONG. Les ONG, en revanche, ne souhaitent pas être associées aux militaires et conserver leur autonomie.

Au total :

- Dans le cadre militaire, il faut transformer l'authentique en fiction.

- Les cours classiques en "académie militaire" s'avèrent peu efficace car relevant de méthodes de français général.
L'utilisation d'un manuel spécifique suscite une motivation bien plus importante.

- Cependant, le monde militaire est très hétérogène avec une représentation des différents corps de métiers et il reste légitime de se poser la question du public réel auquel on s'adresse.

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3 - Session 2 - "La dimension technique de la collecte de données"

   
 

 

Il y a des implications institutionnelles dans cette dimension et il est possible (voire indispensable) de s'appuyer sur elles en réalisant un cahier des charges précis afin de bénéficier d'une équipe technique. En revanche, pour le prof de FOS isolé, cela pose plus de problèmes pour répondre aux différentes questions qu'il est indispensable de se poser en termes de lieu, mais aussi de temps (Quoi faire avant, pendant et après ?) et de matériel technique (on y va avec quel type de matériel ?).

1 - Périmètre technique

- lors de déplacements en dehors du lieu d'exercice, il s'agit de définir avec précisions le mode de transport des personnes, mais aussi du matériel, et se poser la question des assurances, de l'assistance sociale des personnes, du matériel, du véhicule ...

- Le matériel est-il uniquement dédié à cela ? Où sera-t-il stocké ? ... avec un risque de perte ou de vol de microphones ou disques dur externes par exemple.

- Il faut également définir un lieu de traitement et d'analyse des données collectées : s'agit-il de services communs ou spécifiques ?

2 - La couverture chronologique

Avant : Après les contacts institutionnels, la première étape préliminaire est de se faire accepter sur le terrain sur lequel il faut prendre une position particulière avec un travail d'empathie et d'observation. Il faut savoir accorder du temps à cette phase préparatoire.

Pendant : Il ne faut pas géner le déroulement des tâches professionnelles et choisir le positionnement idéal du matériel

Après : que fait-on ?
Il y a un gros travail de visionnage et de sélection, mais aussi de traitement technique car il faut reformater, redimensionner, stocker et effectuer un traitement de la qualité du son et de l'image.

3 - Préparation du type de matériel

Idéalement, il faut pouvoir utiliser un matériel sans fil, discret et avec des recharges.

Un matériel lourd et imposant peut poser des problèmes avec un effet gênant pour les acteurs. Il risque de modifier les comportements et produire des échanges non naturels. l'expérience montre cependant qu'en général, les gens oublient très rapidement la caméra.

4 - Choisir un espace sécurisé, calme, sans écho, fermé.

 Il faut éviter un milieu en plein air, mais on n'a pas toujours le choix.
Ex: Salle de classe dont les murs sont en briques. La brique renvoie le son et il est très difficile d'atténuer l'écho lors du traitement du son.
pour qu'une salle soit sans écho, il faut que les murs soient tapissés de moquette.

5 - Il faut privilégier un matériel léger, maniable et performant, mais aussi avec un pied car sinon la prise d'image risque de donner la nausée si on bouge trop.

6 - Utiliser un micro multidirectionnel, à intégrer le cas échéant, tel un micro-cravate pour dispositif audio.


Exemples d'enregistrements "en milieux hostiles"

Ex 1 : Film sur un chantier dans le cadre d'une formation sur le problème de sécurité
- il y a un problème de positionnement de la caméra car il faut filmer en action.
- En dehors de la grue qui est silencieuse, tout chantier utilise des engins extrêmement bruyants, avec des bruits de fonds permanents, coups de marteaux, cris des uns et des autres.
Tout cela impose un traitement à posteriori du son et de l'image.

Ex 2 : Enregistrement d'un cours universitaire _ Se pose le problème de l'écho et de la voix qui se perd dans les bruits environnants de la classe (le cahier et manuels mobilisés, les échanges entre apprenant, la toux etc.

Dans une exploitation pédagogique d'un film, il faut s'attacher à faire ressortir le discours cible en le détachant des bruits parasites environnants, mais il n'est pas toujours possible d'effacer ceux-ci.


Au total :

- La partie matérielle est très chronophage surtout dans l'avant et l'après, et pas tant dans le pendant.
- Il est nécessaire de prévoir un investissement en matériel, mais aussi avoir une réflexion sur les outils à utiliser, les espaces et les personnes ressources en considérant les conditions de réalisation de la collecte.
- Un travail d'équipe est indispensable pour effectuer ce travail. Toute démarche FOS le nécessite en fait et une personne seule ne peut pas le faire.
 

ASPECTS TECHNIQUES de la collecte des données.


Ex: Filmage d'un cours en amphi

- 1ère phase : enregistrement d'un cours à Lyon 2 en utilisant un Caméscope HD de 4 000 € de marque Panasonic.

La carte mémoire est de 16 GB avec 30 MB/s
Il faut un trépied pour palier aux vagues de l'image et aux nausées chez le spectateur ultérieur
des micros-cravates HF avec un émetteur sur l'enseignant et un récepteur d'accroche à la caméra.
Il est préférable d'utiliser un matériel sans fil transmettant par fréquences, mais il peut parfois se décrocher.
Il faut également un casque pour contrôler le son.


- La postproduction :

Le but est de fournir un fichier utilisable.
Le traitement utilise un Mac avec un processeur puissant et le logiciel FinalCut
Il s'agit d'effectuer un travail de découpage de l'image et du son puis d'exporter la vidéo par logiciel Compressor
puis de faire un DVD, ou mieux actuellement où la dématérialisation est de plus en plus en vigueur, de transformer en fichier H264 en trouvant le bon ratio poids du fichier/qualité.

 Le plus souvent, l'idéal serait de pourvoir filmer avec plusieurs plans et plusieurs caméras, car il peut y avoir des interactions en dehors du champ principal. Mais cela dépend en fait du type de scène filmée. Dans un amphi, lors d'un cours magistral, cela n'est pas nécessaire. En revanche, lors d'un TP par exemple, on sait qu'il va y avoir des interactions et il faut plusieurs caméras, à moins d'avoir la possibilité de déplacer celle-ci de façon souple ou encore en arrêtant de filmer et de changer de plan en mettant la caméra sur "pause" (mais ne pas l'arrêter).

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4 - Session 3 - "Typologie des données en didactique du FOS"

   
 

La typologie des données peut intéresser tout autant tout enseignant en Fle qu'en FOS pour l'élaboration d'une séquence d'apprentissage.

1 - Une typologie, pour quoi faire ? (avantages et dangers)

Dangers:
Le type de données collectées conditionne le discours en sachant que cela conditionne également le regard du "collecteur" avec un risque de implication en isolant une situation donnée. Il est indispensable de savoir prendre du recul sur ce que l'on fait et proposer une typologie qui permette d'appréhender la différente situation et discours de façon co-articulée.

Avantages:
Une typologie de recueil des données permet d'effectuer une analyse avec des outils appropriés et pertinents de manière que les éléments ordonnés puissent prendre sens.
Il faut rappeler pour la pertinence des données collectées qu'elles sont souvent multicanalaires et que leur croisement est très fréquent.

2- Quel typologie proposer ?

Selon le regard que l'on porte, en fonction des objectifs et finalités, la typologie peut répondre à des points de vue variés, macro ou micro, que l'on soit didacticien ou pas.

3 - Partir du terrain est-il une évidence ?

Le regard porté sur les données évolue en permanence.
On se forme en faisant et on modifie son regard.


Pour reprendre les deux exemples précédent du français médical d'une part et des chemins de fer allemands (deutsche bahn), dans le 1er cas les données étaient constitué de phots, de matériel vidéo et oraux, dans le second, de textes écrits et écrits oralisés, avec les contraintes et caractéristiques orales spécifiques, sans improvisation possible et des modulations de la voix qui ne sont pas naturelles.

1 - Typologie selon la NATURE des données

1.1 : Textuelles écrites
1.2 : Iconiques
1.3 : Audio-visuelles
1.4 : Orales, authentiques ou reconstruites
1.5 : Numériques, de plus en plus pris en compte
1.6 : actionnelles

2 - Typologie selon le CONTEXTE de collecte

2.1 : Fini / infini, c'est à dire en délimitant un début et une fin (ex; une consultation de médecin) alors qu'on sait très bien que ces données sont chargées d'un passé et d'une suite.
2.2 : Concret / abstrait
2.3 : Explicite /implicite. Cette catégorie permet de focaliser sur les éléments du discours et la manière dont les données culturelles peuvent être présentes.
2.4 : Autonome / dépendant. Certains gestes effectués sur u chantier ou des échanges médecin/infirmière dépendent du contexte
2.5 : Ritualisé / Non ritualisé ; par ritualisé, on entend toute forme textuel obéissant à des formes récurrentes comme un bilan d'entreprise ou des factures.
2.6 : monomodale / multimodale ; la multiplicité des composantes protège de la tentative de simplification.

3 - Typologie dans une PERSPECTIVE didactique

3.1 : Primaire / secondaire
3.2 : manipulable / non manipulable. Les données s'y prêtent plus ou moins en fonction de leur nature
3.3 Didactisable / non didactisable

4 - Typologie selon les DONNÉES Langagières

4.1 Verbale / non verbale

Ce qui importe est de ne pas perdre de vue les objectifs



Dans le discours, on peut identifier 4 grandes catégories :

- Ritualisés / non ritualisés
- Existants / sollicités / reconstruits
- Genres discursifs
- différents types d'interactions

Exemple de typologie en FOU pour des cours de sciences économiques et de gestion.


On distingue trois types de données :

1 - Existantes (ou encore appelées, brutes ou authentiques)
     Il s'agit de tous les discours auxquels les acteurs sont confrontés.
     Ces données existantes sont renforcées par deux autres types de données

2 - Les données sollicitées, provoquées par le concepteur en faisant évoquer des choses souvent implicites dans un
     savoir-faire professionnel. Ce sont des discours oraux qui viennent renforcer des données écrites qui sont le plus
     souvent retrouvées préalablement.

3 - Des données reconstituées, qui n'ont pas pu être collectées pour des raisons techniques ou de temps.
 

Fonctions des données sollicitées


1- La fonction première de ces données est d'expliciter la signification de données existantes dont le sens peut ne pas 
    être évident pour un étudiant étranger.

2 - apporter des données complémentaires

Intérêts des données sollicitées


1 - Moins de contraintes (espace, temps) avec un lieu et une date choisie (Rendez-vous) et une meilleur qualité sonore et
      visuelle

2 - Informations ciblées, car l'entretien est préparé et on peut l'orienter par des questions préalablement adressées aux
     intervenants.

3 - On peut moduler la durée du document entre habituellement " et 10 mn et la complexité linguistique du contenu en
     posant des questions, en demandant des explications sur des points qui peuvent être obscure pour les étudiants.

4 - Le document est directement utilisable en cours

5 - Possibilité de le refaire

De l'intérêt des données sollicitées dans la mise en évidence de l'interculturel

 

Illustration par le corpus LAH Singapour - entretien entre des dirigeants européens d'HEC et le secteur bancaire en Asie.


Ces deux extraits écrits mettent en lumière des styles de management différents
- La relation client / fournisseur ; la façon de considérer le client comme un supérieur hiérarchique qui décide de tout,
  correspondant au "négocier à l'asiatique".
- la manière d'envisager un travail collaboratif dans des entreprises où la hiérarchie et les pratiques locales peuvent
  impacter l'interaction.

Les données implicites peuvent être obtenues:
- par des discours sollicités
- sur le terrain (comme le cas de "faire pisser la grue" en travaux public)
Ces données sont indispensables pour la compréhension du contexte.
 

Pour conclure :


- On peut se poser la question de savoir si le paradigme de la complexité d'Edgar Morin est un recours nécessaire dans une perspective didactique.

- Les données sollicitées sont là pour renforcer des compétences orales indispensables

- Les données sollicitées n'existent pas en tant que telles au moment où elles sont réalisées, mais elles peuvent le devenir,
  notamment en postcasting pour des cours selon de nouvelles modalités.

- Quand on ne peut pas en avoir, des données reconstituées vont les remplacer.

- Reconstituer ou pas des données ? Le FOS, c'est l'art de s'adapter. On reconstitue une donnée si on ne peut pas y avoir
  accès. En FOS, dans 90 % des cas, on est en situation d'urgence. Il y a un juste milieu à trouver entre les discours
  existants, sollicités et reconstitués.

- Pour faire apparaitre l'interculturel, il n'y a rien de mieux que les discours sollicités ou reconstitués. Mais on peut aussi retrouver l'interculturel lors de la survenu d'un événement fortuit dans le processus normal d'une donnée existante.
 

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5 - Session 4 - "Des données aux supports de formation FOS"

   
 

La démarche FOSest la suivante :

- Analyse de la demande
- Analyse des besoins
- Recueil des données sur le terrain
- Analyse des données
- Élaboration didactique

Les données collectées vont être analysées sur l'aspect discursif, linguistique, pragmatique. il s'agit d'une étude de la langue en action.

L'autre démarche est la création d'un référentiel de compétences langagières en milieu professionnel, par secteur professionnel.
On construit tout d'abord un référé, un cadre de l'ensemble des données dans un milieu en pratique normale et réelle.
Ces données sont analysées non pas pour créer des activités pédagogiques, mais pour constituer un ensemble de compétences langagières, que l'on va classer et indexer sur le CECRL.
On donne ensuite une forme au référant pour devenir référentiel sous forme de fichier utilisable.


Il y a différents domaines élaborés ou en cours d'élaboration

1 - En soins infirmiers (ex des infirmières espagnoles)

2 - La mode : Ecole de mode AF

3 - Hôtellerie et restauration (Lycée hôtelier de Beury, restaurant et hôtel d'application, situations de formation, construction d'un référentiel de formation linguistique pour les apprentis)
Prolongement du référentiel pour les professionnels du secteur, par des partenariats avec les hôtels de la région. Ce référentiel devrait permettre de former des apprentis allophones dans le domaine, mais aussi pour permettre à d'autres centres de formation de bâtir leurs propres programmes.


4 - Hygiène

5 - Métiers d'aide à la personne

6 - BTP (centres de formation + véritables chantiers, avec différents documents multimodaux et un programme commun concernant les règles de sécurité.


Chaque référentiel liste par domaine

1 - Les compétences requises

2 - les tâches

3 - Le lexique spécialisé avec les connotations

4 - Donne des exemples d'activités pédagogiques


Ces référentiels sont faits pour permettre à des centres de formation de réagir à une demande en urgence pour construire et adapter un programme.
Leur accès est réservé par des conventions avec l'université d'Artois.

Les activités proposées sont de niveau A2 minimum.  Le niveau A1, tel qu'il est défini par le CECR est insuffisant, car ne concerne que l'individu en lui même et son environnement proche et immédiat et en communication duale, avec une aide de la part de l'interlocuteur. Or en entreprise ou en milieu professionnel, il y a pour le moins communication avec un groupe.

 

Soumis par   le 27 Mars 2013