Compte-rendu de la Biennale de l’Éducation nouvelle


2 au 5 novembre 2017 - ESENESR à Poitiers - organisée par les CEMEA, le CRAP-Cahiers pédagogiques, la FESPI, la FICEMEA, le GFEN et l’ICEM

Cette rencontre très réussie, organisée du 2 au 5 novembre 2017 sur le site de l’ESENESR, à Poitiers, par les CEMEA, le CRAP-Cahiers pédagogiques, la FESPI, la FICEMEA, le GFEN et l’ICEM, a associé réflexion politique, échanges (inter)professionnels et échanges de pratiques.

 

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La démocratie, enjeu de l’éducation nouvelle

Le ton a été donné lors de la conférence d’ouverture, par Edwy Plenel qui a proposé une « Défense et illustration du pédagogisme ». Ce terme dépréciatif ayant été inventé par ceux qui s’autoproclament « Républicains », il a mis en avant que la République n’est pas une norme mais un mouvement permanent dont le cœur est l'égalité entendue comme respect des différences : les diversités n'empêchent pas d'avoir des droits et nul n’est assigné au statut de sa naissance. 
C’est en ce sens qu’il a pu parler de « République inachevée » : dans la république bourgeoise, ouvriers, femmes, ne sont pas des minorités numériques mais sont construites politiquement comme minorités. [...] Lire la suite du compte-rendu

 

Quand l’histoire légitime l’éducation nouvelle

Dans une perspective historique, en quoi l'éducation nouvelle a-t-elle un sens aujourd'hui ? se demande Claude Lelièvre, historien de l’éducation, avant de préciser que son objectif est de démontrer qu’elle n'est pas en rupture avec l'école voulue par les grands fondateurs de la 3ème République mais tente d'aller plus loin et dans le même sens. [...] Lire la suite du compte-rendu

 

 

L'éducation nouvelle : chercher, résister, combattre

Philippe Meirieu propose 12 chantiers à travailler :

1/ Dans une société où la fascination de la réussite fait oublier la fragilité humaine, et où la réussite individuelle est supposée contribuer à l'intérêt collectif, mettre en place des formes de coopération pour le bien commun.

2/ Dans une société de l'immédiateté, travailler sur le sursis, l'émergence de la pensée, l'entrée dans la réflexivité, le nourrissage par la culture qui permet de prendre en compte le point de vue d'autrui pour nourrir la pensée ; créer des espaces de décélération.

3/ Dans une société où le langage se dilue dans le slogan ou le bavardage, la séduction, la complicité clanique, militer pour la précision lexicale, la fermeté linguistique, la construction de formes de débat respectueux des principes de probité. Cela nécessite une forme explicite des situations d'apprentissage mais qui n’exonère pas d’une mobilisation de celui qui apprend par des recherches, du travail intellectuel.

4/ Dans une société du consommable et de l'obsolète, faire du travail vrai, du chef-d'œuvre, la forme normale de l'évaluation qui permet "non pas de devenir meilleur que les autres, mais meilleur que soi-même" (Alain).

5/ Dans une société où la virtualisation de l'économie, de l'échange humain, des échanges entre les humains et le monde devient la norme, où le prix l'emporte sur le cout, faire de la rencontre de la résistance de l'objet une forme de travail constitutive de la construction de l'attention et de l'entrée dans l'œuvre. Dans La Main à la pâte, l'objet arbitre sans opprimer : on apprend ainsi que ce n'est pas celui qui crie le plus fort qui a raison.

6/ Dans une société où l'exaltation hédoniste du développement personnel fait confondre spontanéité (reproduction des clichés, des "réclamés") et créativité, inventer des contraintes qui permettent au sujet de se construire, de s’exhausser au-dessus du donné et défendre la vertu des institutions.

7/ Dans une société où les évolutions familiales et les prothèses technologiques entretiennent l'infantile et la toute-puissance adolescente, fonder la différence entre pouvoir et autorité, permettre de faire l'expérience que l'autorité s'exerce en tant que responsable de ... (être responsable du bocal à poissons rouges de la classe). Cela pour permettre l’apprentissage d'une démocratie du bien commun.

8/ Dans une société où la construction identitaire se fait dans la consommation, où prévaut l'adhésion à des mécanismes fusionnels, travailler sur la construction de cadres structurants, permettre l'expérience d'un collectif où l'on peut construire son identité en sécurité sans aliéner sa liberté.

9/ Dans une société où la culture et les savoirs sont réduits à leur efficacité virale, faire entendre que les savoirs s’inscrivent dans une genèse et participent du mouvement d’émancipation collective des humains.

10/ Dans une société où les replis familialistes ou claniques mettent à mal le lien social, faire de la solidarité le principe d’un service public refondé.

11/ Dans une société où les emballements scientistes font parfois oublier les finalités et les leçons de l’histoire, interroger philosophiquement l'utilisation des travaux scientifiques sans fermer à priori la porte aux apports.

12/ Dans une société où le ministère de l’éducation nationale est en réalité un ministère de l’instruction scolaire, faire des Droits de l’enfant un enjeu global : le 20 novembre 2019, on fêtera le 30ème anniversaire de la CIDE. Le préparer passe par penser à la globalité du temps de l'enfant et se mobiliser pour le droit à la scolarisation de tout enfant même si ce n'est pas compatible avec le confort des adultes. 



 

 

                                                                                                                                         

 

 
Soumis par   le 21 Novembre 2017