Expolangues 2013 : le patrimoine du syllabique, de Régine DAUTRY


Le Billet du français langue étrangère

 

 

Expolangues 2013 : la langue française à l’honneur et son patrimoine didactique, du syllabique au numérique.

 

C’est très facile : une fois que vous avez réussi à franchir les colonies de motos garées devant le Parc des expositions de Paris, vous entrez et vous tournez à gauche. Le Pavillon 5.2 vous attend. Les escaliers aussi : c’est au deuxième étage. Il fait un froid atroce en ce premier jour des professionnels et il s’agit de ne pas se tromper de queue : celle des exposants, celle des invités et celle du public qui vient parce qu’il veut s’informer ou se former.

            A l’intérieur, les repères, les noms des salles de conférence et les éditeurs se détachent sur l’armature du plafond. Le vagabondage de la didactique des langues commence. On va, de ci-de là, vers tel éditeur ou vers telle conférence, vers le café aussi, on pique un stylo ici, une image là et on repart. Et puis la conscience de quelque chose de différent à Expolangues cette année s’impose : face  aux couleurs vivantes et chaleureuses de tous ces manuels mille fois feuilletés, retournés, aimés, achetés ou oubliés aussitôt que désirés, le vide blanc. Le vide de tous ces tableaux blancs qui attendent leur heure pour s’animer. Le thème de cette année n’est-il pas « le numérique au service des langues » ?

Les conférences à ce sujet se succèdent et chacun s’y presse. La langue française est à l’honneur. L’Institut français nous raconte la Culturethèque, ou bibliothèque numérique française, et évoque les réseaux sociaux professionnels comme chaîne de solidarité pour rompre l’isolement… C’est le FLE du troisième millénaire avec son cortège d’innovations et d’interrogations pédagogiques sur l’emploi ou le défi de l’offre numérique. 

Au détour du stand central, celui de la Tunisie nous attend. Les livres en arabe impressionnent, certains sont en pile et on n’ose pas toucher. Il y a aussi quantité de documents et de manuels sur l’apprentissage de cette langue, c’est le troisième millénaire toujours. Mais avez-vous vu le petit musée de pédagogie interculturelle ? Avez-vous vu, en mur de fond, cette petite exposition de livres anciens et désuets pour l’’apprentissage de la lecture du français ou  de l’arabe ? Des manuels en arabe fondés sur la méthode syllabique, de droite à gauche : « بأ  =   أ + ب » présentés aux côtés de manuels semblables en français, de gauche  à droite : «  b + a=BA » ? Ces manuels mémorables, avec lesquels quantité de  baby-boomers ont appris à lire au second millénaire, ont un parfum d’Histoire…

Exposée justement  pour sa valeur  historique dans ce monde du numérique, touchante, usée, cette petite bibliothèque,  je l’ai saluée comme un patrimoine didactique.

 

                                Régine DAUTRY, Docteur de l’Université Paris-V-Sorbonne

Soumis par   le 17 Mars 2013