Dix mots pour fêter la langue française et la Francophonie,
dix mots pour partager, aimer, dialoguer, coopérer, chanter la francophonie et sa diversité culturelle à travers les cinq continents.
Une seule devise pour la planète francophone « égalité, fraternité, diversité », un objectif commun « savoir assumer sa diversité identitaire » pour mieux vivre en paix, savourer la sérénité démocratique, respecter les droits de l’homme, ouvrir le dialogue des cultures, l’échange des connaissances et l’amitié des peuples.
C’est ainsi que plus de 200 millions de personnes francophones à travers le monde s’enivrent de mots nouveaux (dix) qu’ils manipulent chaque année, triturent, façonnent, sculptent, filment, exposent, colportent à leur guise à l’occasion de cette semaine de la langue française et de la Francophonie. Ici s’organisent des concours. Là, des scènes de théâtre. Là-bas des chants et danses, des ateliers d’écriture où foisonnent cadavres exquis, contes, nouvelles, poésie, chants…
Ailleurs, les uns s’étonnent de voir tintinnabuler trois soleils, deux lunes et une étoile. Les autres aux esprits en fête troublent par hasard un poète banlieusard. Par ci des troubadours chantent sous un ciel azur. Par là, au hasard d’une semaine peu commune, s’installent des milliers de personnes autour d’une dune de crayons et de papiers pour griffonner, savourer l’écriture imagée des mots choisis sous l’air subtil d’une saison printanière précoce.
Tous les espaces sont mobilisés. Il faut écrire, inventer, créer, innover, dresser des listes de jeux, jouer, partager son identité francophone sans perdre sa propre identité culturelle. Chapeau ! Il faut le faire.
Certes, il ne s’agit pas là de professer la francophonie, mais de la vivre dans toute sa grandeur sous le feu du soleil ou de la lune rousse. Les accros francophones ballottés çà et là au gré de la bouline, silencieux, rêveurs déambulent dans les villes, les bourgs inondés de lumière douce. Ils s’en vont hagards à la recherche de leur muse : un petit Ouistiti, farfadet de son espèce sans qu’ils puissent pour autant tataouiner.
Le cœur joyeux et l’esprit alerte, d’autres s’aventurent dans la brousse majestueuse ombellifère sous laquelle se cache le trésor des mots enfouis. Ils jubilent, leur bonheur atteint son paroxysme. Alors renaissent les mots. Çà et là, ils prennent forme, retrouvent leur vigueur, sautillent, s’envolent comme des aigles royaux, si hauts, si forts. D’une seule masse et pleins de grâce, les mots se ramassent.
Et d’une voix fine, des écoliers un peu hautains, mais pleins d’entrain les baratinent comme une comptine. Un apprenti poète les réclame d’avance pour son humble labeur d’obscur rimailleur.
- « Ayez un peu le cœur ! » leur dit-il.
Il me faut avouer que vous me laissez perplexe devant la complexité de vos harmonieux adages.
- Excusez-moi un peu.
- Laissez-moi caresser avec amour l’espoir d’écrire du Ronsard ou du Gérard de Nerval. Sans oser prétendre, je reste néanmoins ce continuateur honnête. Je cours composer des vers dignes d’Apollinaire.
La journée s’allonge et les mots se rebellent. Certains font appel à de fiers collégiens. Ces derniers s’en vont en campagne exercer leur pouvoir des mots.
Rude mission.
Instant fatal.
Bleu azur.
Spontanés, superbes et insolents, des adolescents recueillent un à un les palabres parsemées d’embuches sous une passerelle kaléidoscopique. L’un d’eux s’interroge :
- « Quelle est cette expression figée dans ce miroir » ?
Franco- folie ou folie des mots
Mots en folie ou course folle ?
- Eh là ! Tout doux, des mots dont on raffole simplement, avec leurs accents Sud, Sud - Est, Nord, Nord - Est et qui font escale dans l’Outre - Ciel, rétorque son voisin.
- Tu veux dire : « des mots abricot, francs, rangés, nantis, colorés, bigarrés, orientés, phoniques perdus sous des masques flamboyants africains en forme de boussole ».
- Badinage, badinage… amour des mots aux visages multiples, passe - partout ouvrant le chemin grandiose aux voix francophones qui s’expriment.
- Amis, donnons la main aux étudiants du monde entier et laissons-les composer des odelettes en cette circonstance jubilatoire. Savourons ensemble les délices de la langue française. Délectons-nous dans son rayonnement.
Franco- folie ou folie des mots
Mots en folie ou course folle ?
Les dix mots dansent sur les lèvres des badauds assis au loin sur le flanc d’un coteau. Mille sons s’échappent, des rires et des chansons.
Des clowns tournent l’hélice d’un avion imaginaire sous les regards d’une bande d’enfants. Le temps n’existe pas et seule la fête varie. Patriarches sans âge s’animent, mettent la main à la pâte. Les visages dévorés de passion, ils s’en vont de ce pas faire la révolution, raconter avec tact aux voisins l’histoire des dix mots qu’ils ont apprivoisés, remaniés par la même occasion. Rouges, blancs, jaunes ou noirs, les mots valsent une polonaise.
- Vaut mieux parler d’amour que de faire le fou et rester sourd ! s’exclame un hôte.
- Espérons que dure notre union, quelles que soient nos tribulations littéraires.
- Dialoguons ensemble, unissons nos savoirs, tressons avec nos sensibilités des liens affectifs très forts en cette semaine de la langue française et de la Francophonie.
Franco-folie ou folie des mots.
Mots en folie ou course folle ?
Des mots en ronde
Autour du monde : Francophonie.
- Et demain, la francophonie ? S’interroge le professeur.
Son collègue s’agite un instant.
- Francophonie, francophonie, francophonie !
La francophonie c’est : les parties et le tout d’une mappe monde. Un clair de terre exercé par l’œil qui voit et qui conçoit la transparence des mots, cristal aux mille couleurs, capteur de perception qui transforme l’univers. C’est aussi le centre et la circonférence de la terre, la beauté et la grâce des peuples et des cultures partagées. C’est le désenchevêtrement des langues.
Franco-folie ou folie des mots.
Mots en folie ou course folle ?
Dix mots en ronde
Autour du monde.
- « Demain est un autre jour » reprend le professeur.
Sous les feux de la rampe, le plurilinguisme fera sa révérence. La terre s’affichera de belles théories, d’images de bonheur, des grandeurs derniers cris. Enchaînés par le même idéal dans un monde uni, nous partagerons les langues et les cultures dans un brassage multicolore aux feux d’artifice qui ne manqueront pas d’attiser la flamme intelligente et les valeurs humaines que défend à jamais la Francophonie. Sans jamais s’arrêter jusqu’au petit matin, reprenons ensemble ce même refrain :
Franco- folie ou folie des mots
Mots en folie ou course folle ?
Des mots dont on raffole
Des mots hâlés
Des mots nounous
Des mots images
Des mots euphoriques.
Franco-folie ou folie des mots
Mots en folie ou course folle ?
Des mots en ronde
Autour du monde : Francophonie.
Par Rébéa Nadia Douhil
Professeur(e) certifié(e) de Lettres Modernes. Collège Jean Macé
15, rue Gaston Paymal Clichy 92110 France.
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