"Enseigner/apprendre à écrire "
Laboratoire d'idées de l'AFEF
samedi 17 novembre 2012 (10h-16h30 - Association Reille 34 av. Reille Paris 14e)
Dans l’intitulé des rencontres-débats récentes, la question de l’écriture n’a jamais été prise de front, mais toutes, pourtant, l’ont abordée, qu’il s’agisse de l’orthographe, de la langue de scolarisation ou de l’approche de la discipline par compétences.
Lors de la rencontre du 13 octobre « Langue pour communiquer et langue pour apprendre : quelles exigences ? Quelles tensions ? Quelles possibles inégalités scolaires ?», Jacques Bernardin soulignait le manque de clarté des enjeux portés par l’écriture aux yeux de bien des élèves interrogés à la charnière CM2/6e : à quoi cela sert-il d’écrire ? A rien, répondent trop souvent ceux-ci. Sans parler des confusions (écriture réduite à la calligraphie), des illusions (écriture « facile quand on connait l’alphabet », transcription de l’oral ousimple accouchement d’une pensée toute prête) ou des obstacles (brouillon destiné à la seule élimination des ratures, ou à la correction des fautes).
Dans le contexte d’une refondation de l’école qui se donne pour axe central la réduction des inégalités ou « la réussite pour tous », comment l’écriture pourrait-elle être laissée de côté ? Contrairement à ce que l’on a cru par le passé, la société contemporaine exige en effet de plus en plus d’écrit.
Mais quels écrits ? La question est d’importance, car certaines représentations de l’écrit pénalisent les plus défavorisés. Écrire pour quoi : pour mémoriser, pour s’exprimer, pour apprendre, pour penser ? Écrire pour qui : pour soi, le professeur, un lecteur qu’on postule ? Écrire comment : de la composition française à la production de textes, les modèles scolaires ont beaucoup varié. Écrire dans toutes les disciplines, certes, mais quelles spécificités et quels apprentissages pour l’écriture littéraire ? Et, partant, quelle place pour le professeur de français ?
Par ailleurs, pourquoi les réticences à écrire à l’école sont-elles si fortes, au collège plus encore qu’à l’école primaire? Comment faire partager à des élèves plus âgés la jubilation de s’emparer de l’écrit qu’évoquait récemment Jacques Bernardin ? Comment aussi permettre que se confrontent sans se heurter des univers de référence dont certains sont éloignés de l’école ?
Il faudra aussi s’interroger sur la place à accorder à la correction de la langue. Ecrire met en jeu des activités cognitives, langagières que l’élève scripteur doit gérer simultanément et qui confèrent à l’acte d’écrire sa complexité. Mais peut-on viser la construction d’un sujet scripteur en même temps que l’on cherche à faire progresser l’élève dans la maitrise de la langue ?
Toutes ces questions posent aussi celle de la durée de l’apprentissage de l’écriture. Ecrire nécessite que l’on entre dans une démarche qui sort de l’immédiateté, inscrit le sujet scripteur dans ce que Sylvie Plane nomme la « temporalité de l’écriture ». Ecrire suppose par ailleurs l’acceptation de revenir sur ce que l’on a écrit, car écrire c’est aussi réécrire, ce qui interroge le rapport au temps des enseignants comme celui des élèves dans une société qui semble, elle, privilégier la rapidité, l’efficacité immédiate.
Le rapport à l’écriture des enseignants eux-mêmes mérite aussi d’être interrogé : une fois le parcours universitaire achevé, avec son lot d’exercices très contraints, ils ont rarement l’occasion de s’y confronter. Nous gagnerions peut-être à une autre posture : être celui qui montre comment il s’y prend, ou celui qui écrit avec...
Ces questions seront abordées au gré des participants. Des traces de ces échanges apparaitront sur le site de l’AFEF qui seront prolongés lors de la rencontre-débat du 19 janvier (14h-17h30) avec la participation de Anissa Belhadjin, Isabelle Delcambre, Dominique Bucheton, animée par Maryse Lopez.
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