Lieu : Accueil REILLE (34 Avenue Reille 75014 PARIS M° Glacière ou Cité Universitaire)
Horaire : 10h - 17h Pour s'inscrire
Suscitant débats et interrogations lors de son apparition et de son expérimentation, le Livret personnel de compétences, adossé au texte officiel du Socle commun de connaissances et de compétences, est maintenant entré dans une phase de mise en œuvre dans les établissements. Non sans difficultés ni questionnements. L’AFEF se propose, par l’organisation d’un laboratoire d’idées sur cette question le 14 mai 2011, non pas seulement de prendre position (sans se l’interdire pour autant), sur le mode dichotomique d’un « pour ou contre », mais d’essayer d’élaborer les questions que ces nouvelles dispositions posent à l’enseignement de notre discipline, donc de nourrir, de complexifier et d’affiner le questionnement.
Du côté de l’idéal affiché, on ne peut guère qu’être d’accord avec ces nouvelles dispositions : comment s’opposer au projet de faire acquérir aux élèves une culture commune et au souci afférent de donner à chacun un bagage scolaire qui lui permette de faire partie de la société des hommes ? N’était-ce pas en outre ce que visait déjà l’Ecole ? Posent problème en revanche les modes d’actualisation choisis et prescrits, et la manière dont cet idéal s’instrumente à travers les notions et les outils mobilisés pour sa réalisation.
Le socle commun s’incarne uniquement sur le mode d’une évaluation (dont on attend sans doute qu’elle pilote et transforme les pratiques pédagogiques des professeurs, sur le mode maintenant généralisé du pilotage par les résultats ?), et non par des propositions problématisées de démarches d’enseignement-apprentissage. De plus, cette évaluation repose sur la notion de « compétence », dont une définition très générale, inspirée par celle du Parlement européen, est donnée en ouverture, une fois pour toutes, sans que soient ensuite toujours fournis aux professeurs les moyens de penser les liens conceptuels possibles entre cette définition générale et son actualisation dans les multiples avatars censés la spécifier dans chaque domaine. Lorsque cela est fait, on n’est pas toujours en mesure de comprendre, devant la liste impressionnante (et parfois impressionniste) de toutes les compétences que l’on doit évaluer, si un système de pensée encadre ces énumérations. Quels sont les fondements théoriques, concernant les processus d’apprentissage, qui sous-tendent la définition de ce qui est désigné comme compétence à évaluer ? Pourquoi et en quoi telle ou telle compétence est-elle importante, par rapport à ce que la recherche nous dit des « itinéraires cognitifs »[1] des élèves ? Ces choix de compétences ont-ils été faits en référence à un cadre théorique relatif aux processus d’apprentissage ? Il semble que non, et cela rendrait pourtant ces prescriptions plus intelligibles pour les professeurs (mais nécessiterait alors aussi un véritable accompagnement et une formation à laquelle on donne de vrais moyens…). Il ne s’agit donc pas de se positionner « pour » ou « contre » l’enseignement par compétences, mais de prendre les choses en amont, et d’interroger notre discipline par le prisme de la notion de compétence, en nous demandant de quelles compétences spécifiques il est question (pour l’étude des textes, de la langue etc.), pour tenter de voir en quoi et à quelles conditions cette notion peut être féconde…ou pas.
En effet, si la logique du Socle (et son corollaire leLivret personnel de compétences) semble se couler assez aisément dans l’épistémologie et les pratiques professionnelles de certaines disciplines, il apparait que pour la discipline « français », l’appropriation et la mise en œuvre ne soient en revanche pas aisées. Le laboratoire d’idées du 14 mai se propose donc de relayer et d’approfondir ces interrogations, sans se contenter de les interpréter d’emblée comme les symptômes d’une résistance au supposé progrès représenté par l’enseignement par compétences. Comment le professeur de français peut-il par exemple réussir à concilier les prescriptions de ses programmes et celles des compétences 1 (« La maitrise de la langue française ») et 5 (« La culture humaniste ») du livret, ces deux textes officiels semblant ne pas avoir été produits par la même institution ni s’inscrire dans la même perspective curriculaire?
Force est de constater que le recours à la notion de compétence manifeste un souci louable de rationalisation et d’objectivation de notre enseignement, de lien intéressant avec l’enseignement dans le premier degré, dans la perspective d’une plus grande intelligibilité de nos pratiques (pour les élèves et pour nous-mêmes). Mais pour l’heure, chacun, à l’échelle d’un établissement, d’une équipe disciplinaire ou même d’un individu, tente de faire avec et comme il peut.
L’AFEF, par le laboratoire d’idées du 14 mai, se propose donc de permettre qu’une réflexion plus collective puisse se tenir sur ces questions, et vous y convie.
Pour nous aider à préparer cette journée : merci de répondre au questionnaire que nous vous proposons et d'envoyer votre réponse à contact@afef.org
Pour vous inscrire à la journée du laboratoire d'idées
Quelques lectures possibles pour lancer et alimenter la réflexion :
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Un historique de Claude Lelièvre au colloque de l’IREA.
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Une analyse critique de Marcel Crahay sur la notion de compétence importée dans le domaine de l’éducation.
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L'enregistrement du colloque INRP en 2010 sur le socle commun: l'intervention de J-Y Rochex notamment.
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Les actes du colloque INRP « Français, langue et littérature, socle commun. Quelle culture pour les élèves ? Quelle professionnalité pour les enseignants ? ».
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Un dossier de l'INRP: "Enseignement de la littérature: l'approche par compétences a-t-elle un sens?"
- Un article de Claire Boniface, IEN à Paris, dans les Cahiers pédagogiques, "Eloge d'une notion floue".
[1]BUTLEN D., M.-L. PELTIER-BARBIER, PEZARD M. (2002),« Nommés en REP, comment font-ils ? Pratiques de professeurs d'école enseignant les mathématiques en REP. Contradictions et cohérence », RFP n°140.
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