Sur le café pédagogique du 14 mai 2018
Quels usages possibles du BYOD, autrement dit des équipements personnels des élèves, en français ? Dans le cadre de leur projet i-voix, des lycéen.nes de l’Iroise à Brest ont prêté leurs smartphones à des personnages littéraires. Ainsi l’étude d’une pièce de Marivaux s’est transformée en « jeu de l’amour et des smartphones » : les personnages les ont utilisés pour publier SMS, émoticônes, gifs animés, apartés audio, tweets, messages Snapchat, petite annonce Tinder…
Par-delà le plaisir du jeu, le dispositif apparait comme une représentation originale du texte théâtral, susceptible de favoriser immersion, identification, incarnation. Il explore aussi les caractères, les relations et cette tension vers la vérité (de soi, de l’autre) dont frémit toute la pièce : le jeu d’écriture montre combien les personnages se débattent dans « l’extimité » (Serge Tisseron) : entre le public et l’intime, entre ce qui se montre et ce qui se cache, entre le paraitre (le travestissement, les dialogues) et l’être (les apartés, les maladresses de langage, les corps qui trahissent le rang social ou les sentiments éprouvés). « Fausses confidences » dans ce nouveau théâtre qu’est le web, les messages publiés sur smartphones par ces lycéen.nes de la génération mobile éclairent ainsi souvent ce que les personnages ne parviennent pas à dire.
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