Le Zen dans l’art de l’écriture, Essais sur la créativité
Ray Bradbury
ANTIGONE14, 2016 pour la traduction en langue française
ISBN : 978-2-37233-036-7
208 pages, prix public 16€
Note de lecture de Viviane Youx Lire en PDF
Nous connaissions bien en France Ray Bradbury comme auteur de science-fiction, pour Farenheit 451, ou Chroniques martiennes. Nous le connaissions moins comme essayiste dans « l’art de l’écriture ». Voilà un oubli réparé avec la parution, aux Éditions Antigone14, de la traduction de ce recueil d’essais, publiés en anglais pour la première fois en 1990 sous le titre Zen in the Art of Writing.
L’auteur nous entraine au fil des chapitres dans des conseils pour écrire, aussi utiles qu’amusants pour tous les écrivains en herbe, quel que soit leur âge et leur expérience. « Le bonheur d’écrire » réveille en nous l’excitation et l’enthousiasme, « les accessoires les plus essentiels dans l’attirail de l’écrivain ». Le récit des expériences qui ont été à l’origine de ses œuvres tient à la fois du drôle et du sérieux ; dans « Conduire en état d’ivresse… au volant d’une bicyclette », il nous livre une série d’anecdotes dont l’écrivain se saisit pour écrire, rappelant qu’un texte publié et reconnu peut naitre d’une historiette sans importance.
« Le Zen dans l’art de l’écriture » nous propose trois mots, Travail – Relaxation – Ne pas réfléchir, qu’il triture, ordonne, désordonne, pour en faire la base de toute créativité dans l’écriture. La création impose ces trois étapes, dans n’importe quel ordre. « Parce que si l’on travaille, on finit par se relaxer et par ne plus réfléchir. Et c’est alors, et alors seulement, que se produit la vraie création. Mais sans une pensée juste, il est quasiment inutile de travailler.» Cette pensée juste, pour Bradbury, est celle qui relie aux émotions, car travail et émotions sont intimement liés dans l’écriture. « Et le jaillissement de l’écriture, où se conjugueront plaisamment travail, spontanéité et relaxation, sera comme le sang qui, depuis le cœur, coule dans les veines parce qu’il doit couler, et circule parce qu’il doit circuler. »
Et l’auteur nous engage à aller dénicher nos fantômes, faire jaillir les mots qui sont enfouis en nous. Écrire des mots, faire des listes, observer, écouter, se faire caméléon. « Maintenant, je vous laisse au pied de votre propre escalier, à minuit trente, armé d’un bloc-notes et d’un stylo, avec une liste à préparer. Invoquez les noms, réveillez votre moi secret, découvrez le gout de l’obscurité. […] Votre Chose, celle qui se tient, là, en haut de votre escalier, dans votre propre nuit, … il se pourrait bien qu’elle descende. » Voilà la conclusion du chapitre : « Courir vite, et puis ne plus bouger – ou, la chose en haut de l’escalier, – ou, nouveaux fantômes pour vieux souvenirs ».
Un bon moment de lecture, fort réjouissant, dont nous pourrions bien profiter autant que nos élèves.
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