L'évaluation - Webinaire du 10 novembre 2021


Mercredi 10 novembre 2021 - 17h45-19h

NoteL'élève : « M’sieur, j’comprends pas ma note !». L'enseignant : « Moi non plus … »

Le premier des mercredis de l'AFEF 2021-2022 en ligne s'intéressera à l'évaluation, avec une présentation de Mathieu Billière

 

La vidéo du webinaire

"D’un côté la nécessité interne : on évalue pour ajuster son cours, son enseignement. On évalue les élèves, la situation, la qualité de son propre travail, etc. 

            De l’autre la commande : les notes, qu’elles soient chiffrées sur 10, 20, 40 ou 263,12 ou bien que le chiffrement se traduise en lettres, en nombre de compétences acquises, etc. In fine, mettre une note c’est produire une évaluation « sanction » ou certificative dit-on désormais plus volontiers. 

            Deux problèmes. 

D’abord la confusion entre évaluation et note, elle est constante, sans doute au principe même du fonctionnement institutionnel : pourcentages de réussite, contrôle continu, moyenne générale pondérée ou non, livret personnel de compétences, rang de sortie, mentions. On ne sait pas trop si la note informe l’élève, mais une chose est sûre, elle informe le système scolaire.

Second problème justement : comment l’évaluation informe-t-elle l’élève ? L’exemple canonique : celui de la dictée notée 0/20 à 40 “fautes” puis à 10 “fautes” qui ne dit évidemment rien du tout de l’investissement de l’élève. Et en maths, note-t-on le raisonnement, le résultat, les deux, dans quelle proportion ? 

Bref une sorte de réappropriation des questions d’évaluation par le corps enseignant nous parait à la fois indispensable et urgente, avec comme objectif de la tourner vers l’utilité pour les élèves. Plusieurs expériences ont été tentées dans ce sens. Nous voudrions ce soir vous en raconter une qui a eu lieu dans un lycée de sous-préfecture sans profil particulier. Cela revient à vous raconter deux choses : ce qui a été inventé pour essayer de rendre l’évaluation plus juste – dira-t-on faute de mieux – tout en continuant de répondre à la commande, i.e. mettre des notes. Mais vous raconter aussi ce qui s’est joué sur le plan institutionnel autour de cette expérience, horizontalement et verticalement, et qui nous informe nous sur les enjeux de pouvoir qui rôdent autour de cette question.

Car l’évaluation fonctionne comme un réactif chimique : installez le mot dans une réunion très consensuelle sur tel ou tel projet, observez a minima la gêne qui s’installe. Nous proposerons donc, en bons provocateurs que nous sommes, une lecture marxisante de la question de l’évaluation. L’État est propriétaire des moyens de production, nous autres sommes propriétaires de notre expertise évaluatrice, et le produit, vous l’avez compris, c’est l’évaluation. Quelques récentes situations de très violente répression, autour de la « grève du bac », de la contestation des E3C, des conseils de classe qui mettaient unanimement 20/20 à tous les élèves pour contrer le système sélectif Parcoursup en sont la démonstration implacable. 

On se prend à rêver aujourd’hui d’une coopérative d’évaluation."

 

Mercredi 10 novembre 

 

Lire sur classes sans notes dans Interlignes n° 50 (Revue PLP Lettres-Histoire Académie de Versailles) [Cliquer sur la page pour retrouver le sommaire et les liens vers les articles]

  1. La suppression des notes et l’évaluation par compétences : juste une boutade ? Xavier ARTAUD
  2. « Ils ont eu cette idée folle d’oser la classe sans notes ! Françoise BOLLENGIER

Et aussi, un article intéressant pour alimenter la réflexion : Le système de notation scolaire et ce qu'il veut dire, de Petrus Borel, professeur de français en lycée.

Soumis par   le 25 Octobre 2021