Migrer d'une langue à l'autre, des chiffres, des dates, du lexique


A partir du colloque de la DGLF à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (25 septembre 2013) - Glossaire de Dominique Seghetchian

 

"Migrer d'une langue à l'autre"

Ce que vous trouverez… ou pas, dans le compte-rendu  du

colloque organisé le 25 septembre 2013 à la Cité de l'immigration

(compte-rendu disponible en cliquant ici)

Lire en format doc

 

Des chiffres 

  • 26% des Français ont appris de leurs parents, dans leur enfance, une autre langue.
  • 90% de ceux qui sont ancrés dans leurs origines se sentent aussi chez eux.
  • En Rhône-Alpes, 25% des gens parlant leur langue d'origine le font dans leur cadre professionnel.

D’autres chiffres

  • La France accueille entre 30 et 45 000 élèves allophones par an, appartenant à 80 nationalités et parlant une cinquantaine de langues. Dix d’entre elles regroupent la plupart des allophones de France.
  • L’arabe est la 6ème langue de l'ONU. Avec 3 millions de locuteurs arabophones, c’est la première langue de l'immigration en France mais seulement 8000 élèves l’apprennent dans le cadre scolaire. Pourquoi cette mise à l'écart : 12 000 apprennent le portugais, 15 000 le mandarin.
  • Le turc est encore plus maltraité (6 enseignants titulaires pour toute la France) alors que les arrivants n'ont aucune familiarisation avec le français.
  • Un migrant sur trois venant d'Afrique est diplômé du supérieur.

Des dates

  • 1538, sous François 1er, dès cette date, l’arabe est enseigné au Collège de France.
  • 1775, l’arabe est enseigné à l’Institut des Langues Orientales.
  • 1905, création de l’agrégation d’arabe.
  • 1975, création du CAPES d’arabe.

 

Des sigles

  • CASNAV : Centre Académique pour la Scolarisation des enfants allophones Nouvellement Arrivés et des enfants issus de familles itinérantes et de Voyageurs
  • UPE2A : Unité Pédagogiques pour Elèves Allophones Arrivants (remplace les CLIN, Classes d’Initiation dans l’enseignement élémentaire et les CLA, Classes d’Accueil dans l’enseignement secondaire)
  • ELCO : Enseignements des Langues et Cultures d’Origine concernent neuf pays : l'Algérie, La Croatie, l'Espagne, l'Italie, le Maroc, le Portugal, la Serbie, la Tunisie et la Turquie. Ils sont mis en œuvre sur la base d'accords bilatéraux prenant appui sur une directive européenne du 25 juillet 1977 visant à la scolarisation des enfants des travailleurs migrants (qui, comme chacun sait, ont « vocation » à retourner dans leur pays d’origine.

 

Un texte règlementaire :

  • Organisation de la scolarité des élèves allophonesnouvellement arrivés. NOR : REDE1236612C circulairen° 2012-141 du 2-10-2012

 

Du lexique :

  • Vous aurez remarqué qu’on parle d’élève allophones et non plus d’ENA (Élèves Nouvellement Arrivés) ou ENAF (Élèves Nouvellement Arrivés en France), sans pour dissocier problématiques linguistiques et problématiques migratoires. A proscrire : le terme de non francophone : il définit des personnes par ce qu’elles n’ont pas sans marquer qu’elles sont aussi porteuses d’acquis linguistiques et culturels.
  • De même on parle plutôt de langues premières que de langues maternelles.
  • diglossie : coexistence sur le même territoire de deux variétés ayant des statuts et des fonctions sociales distinctes. Ce concept mène à l'opposition de variétés « haute » et « basse » de langage (cf. arabe « littéral », arabe « dialectal ») : en contexte formel, à l'écrit, la variété « haute » est seule acceptable tandis que la variété « basse » est réservée au cadre privé et à l'oral.
  • bilinguisme : capacité d’une personne à utiliser plusieurs variétés de langues. Au contraire, la diglossie est un phénomène sociétal, caractérisé par la coexistence et la répartition socialement codifiée de plusieurs variétés
  • L’opposition territoire/ personne permet aussi de distinguer : le multilinguismedes territoires du plurilinguisme des personnes.
  • Langue véhiculaire :langue que des populations utilisent pour communiquer en situation de plurilinguisme (par exemple, en Chine, le mandarin remplit cette fonction). Elle s’oppose à la langue vernaculaire parlée localement par une population.
  • Langue-culture d’origine« chaque langue impose à ses locuteurs un certain découpage du réel et une certaine vision du monde[i] », c’est pourquoi, pour l’enseignement d’une langue étrangère, on ne peut isoler l’enseignement de la langue de celui de la culture.
  • Français fonctionnel : Il vise l’apprentissage d’une langue utilitaire et donc un enseignement rapide,  appuyé sur des documents authentiques, centré sur un stock lexical limité... Cet enseignement vise une compétence dans cette langue et non sa connaissance.
  • On distingue l’étude des pratiques linguistiques qui s’intéresse qui s’intéresse au code, à la norme et celle des pratiques langagières, plus large, qui s'intéresse au contact des langues. 
  • L’interculturalité désigne l’ensemble des effets produits par les échanges suscités par les contacts entre cultures alors que le multiculturalisme désigne la reconnaissance institutionnelle de multiples identités culturelles, ethniques, sociales au sein d'une même société.

 

Des citations :

  • « La langue prolonge, au-delà de l'exil, un lien avec le territoire quitté, alors qu'une langue régionale est une affirmation d'appartenance à un territoire. » Alexandra Filhon
  •  « La question des pratiques culturelles est plus importante à l'étranger que dans le pays source. » Ragunath Manet
Soumis par   le 03 Octobre 2013