Appel à la résistance !


A faire circuler largement, pour soutenir le CRAP, le GFEN, et toutes nos associations pédagogiques et de spécialistes


          Appel à la résistance !

 

Mouvements et associations pédagogiques ne sont-ils pas en train de sombrer dans l’indifférence générale ?

Déjà les associations étaient grignotées par une apathie ambiante indéfinissable : désintérêt, ennui, désinvestissement, épuisement, désespoir ?

 Et maintenant, le CRAP (Cahiers pédagogiques) et le GFEN (Groupe français d’éducation nouvelle)sont attaqués de plein fouet et voient leur existence remise en question par une coupe drastique de l’aide publique.

Lien entre nos associations, les mouvements pédagogiques assurent une double fonction de vigie et de figure de proue. A la fois découvreurs et rassembleurs, ils alimentent notre réflexion pédagogique, nous offrent des lieux d’échanges autour de valeurs communes, et veillent au grain dès qu’une ligne de faille apparait. Sans le CRAP, sans le GFEN, collectifs fondateurs d’une approche démocratique de l’école, que resterait-il de la pédagogie ?

Certes, d’aucuns aimeraient voir ce mot disparaitre, depuis qu’ils ont fait du pédagogisme l’ennemi de la République. Comme si l’école pouvait se passer de pédagogie, et  l’enseignement d’apprentissage ! Les mêmes renverraient bien l’éducation à une sphère strictement familiale, acceptant que l’école soit la complice, et pourquoi pas l’instrument, de la reproduction des inégalités sociales.

Jusqu’à inciter les enseignants à participer à cette nouvelle lubie de l’école hors l’école, les cours de vacances, la formation des futurs enseignants sur temps libre : pourquoi n’auraient-ils pas droit, dès lors qu’ils acceptent qu’une part de l’éducation et de la formation ne fasse plus partie des missions du service public, à percevoir quasi en sous-main une part du gâteau ?  C’est sans doute, tant qu’ils peuvent grignoter quelques miettes, le  prix du silence et de l’aveuglement de certains devant le dépeçage de l’Education Nationale et la mise à mort des mouvements qui la font progresser.

Et l’ensemble du système, peu à peu, se délite.

Et le militantisme s’effrite, jusqu’à devenir lui aussi un gros mot en –isme. Ou alors on le réserve à des causes plus à la mode, plus rassembleuses.

Et notre système scolaire craque, par coups de boutoir successifs, devant un fatalisme résigné aux conséquences lourdes pour nos enfants.

Les associations comme la nôtre n’ont paradoxalement rien perdu dans cette entreprise générale  de destruction, elles n’avaient déjà aucune aide, aucun relai institutionnel, aucune reconnaissance.

Elles tentaient seulement d’exister encore, de subsister en dépit de cette crise du militantisme. Elles le peuvent de moins en moins, assaillies par des questions sans réponse :

Innover : pourquoi, alors que le retour à un passé idéalisé est institué en mode de pensée dominant ?

Chercher des solutions aux difficultés des élèves : comment, si l’économie de moyens devient la priorité nationale ?

Réfléchir à l’évolution de nos disciplines : le quotidien est déjà tellement  saturé, où trouver encore le temps de prendre un peu de distance ?

Si nos associations pédagogiques et de spécialistes ne soutiennent pas activement le CRAP et le GFEN, elles se sabordent.

Nous affirmons que la construction des apprentissages et des savoirs par des élèves actifs doit rester une priorité, que les compétences et les connaissances ne sont pas des objets inertes figés dans un socle bétonné, que les élèves sont des êtres humains qui ont, tous et chacun, droit à une éducation nationale, et que certains en ont encore plus besoin que d’autres.

Nous lançons un appel à la résistance, au militantisme, à l’action collective.

Mobilisez-vous pour le CRAP et le GFEN, mobilisez-vous pour votre association, mobilisez-vous pour vous et pour nous !

                                                      
                            Le Conseil d’Administration de l’AFEF

Soumis par   le 08 Juillet 2010