REVUES
Revue des sciences humaines, « Les savoirs littéraires », n° 324, coordonné par Dominique Viart & Adélaïde Russo, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2016-4 (198 p., 27 €)
La Revue des sciences humaines se penche sur un aspect essentiel de la littérature contemporaine : sa transitivité, son dialogue avec les sciences humaines, autant d’indices de la sortie de la clôture du texte, de la fin du piège du linguistic turn, mais d’une une sortie qui n’est pas régression. Dominique Viart, coordonnateur de ce numéro, avait dans La littérature française au présent[1] déjà souligné que cette nouvelle littérature qualifiée de déconcertante se saisissait de questions décisives pour notre temps en « digne héritière du soupçon ». En l’occurrence, il s’agit de cerner plus précisément les « savoirs littéraires » mis en jeu par la littérature contemporaine : quels sont ces savoirs ? Comment s’opère leur médiatisation littéraire ? Pour quels effets ? Jean Kaempfer dans l’article « Le Savoir rhétorique » pose clairement l’objectif animant tout le recueil : « Pour savoir ce que la littérature fait savoir et comment elle le fait, en tant que littérature »[2].
Dans la première section, les œuvres convoquées d’Annie Ernaux, Laurent Mauvignier, Maylis de Kérangal, Élisabeth Filhol, font la part belle aux savoirs des sciences sociales mais on comprend vite qu’il ne s’agit pas de prélever la part des savoirs déplacés dans le champ du littéraire mais d’appréhender comment le littéraire se nourrit de ces savoirs et comment s’en nourrissant elle fait savoir, elle fait ça voir. Cette heureuse formule d’une déictique du savoir vient de l’article de Karin Schwerdtner à propos du récit Ce que j’appelle oubli de L. Mauvignier qui donne à sa-voir la figure sociologique du pauvre. Nathalie Froloff révèle dans le creuset de l’écriture d’A. Ernaux les capillarités entre thérapie psychiatrique et salvation confessionnelle. Sylviane Coyault met en regard deux romans, Réparer les vivants de Maylis de Kérangal, et La Centrale d’É. Filhol pour analyser l’infusion du documentaire dans le récit littéraire et constate une commune transfiguration de la représentation du réel par le mythe. Les savoirs littéraires s’affichent sans complexes ni cautions, en prise directe avec la complexité du réel, sa technicité même parfois, ainsi que le met en relief Sylvie Vignes à propos de Naissance d’un pont, autre opus de M. de Kérangal.
La seconde section privilégie la littérature qui permet des questionnements épistémologiques sur le rapport aux savoirs, notamment à l’encyclopédisme ou plus récemment aux datas numériques. Nathalie Piégay met ainsi en valeur l’œuvre de Jean-Yves Jouannais qui dans la filiation de Bouvard et Pécuchet défait toute ambition de maitrise de la totalité des savoirs. Muriel Pic permet de comprendre que la littérature de montage selon Christian Prigent n’est pas seulement dénonciation de l’ineptie de savoirs saisissant le réel mais aussi activation du « t’as qu’à savoir » : le lecteur de Prigent est tenu à mener une enquête, et non son simulacre ; il doit démonter et remonter ce qu’il lit, ces activités étant menées dialectiquement pour faire émerger l’impie de la fiction cachée dans ce qu’on nous donne à lire, à voir, au quotidien. Laurent Demanze met au jour les ressources documentaires de l’écrivain passé des archives et documents aux datas, aux données numériques : c’est le cas d’Emmanuelle Pireyre dans Féérie générale qui vante la pensée taxinomique, le classement, le paradigme versus la narration, le syntagmatique, mais paradoxalement elle le fait au motif d’un désir de désordre, d’agencement alternatif par opposition à la mise en ordre du réel par le narrateur qu’est le récit selon elle. D’où la stimulante hypothèse que les nouvelles pratiques cognitives des datas infléchiraient l’esthétique.
La troisième section réunit une littérature qui met en scène des figures de sachant, de sage, qui trahissent l’ethos de l’autorité savante (voir la belle analyse de la figure du sage dans l’œuvre de Chamoiseau par Hannes de Vriese) à une littérature qui est le lieu fictionnel d’expériences favorisant la compréhension plus fine, plus intime de certains processus cognitifs. Anne Mairesse révèle la perception des mécanismes d’une appréhension genrée du monde à travers deux œuvres littéraires : soit par la négative grâce à l’indifférenciation apparente des genres chez Anne Garetta, soit par le choix d’une inversion systématique du genre entre l’écrivaine et le narrateur masculin, opéré par Lydie Salvayre, à l’exception de l’autofiction Portrait de l’écrivain en animal domestique qui est le lieu de métamorphe en une espèce animale : l’expérience fictionnelle met au jour la violence des rapports de force et l’animalité constitutive de l’humanité. L’écriture sociale de Reinhart propose une autre modalité d’expérience du monde du travail dans l’économie libérale, selon Gaspar Turin : le savoir sociétal n’est pas mis en discours, n’est pas théorisé mais se laisse saisir par des expériences de lecture via le personnage récurrent de la DRH ; son déplacement latéralisé et fluide à l’intérieur d’un système pyramidal réfléchit l’expérience du lecteur cheminant dans un texte subsumé par des pôles opposés ; s’il n’y a pas de centre ni de clef dans ce système socio-économique il n’empêche que le pouvoir conféré au lecteur de le parcourir fictionnellement ouvre à un certain savoir, à une prise de conscience de l’existence de ce système, de ses modes de fonctionnement, d’aliénation et d’exclusion. La présence de l’article de Carol Murphy sur Stupeurs et tremblements peut surprendre, déjà parce qu’il n’y a pas de savoirs savants repérables en tant que tels dans le récit, ensuite parce que l’auteure n’explicite pas ses apports à la problématique de la Revue. Cependant l’article liminaire de D. Viart éclaire le lecteur sur le choix d’une œuvre qui précisément se dérobe aux savoirs des sciences humaines relatifs à la sociologie de la souffrance au travail pour aller puiser dans l’intertexte camusien aux référents mythologiques une réflexion sur la condition humaine accomplissant les tâches d’un Sisyphe.
À l’heure où les nouveaux programmes du collège nous incitent à une approche moins formaliste et générique des textes littéraires mais plus existentielle, voire anthropologique, ces réflexions sont fécondes pour l’enseignant ne serait-ce que parce qu’elles se fondent sur un corpus d’œuvres qui auraient toute leur place à l’école. Mais là où la Revue permet d’aller plus loin c’est qu’elle ouvre la voie à un travail dialectique de décontextualisation/recontextualisation des textes et de leurs référents. La structuration en trois parties de RSH pourrait en didactique de la littérature se décliner en trois objectifs : apprendre comment la littérature incorpore les savoirs ; distancier les rapports aux savoirs ; vivre des expériences de savoirs littéraires.
Geneviève DI ROSA
Revue de l’AFAÉ (Association française des acteurs de l’éducation), « Qu’est-ce qu’apprendre ? », n° 152, coordonné par Martine Caraglio & Philippe Claus, 2016 (20 €)
Ce numéro de la revue de l’AFAÉ aborde plusieurs questions : le rapport lecture et fonctionnement du cerveau, le raisonnement et apprentissages des sciences, l’apprentissages scolaires et non scolaires avec le numérique, apprendre à l’école maternelle, « apprendre par le corps » ou comment associer climat et réussite scolaire, apprendre pour réussir : ensemble ou séparés ?
Au sommaire, après l’éditorial signé par les coordinateurs du dossier, les contributions de Olivier Houdé « Pour une pédagogie scientifique : allers-retours du labo à l’école » ; d’Emmanuel Ahr « La lecture et le fonctionnement du cerveau pour une “neuropédagogieˮ de la lecture » ; de Grégoire Borst « Raisonnement et apprentissages des sciences : résistance cognitive, heuristiques et conceptions naïves » ; d’André Tricot « Apprentissages scolaires et non scolaires avec le numérique » ; de Michèle Kail « La plasticité : une clé pour les apprentissages langagiers tout au long de la vie » ; de Jean-Marie Forget « Apprendre, est-ce une question de savoir, de place, d’identité pour l’enfant ? » ; d’Amine Amar « Variations sur l’existence (ou non) de l’obligation d’apprendre » ; de Viviane Bouysse « Apprendre à l’école maternelle » ; de Dominique Rojat « Quelles conceptions des apprentissages sous-tendent les programmes de sciences de la vie et de la terre ? » ; de Francis Goullier « Quelles conceptions des apprentissages sous-tendent les programmes de langues vivantes en France et en Europe ? » ; d’André Canvel « “Apprendre par corpsˮ ou comment associer climat et réussite scolaire » ; « Des entretiens » menés par Martine Caraglio & Philippe Claus ; de Jean-Marc Huart « Apprendre tout au long de la vie » ; de Philippe Lesoil « La stratégie de changement et la question de l’apprentissage tout au long de la vie » ; d’Alain Michel « Comment apprend-on ? La recherche au service de la pédagogie » ; de Guillaume Lion « Former à distance, l’expérience de “m@gistèreˮ » ; de Martine Caraglio & Philippe Claus « Quelles conceptions des apprentissages sous-tendent les évolutions de notre système éducatif ? » ; de Catherine Moisan « Apprendre pour réussir : ensemble ou séparés ? »... Plus les chroniques de Marc Bablet « Mots de l’éducation » et les notes de lecture.
JD
La nouvelle revue de l’adaptation et de la scolarisation, « Apprenants en difficulté en littératie : enseignement et apprentissage », n° 76, dirigé par France Dubé & Chantal Ouellet, éditions de l’INSHEA, 2017 (264 p., 18 €)
Dans ce dossier sont abordés les deux thèmes de l’enseignement et de l’apprentissage auprès des élèves à risque et en difficulté. Les articles présentés portent sur ces deux processus, de même que sur les liens à établir entre eux, tout particulièrement au regard de la littératie. Après la présentation du dossier de France Dubé & Chantal Ouellet, le sommaire comprend les articles de Catherine Turcotte, Nathalie Prévost & Frédérique Benjamin « Continuité dans les expériences d’apprentissage de l’écrit entre la maternelle et la 1ère année du primaire en milieux défavorisés » ; de France Dubé, Lyne Bessette & Chantal Ouellet « Développer la fluidité et la compréhension en lecture afin de prévenir les difficultés » ; d’Anila Fejzo, Lucie Godard & Line Laplante « Les effets d’une intervention en conscience morphologique sur l’orthographe lexicale chez des élèves arabophones. Élèves scolarisés en français dans le 2ème cycle du primaire en milieu défavorisé » ; de Brigitte Stanké, Marie-Andrée Ferlatte & Stéphanie Granger « Apprentissage avec erreurs et sans erreur de l’orthographe lexicale. Impact auprès d’élèves du primaire bons et faibles orthographieurs » ; de Nathalie Chapleau, Kathy Beaupré-Boivin, Rihab Saidane & Anila Fejzo « Portrait des connaissances et des capacités de conscience morphologique d’élèves présentant des difficultés d’apprentissage en orthographe lexicale » ; de Rebeca Aldama, Céline Chatenoud, Catherine Turcotte & Caroline Denaes « Découvrir le potentiel en lecture des élèves avec Déficience intellectuelle légère (DIL) à l’aide d’une méthode d’évaluation dynamique et innovante » ; de Sylviane Guihard-Lepetit « Connaissance du nom des lettres : comparaison d’enfants non lecteurs avec déficience intellectuelle bénéficiant d’une Ulis école et d’enfants de Grande section de maternelle » ; de Marie-Hélène Giguère, Catherine Turcotte & Marie-Julie Godbout « Une démarche d’accompagnement pour structurer l’enseignement des stratégies de compréhension en lecture » ; de Chantal Ouellet, Amal Boultif & France Dubé « Comprendre les textes dans différentes disciplines : des défis à relever pour des étudiants de l’enseignement pré-universitaire et technique » ; de France Dufour, Nancy Granger & Hélène Meunier« Le développement de la compétence à écrire en formation initiale : perceptions de futurs enseignants auprès d’élèves en difficulté ».
Au-delà du dossier thématique, quatre chroniques suivent : i) à « L’international » avec Izabel Abreu Kisil & Rinaldo Voltolini, « Ouvrir la porte par le dedans : ponctuations sur la scolarisation inclusive des enfants psychotiques » ; ii) en « Études et formations », Charles Gardou pour « Redonner au handicap sa dignité par la pensée. Qu’ai-je appris et tenté d’élaborer pour le transmettre ? » ; iii) concernant les « Ntic », Didier Flory « Pour une école numérique, écologique et citoyenne » ; iv) à propos des « Politiques et institutionséducatives », Florence Savournin & Frédéric Detchartsur « Les élèves perturbateurs au collège : des pratiques enseignantes inclusives ».
JD
LINX, « Énonciation et marques d’oralité dans l’évolution du français », n° 73, dirigé par Amalia Rodríguez Somolinos, 2016-2, Presses universitaires de Paris-Nanterre (216 p., 15 €)
Au sommaire de ce numéro essentiel, les articles de Amalia Rodríguez Somolinos « Perception visuelle, inférence et polyphonie : de il pert que à il paraît que » ; de Sonia Gómez-Jordana Ferary « Qui dit amoureux, dit triste : syntaxe et sémantique du marqueur Qui dit X, dit Y du français préclassique au français contemporain » ; d’Évelyne Oppermann-Marsaux « Le développement du marqueur discursif écoute/écoutez du moyen français jusqu’au français classique » ; de Marta Saiz-Sánchez « L’évolution des marqueurs de type si ferai je, non ferai (XVIe - XVIIIe siècle) ; d’Elena Llamas-Pombo « Ponctuation médiévale, pragmatique et énonciation. Lire l’Ovide moralisé au XIVe siècle » ; de Dominique Lagorgette « Jurons et blasphèmes dans quelques textes des XIVe et XVe siècles : représentations de l’oralité et transgression » ; de Corinne Denoyelle « L’emploi des termes d’adresse dans l’œuvre de Jean Bodel ».
À lire également les deux numéros suivants de la revue LINX, parus en 2017 : le 74 (2017-1) : « Claudine Normand, une vie dans le langage », dirigé par D. Ablali & F. Sitri ; le 75 (2017-2) : « Imaginaires de la ponctuation. Ordre et inquiétude du discours », dirigé par S. Bikialo & J. Rault... sur lesquels nous reviendrons pour des comptes rendus plus complets.
JD
Lidil, « La phrase en production d’écrits, approches nouvelles en didactique », n° 54, dirigé par Catherine Boré, 2016 (218 p., 16 €)
Le point de départ de ce numéro provient des questions récurrentes que se posent tant les praticiens de l’école que les chercheurs en linguistique et didactique sur les moyens de décrire l’organisation des écrits d’élèves : la phrase est-elle l’unité pertinente pour rendre compte des textes et de la textualité en général dans ces écrits en construction que sont les productions scolaires ? Le numéro se donne également pour but de faire un point sur ce que les propositions théoriques consacrées à la notion de phrase peuvent apporter à la didactique de la production écrite. Les articles restituent plusieurs enquêtes ou études de cas montrant le rôle déterminant, surtout pour les plus jeunes, d’un enseignement de la phrase syntaxique avant la phrase graphique et l’acquisition de la ponctuation. Le dossier aborde aussi des points de vue alternatifs en proposant de recourir aux enseignements de la macrosyntaxe ou d’adapter à l’écrit la mise en grille de l’oral issue des travaux de Claire Blanche-Benveniste pour « travailler » la phrase dans le texte. Au-delà de la présentation de la coordinatrice, le sommaire présente les travaux de Florence Chenu & Émilie Ailhaud « La phrase : de la maitrise de ses conventions graphiques à sa pertinence cognitive » ; de Nathalie Rossi-Gensane & Véronique Paolacci « La segmentation des écrits d’élèves à l’école et au collège : quel rôle pour la phrase ? » ; de Marie-Laure Elalouf, Patrice Gourdet & Danièle Cogis « Le verbe et la phrase dans des définitions d’élèves : entre production et conceptualisation - ce qu’ils font et ce qu’ils “disentˮ » ; de Pascale Lefrançois, Isabelle Montésinos-Gelet & Dominic Anctil « La conception de la phrase chez les enseignants et les élèves québécois du primaire » ; de Marie-Noëlle Roubaud « La phrase à l’épreuve des textes scolaires (élèves de 5 à 8 ans) » ; de Catherine Boré & Catherine Bosredon « La phrase dans le texte. L’exemple de phrases de dialogue dans un corpus d’école élémentaire » ; de Marie-Laure Elalouf « De la production à la segmentation du texte en phrases, quels outils d’analyse pour l’enseignant ? » ; de Béatrice Gerlaud « La phrase : entité insaisissable au lycée ? ».
Et en « Varia », les deux contributions complémentaires de Grâce Ranchon & Maude Vadot « “Le patient s’appelle Anna Dubrovnik.ˮ Proposition méthodologique pour l’étude de la dimension “genreˮ dans les manuels de français pour allophones » et de Anne-Christel Zeiter & Chiara Bemporad « Identité et investissement dans l’acquisition des langues. Une traduction de l’introduction d’Identity and Language Learning de Bonny Norton (2013) ».
JD
Langage & Société, « Langues, langages et discours en sociétés. La revue a 40 ans », n° 160-161, dirigé par Josiane Boutet, 2017 (384 p., 33 €)
Ce numéro double célèbre les 40 ans de la revue et propose vingt contributions dans les domaines de la sociolinguistique, de l’analyse du discours, de l’analyse conversationnelle, de l’anthropologie du langage et de la sociologie du langage. Après l’introduction signée par Josiane Boutet, deux parties se succèdent. La partie 1 sur les « Débats dans les approches sociales du langage, des langues et des discours », comprend les études de J. Boutet, « La pensée critique dans la sociolinguistique en France » ; d’Alexandre Duchêne, « Sciences sociales et sociolinguistique : disciplines, alternatives, conversations et critiques » ; de Philippe Hambye, « Langues et discours comme objets sociologiques : une illustration en sociologie de l’éducation » ; de Françoise Gadet, « Variation delectat : variation et dialinguistique » ; de Michael Silverstein, « “Forty years of speaking (of) the same (object) languageˮ – sans le savoir » ; de James Costa, « Faut-il se débarrasser des “idéologies linguistiquesˮ ? » ; de Dominique Maingueneau, « Parcours en analyse du discours » ; de Johannes Angermuller, « Renouons avec les enjeux critiques de l’Analyse du Discours. Vers les Études du discours » ; de Johannes Angermuller et Marc Glady, « La sociologie du langage. Perspectives d’un champ émergent ». La partie 2, « Problématiques, objets émergents et questions vives », s’organise autour des travaux de Lorenza Mondada, « Nouveaux défis pour l’analyse conversationnelle : l’organisation située et systématique de l’interaction sociale » ; de Christine Develotte et Marie-Anne Paveau, « Pratiques discursives et interactionnelles en contexte numérique. Questionnements linguistiques » ; de Thierry Guilbert & Frédéric Lebaron, « L’économie des mots et les mots de l’économie : analyse sociodiscursive des discours des dirigeants de la Banque centrale européenne » ; de Paul Chilton, « Toward a neuro-cognitive model of socio-political discourse, and an application to the populist discourse of Donald Trump » ; d’Isabelle Léglise, « Multilinguisme et hétérogénéité des pratiques langagières. Nouveaux chantiers et enjeux du Global South » ; de Jean Léo Léonard, « Écologie (socio)linguistique : évolution, élaboration et variation » ; d’Élisabeth Stark, « Pertinence de l’analyse grammaticale en linguistique variationnelle » ; de Luca Greco, « La performance au carrefour des arts et des sciences sociales : quelles questions pour la sociolinguistique ? » ; de Cécile Canut, « Anthropographie filmique. Vers une sociolinguistique politique » ; de William Kelleher, « Les Linguistic Landscape Studies » ; de Michelle Auzanneau & Cyril Trimaille, « L’odyssée de l’espace en sociolinguistique ».
Toutes les informations utiles sont sur le site de Langage & Société <http://www.langage-societe.fr> ; et sur celui de Cairn pour l’achat d’article(s) <http://www.cairn.info/revue-langage-et-societe.htm>.
JD
Langages, « Du quantitatif au qualitatif en diachronie : prépositions françaises », n° 206, dirigé par Peter Blumenthal & Denis Vigier, Paris, Armand Colin (168 p., 18 €)
Ce numéro présente un premier éventail des résultats linguistiques issus du programme de recherche franco-allemand PRESTO et permet de se faire une idée précise des corpus, méthodes et outils qui y ont été utilisés. Au sommaire de ce numéro, les articles de Sascha Diwersy, Achille Falaise & Marie-Hélène Lay, et al. « Ressources et méthodes pour l’analyse diachronique » ; de Danielle Leeman& Achille Falaise « Les prépositions devant les noms de région et de département français » ; de Benjamin Fagard & Karolina Krawcza « Les prépositions à et de et la complémentation verbale » ; de Michel Charolles, Sascha Diwersy & Denis Vigier « Évolution des emplois des marqueurs de topiques de discours dans Le Figaro de la fin du XIXe et du début du XXIe siècles » ; de Denis Vigier « La préposition dans au XVIe siècle. Apports d’une linguistique instrumentée » ; de Peter Blumenthal « D’une encyclopédie à l’autre. L’ascension des locutions prépositionnelles » ; de Corinne Rossari & Claudia Ricci « Les groupes prépositionnels avec conséquent/conseguente et conséquence/conseguenza et leur usage de connecteur. Une approche combinée quantitative et qualitative permet-elle de dégager des régularités ? ».
Les articles sont disponibles sur le site de l’éditeur <http://www.revues.armand-colin.com/lettres-langues/langages/langages-ndeg-206-22017>.
JD
Dossiers HEL, « Écriture(s) et représentations du langage et des langues », n° 9, dirigé par Julie Lefebvre & Christian Puech, et al., 2016 (212 p., en ligne)
Cette revue du Laboratoire d’histoire des théories linguistiques (UMR 7597 CNRS, universités Paris Diderot et Paris 3 – La Sorbonne Nouvelle) propose un imposant dossier correspondant aux actes du colloque de la SHESL-HTL qui s’est tenu les 25-26 janvier 2013 à Paris. Sans souci d’exhaustivité, les quarante contributions rassemblées ici soulignent toutes à leur manière le chiasme de représentations en miroir. Elles en examinent, dans différentes traditions et à différentes époques, plusieurs dimensions et restituent les débats auxquels il a pu donner lieu. Entre histoire des systèmes graphiques (James Février, Marcel Cohen, par ex.), typologies d’allures structurales (Gelb, par ex.) et études des processus cognitifs à l’œuvre dans l’acte d’écrire, le continent écriture offre depuis longtemps (cf. Françoise Desbordes, par ex.) aux sciences du langage un champ d’étude à la fois éclaté, divers et pourtant aussi récurrent. Si l’on ne se focalise pas exclusivement en la matière sur la normalisation orthographique et ses avatars, on se rend compte que bien des descriptions/théorisations de la langue (dans des grammaires, des traités, des manuels, des essais, etc.) sont aussi et d’un même mouvement des théorisations de l’écriture… et réciproquement. Le sommaire abondant comprend cinq parties.
La première sur les « Représentations de l’écrit et de l’écriture », avec les contributions de Françoise Bottéro, « Théories chinoises de l’écriture » ; de Sergueï Tchougounnikov, « L’écriture et le graphisme à l’ère de la linguistique psychologique » ; de Pierre-Yves Testenoire, « Sur la conceptualisation de la “langue écriteˮ dans les théorisations linguistiques du début du XXe siècle » ; de Margarita Schoenenberger, « Le statut théorique et la place de l’écrit dans les descriptions du russe contemporaines (d’après les travaux de linguistes soviétiques et postsoviétiques à partir des années 1960) » ; de Grégory Miras, « Facteurs environnementaux et représentations sur la lecture-écriture. Une étude transdisciplinaire : musique, parole et langue des signes ».
La seconde partie interroge « L’écriture des linguistes », avec les études de Francis Tollis, « Variations de l’écriture et diversité typologique : l’approche du vocable chez Gustave Guillaume à la lumière de sa théorie des intégrales constitutives du langage » ; d’Emanuele Fadda, « Graphes, diagrammes, langue et pensée chez C.S. Peirce » ; de Dominique Ducard, « La formalisation dans la théorie des opérations énonciatives : formes, formules, schémas » ; d’Irène Fenoglio, « Processus d’écriture sur les manuscrits de linguistes ».
La troisième section interroge « L’espace graphique comme ressource », avec les travaux de Marie-Luce Demonet, « Rhétorique de l’écrit imprimé à la Renaissance » ; de Cendrine Pagani-Naudet, « Le “bel ordreˮ de Laurent Chiflet - Espace graphique et description linguistique » ; de Christophe Leblay & Gilles Caporosi, « La dynamique d’écriture dans la description linguistique. Nouveaux modes de visualisation de l’écriture enregistrée » ; de Béatrice Godart-Wendling & Antonio Mosca, « Dis, comment faire pour lire ça ? Écriture et graphisme dans les formalismes contemporains » ; de Manuel Gustavo Isaac, « L’idéographie : une écriture de la pensée entre syntaxe et sémantique ».
La quatrième partie distingue les « Unités linguistiques/unités graphiques », avec les articles de Federico Albano Leoni & Emmanuele Banfi, « À propos du rapport entre théories phonologiques et modèles d’écriture » ; de Brigitte Garcia, « Scripturisation, grammatisation et modélisation linguistique à la lumière du cas des langues des signes » ; d’Adèle Jatteau, « L’aspiration entre phonologie, écriture et analyse grammaticale en Grèce ancienne » ; de Camiel Hamans, « The natural Hebrew alphabet according to Francis Mercury van Helmont » ; d’Elena Simonato, « La phonologie au pays des Kabardes » ; d’Antonio Baroni, « Constraint interaction and writing systems typology » ; de Laurent Balon, « Les unités graphiques de l’ancien et du moyen français : un lieu d’observation privilégié pour une meilleure approche des phénomènes de lexicalisation et de grammaticalisation du français ? » ; de Rossana De Angelis, « De l’objet linguistique à l’objet d’écriture » ; de Stefan Goltzberg, « Système d’écriture, littéralité, herméneutique biblique et talmudique ».
La cinquième et dernière partie revient sur la distinction « Oralité/écriture », avec les contributions d’Isabelle Klock-Fontanille, « Les scribes hittites au service de la restauration du hatti » ; de Yishaï Neuman, « L’évolution de l’hébreu écrit sans hébreu parlé et ses effets sur les langues vernaculaires » ; d’Ekaterina Alexeeva, « D’une langue parlée à une langue écrite. Le cas des Allemands de la Volga à la fin du XVIIIe siècle - première moitié du XXe siècle » ; de Marli Quadros-Leite, « L’influence de l’oralité sur la formation de la norme linguistique : analyse de la place des pronoms atones dans la grammaire de la langue portugaise » ; de Claudia Savina Bianchini, « Regard sur la nature de SignWriting (SW), un système pour représenter les langues des signes (LS) » ; de Carita Klippi, « La parole écrite au lendemain de la Première Guerre mondiale. Variation sociale, littératie tronquée ou résidu diglossique » ; de Claire Doquet, « Oralité et écriture dans des manuels de grammaire pour l’école primaire ».
Les articles sont disponibles sur le site HEL < http://htl.linguist.univ-paris-diderot.fr/hel/dossiers/numero9>.
JD
Langue française, « Les constructions comme unités de la langue : illustrations, évaluation, critique », n° 194, dirigé par Dominique Legallois & Adeline Patard, Paris, Armand Colin (150 p., 18 €)
L’apport essentiel de ce numéro de Langue française réside dans l’éventail des unités analysées : des constructions syntaxiques schématiques aux unités plus phraséologiques, mais aussi des unités qui ne relèvent pas à proprement parler de la syntaxe (conditionnel, liaison). Les positionnements des chercheurs sont également variés ; ils permettront aux lecteurs intéressés par ces paradigmes de se forger un avis. Dominique Legallois & Adeline Patard propose une présentation argumentée qui reprend le titre générique : « Les constructions comme unités de la langue : illustrations, évaluation, critique ». Suivent les contributions de Dominique Legallois « Pour une conception constructionnelle de la transitivité » ; de Pierre Jalenques « Le passif en français est-il une construction, au sens des grammaires de construction ? » ; de Gilles Corminboeuf & Frédéric Gachet « “Moi, me moquer !ˮ Une construction infinitive à valeur exclamative » ; de Takuya Nakamura « Extensions transitives de constructions spécificationnelless » ; de Niek Van Wettere & Peter Lauwers « La micro-constructionnalisation en tandem : La copularisation de tourner et virer » ; d’Adeline Patard « Du conditionnel comme constructions ou la polysémie du conditionnel » ; de Loïc Liégeois « Acquisition des liaisons nominales et verbales : De la lexicalisation à l’abstraction des constructions ».
On lira avec un égal intérêt le volume précédent de Langue française, consacré à « La deixis en français : explorations multimodales », dirigé par Jérôme Jacquin (n° 193 de mars 2017). Les articles sont disponibles sur le site de l’éditeur <http://www.revues.armand-colin.com/lettres-langues/langue-francaise/lan…;.
JD
Annonce : Recherches sur le français parlé – 1977 à 2004.
La revue Recherches sur le français parlé a été fondée à l’université de Provence (désormais Aix-Marseille Université) autour de Claire Blanche-Benveniste et du Groupe Aixois de Recherche en Syntaxe (GARS). Elle compte dix-huit numéros allant de 1977 à 2004. En 1977, lancer une telle publication portant sur le français parlé représentait un pari audacieux, car rares étaient les études prenant pour objet le français parlé et il fallait une bonne dose de courage pour se lancer dans une telle aventure. Tous les numéros sont aujourd’hui disponibles au format PDF, soit en version intégrale, soit par article. Il s’agit de documents qui ont été scannés. Les données sont également accessibles en mode image au format TIFF. Les versions XML-TEI seront mises à disposition au fur et à mesure de leur relecture et pourront ainsi servir de corpus ou être simplement utilisés pour la lecture. L’intégralité des articles peut être consulté à <https://repository.ortolang.fr/api/content/recherches-francais-parle/v1/Site_rsfp/index.htm>.
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