Notes de lecture - Chantal LAPEYRE - Le Français aujourd’hui n° 207, « Quelle place pour la culture des élèves en classe ? »
REVUES
INTERLIGNES, revue de l’Association des PLP Lettres-Histoire de l’académie de Versailles, n° 49, juin 2019, https://lettres-histoire.ac- versailles.fr/spip.php?rubrique2
Si la mission première du lycée professionnel est bien évidemment la préparation des jeunes à un métier et à leur insertion professionnelle, elle ne se limite pas à cette finalité. Sinon pourquoi donner une formation scientifique à de futurs vendeurs ? Pourquoi proposer à tous une culture littéraire, artistique ? Pourquoi leur offrir des activités physiques et sportives ? C’est dire que le lycée professionnel est là pour former aussi l’homme et le citoyen ! Cette tension entre ces différentes finalités, la plupart des disciplines d’enseignement la vivent. Le PLP lettres (lettres-histoire ou langue vivante-lettres) est-il un professeur de communication préparant à la vie, à l’insertion professionnelle ou un professeur de culture initiant aux œuvres, en particulier littéraires ? Comment ces professeurs concilient-ils finalités culturelles et finalités plus fonctionnelles ? Comment naviguent-ils entre les œuvres et les textes affichés dans les programmes et les pratiques sociales des élèves et de leurs familles ? Entre les ambitions des programmes et les leurs, parfois divergentes ? Entre la culture de l’école et celle de l’entreprise ?
Ce numéro aborde ces questions après s’être interrogé sur ce que l’on met derrière le mot « culture ». Au sommaire : « Vous avez dit culture(s) ? » par Françoise Bollengier et Françoise Girod ; « Culture et apprentissage des métiers au lycée professionnel » par Maryse Lopez ; « Culture, représentations croisées : élèves et professeurs stagiaires » par Florence Guittard ; « La génération Z et “la cultureˮ » par Alain Clech et Stéphane Prouteau ; « Les nouvelles pratiques culturelles des Français : enquête » par Françoise Bollengier ; « Lire les grands classiques au lycée professionnel » par Bruno Girard ; « Culture et entreprise : une relation contrariée ? » par Christine Eschenbrenner ; « “Écrire le travailˮ : un premier prix au concours ! » par Kevin Zanotti ; « La Shoah : quand les élèves partent à la recherche de traces et témoignages » par Clément Bouchereau ; « Le théâtre des Amandiers : projet découverte avec les élèves » par Audrey Garcia ; « “Zique à l’écoleˮ vient au lycée professionnel » par Laurence Mengelle ; « Construire un musée imaginaire en chaque élève » par Javier Garcia ; « Chiche ! On saute des lignes et on lit Maupassant » par Pierre Brunet ; « Quelle lectrice, quel lecteur je suis ? », témoignages de professeurs.
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LINX, « La Linguistique des genres en actes et en questions », n° 78 dirigé par Christophe Gérard & Julie Glikman, 2019, https://journals.openedition.org/linx/2892
Ce volume entièrement en ligne et en libre accès présente un imposant dossier. Après la présentation argumentée de Julie Glikman et Christophe Gérard, le sommaire propose huit contributions parfaitement articulées : « Linguistique des genres : objet et méthode. Statut culturel des genres et variétés génériques » par Christophe Gérard ; « Traduire un texte sacré. Analyses syntaxiques de la Bible anglo-normande » par Thierry Revol ; « Traces linguistiques d’interactions avec les genres dans le sonnet romantique “When I have fearsˮ de John Keats » par Stéphane Kostantzer ; « Genres et jeux de regards dans Trifles, pièce en un acte, et son adaptation en nouvelle “A Jury of her Peersˮ » par Marie-Pierre Maechling ; « Oral représenté et narration en ancien français. Spécificités syntaxiques dans trois textes de genres distincts » par Nicolas Mazziotta & Julie Glikman ; « Genre et classification automatique en TAL : le cas de genres journalistiques » par Amalia Todirascu ; « Le genre du conte et la temporalité : le cas du connecteur and dans les contes de Joseph Jacobs » par Héloïse Perbet ; « Jeux de mots, jeux de langue(s) et genres discursifs – “Nos chers disparusˮ » par Albert Hamm.
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GENESIS, revue de critique génétique de l’ITEM, dossier « Écritures jeunesse », dirigé par Christine Collière-Whiteside & Karine Meshoub-Manière, n° 48, juin 2019 (208 p., 33 euros)
Ce numéro comporte un dossier original de qualité, avec nombre d’auteurs connus des lecteurs de notre revue. Ce dossier a pour ambition de monter qu’écrire pour un jeune public pose un certain nombre de questions qui intéressent le généticien. Tout d’abord, parce que l’analyse des documents de genèse permet de mettre au jour la place et le statut du lectorat dans le processus créatif : à quel moment l’auteur se soucie-t-il de son jeune lecteur ? Le parcours de l’œuvre en est-il infléchi ? Ensuite, parce que les brouillons d’écrivains pour la jeunesse interrogent le généticien sur les rapports qui se tissent entre les différents partenaires : auteur, illustrateur (les deux pouvant n’être qu’une seule et même personne ou être le fruit d’une collaboration), éditeur, médiateur en charge de la valorisation des archives. Enfin, les documents de genèse d’œuvres célèbres de la littérature pour la jeunesse sont un médium remarquable en didactique de la lecture et de l’écriture, en langue maternelle comme en langues étrangères, pour développer une posture d’auteur chez les apprenants, car cette littérature a pour avantage de proposer des brouillons abordables par des enseignants débutants.
Après la présentation, « Pour une génétique de la littérature d’enfance et de jeunesse », composée par les deux coordinatrices, Christine Collière-Whiteside et Karine Meshoub- Manière, le volume comprend plusieurs parties et les articles correspondants. Dans la partie « Enjeux » : « Épigenèse et littérature pour enfants. À propos des contes des frères Grimm » par Vanessa Joosen, Vincent Neyt et Dirk Van Hulle ; « La Comtesse de Ségur ou l’universel du dialogue » par Catherine Boré. Dans la partie « Études » : « Transformations poétiques dans Les Mots secrets de Louise Dupré » par Annie Tanguay ; « Roald Dahl auteur- illustrateur : de l’image au texte, les débuts de la genèse de Fantastic Mr Fox » par Christine Collière-Whiteside ; « Genèse du récit maghrébin pour enfants. Le cas de Mohammed Dib » par Guy Dugas ; « Sur les traces de Liberté, Égalité, Fraternité d’Agnès Rosenstiehl » par Karine Meshoub-Manière. Dans les « Entretiens » : « Jean-Pierre Robert, De Maryam, fille de Djibouti à Amina la migrante : des réécritures en action pour le français langue étrangère » par Evelyn Rosen ; « Rachel White, La valorisation des archives du Roald Dahl Museum and Story Centre : de la conservation à l’exploitation didactique » par Christine Collière-Whiteside. Dans les « Inédits » : « Dans l’atelier d’Yvan Pommaux - Quand texte et image construisent l’album » par Solène Audebert-Poulet ; « Christian Voltz, Heu-reux » par Karine Meshoub-Manière. Dans les « Chroniques » : « Archives génétiques de littérature pour la jeunesse » par Christine Collière-Whiteside ; « La Kerlan Collection à l’Université du Minnesota » par Lisa Von Drasek ; « Brouillons d’illustrateurs au Centre de l’illustration de la médiathèque André Malraux » par Élise Canaple ; « Seven Stories, le Centre national du livre pour enfants, Royaume-Uni » par Kristopher McKie et Lucy Pearson. Et enfin, en « Varia » : « “À utiliser selon l’humeurˮ. Images littéraires et recyclage dans les manuscrits d’Andersen » par Ane Grum-Schwensen ; « Pour une génétique de l’improvisation musicale. Seconde partie : Éléments méthodologiques et typologie de cas d’études » par Clément Canonne et Martin Guerpin. Le volume se clôt sur les « Chroniques », les « Comptes rendus » et la « Bibliographie génétique de janvier-décembre 2018 ».
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CAHIERS DE LINGUISTIQUE, « L’image des langues - Vingt ans après », n° 45 dirigé par Maud Dubois, Alain Kamber & Marinette Matthey, juin 2019, Louvain- la-Neuve, EME éditions (270 p., 25 euros)
Les articles de ces Cahiers de linguistique reprennent plusieurs communications présentées lors d’un colloque qui eut lieu à l’université de Neuchâtel en novembre 2017, dans le cadre du 125ème anniversaire de l’Institut de langue et civilisation française. Il est composé de trois parties articulées. La première propose de passer « Du cadre politique à l’individu apprenant ». Elle comprend trois études « Compter les langues pour gouverner : enjeux épistémologiques et conséquences socio-politiques des statistiques linguistiques officielles » par Philippe Humbert ; « Entre volonté et contrainte : suffit-il de le vouloir pour devenir francophone ? » par Alexei Prikhodkhine et Larent Gajo ; « À la croisée des trajectoires et de la société : langue et intégration » par Anne-Christel Zeiter. La deuxième section « Politiques linguistiques en contexte » comprend trois autres articles : « Séjour mobilité et lingua franca » par Antonia Veillon ; « Nationalisme linguistique et représentations sociolinguistiques en débat - La sociolinguistique catalane face à la perspective indépendantiste » par Henri Boyer ; « Montrons cette langue que nous ne parlons pas ! » par Bénédicte Pivot. Le troisième ensemble, sur la question du « Bilinguisme vécu, perception des langues en contact », s’articule en quatre études : « Quand les images changent... (Dis)continuités dans la pratique et la transmission du suisse allemand en Suisse romande » par Sara Cotelli-Kureth et Liliane Meyer- Piton ; « S’afficher ou non dans une autre langue nationale - Variabilité des discours dans deux traditions de migration interne en Suisse » par Simone Marty et Marina Zimmermann ; « Des idéologies concurrence : le chiac entre repoussoir et emblème » par Annette Boudreau. Enfin, la quatrième partie repose sur « La variation au cœur des représentations » et organise quatre autres articles : « “Pas d’place pour les fote d’orthoˮ : la réparation en # et l’accomplissement situé des représentations langagières dans la communication par WhatsApp » par Etienne Morel ; « Représentations ordinaires de l’orthographe du français » par Clara Motamet ; « Pour “être intelligible en français langue étrangère, doit-on s’exprimer “sans accentˮ ? » par Marion Didelot et Isabelle Racine ; « Comment un collectif militant d’éducation populaire évoque-t-il la « langue de boisˮ ? À propos des représentations sur la langue et sur la variation » par Alice Krieg-Planque.
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PRATIQUES, « Le récit en questions », n° 181-182 dirigé par André Petitjean, 2019 (https://crem.univ-lorraine.fr/pratiques-181-182-le-recit-en-questions)
Ce numéro de Pratiques a été pensé en fonction d’une double logique, à la fois historique et synchronique. Historique, car depuis la création de Pratiques en 1974, des théorisations narratives diverses ont été défendues, il était donc important de porter sur elles un regard rétrospectif. Synchronique, car elle correspond au fait que le présent numéro s’inscrit dans le programme de recherche du Centre de recherche sur les médiations (CREM) intitulé « Narrations de la société/sociétés de la narration », tel qu’il est consacré au récit et aux différentes formes de narration sociale. Dès lors, l’enjeu est de faire interagir des recherches qui mettent l’accent sur la description et la classification avec d’autres plus spéculatives et interprétatives.
Le numéro a été conçu en trois parties et présenté par A. Petitjean « Le récit en questions : introduction ». Dans la première (« Les théories du récit en débat »), les auteurs confrontent certains paradigmes du récit. C’est ainsi que sont mis en débat ou en question la linguistique textuelle et discursive, la sémiotique narrative, l’ethnocritique, les approches cognitivistes ainsi que la narratologie non naturelle. On y lira avec intérêt les études suivantes : « Linguistique – récits – narratologie » par Jean-Michel Adam ; « Récit et mobilité empathique » par Alain Rabatel ; « De la narratologie à la narrativité, et retour. Bilan et perspectives de la théorie greimassienne » par Denis Bertrand ; « Comment penser la narrativité dans l’image fixe ? La
“composition cinétiqueˮ chez Paul Klee » par Marion Colas-Blaise ; « Pour une relecture et un emploi cognitifs des schémas narratifs structuralistes » par Aurora Fragonara ; « Je compris que vous conjecturiez... Ethnocritique d’un récit de Borges » par Jean-Marie Privat ; « Récits non naturels, narratologie non naturelle : apports, problèmes et perspectives » par Sylvie Patron ; « La passion du non-naturel. Entretien avec Brian Richardson » par Sylvie Patron ; « Les récits produits en psychothérapie : un défi pour la narratologie » par Françoise Revaz.
La seconde partie (« Fictions et non fictions contemporaines ») rend compte du statut du récit dans les productions actuelles, qu’elles aient la forme de romans, de pièces de théâtre, de « narrations documentaires », de séries télévisées ou de jeux vidéo. Cette partie comprend les recherches suivantes « Un tournant animal dans la fiction française contemporaine ? par Sophie Milcent-Lawson ; « Théâtre et récit : l’exemple des pièces monologuées contemporaines » par André Petitjean ; « Ne pas (se) raconter d’histoires. La littérature française après le XXe siècle » par Charlotte Lacoste ; « Récits sériels exploratoires » par Marta Boni et Camille Martinez ; « Récits interactifs et expérience de liberté » par Dario Compagno.
La troisième partie (« Les récits en situation scolaire ») interroge la place des récits au sein de la discipline français (lecture et écriture) et dans d’autres disciplines, tels qu’ils dépendent, pour une part, des configurations disciplinaires. On y lira : « Des récits et des élèves » par Yves Reuter ; « La trace écrite scolaire : un récit ? Le journal d’apprentissage au cycle 3 : une forme de récit scolaire ? » par Aurore Promonet ; « Narrations d’hier et d’aujourd’hui sur des forums et des blogs d’apprentis lecteurs. Quels usages des récits pour quels apprentissages ? » par Pierre Moinard.
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LINGUISTIQUE DE L’ÉCRIT, « Blancs de l’écrit, blancs de l’écriture », n° 1 dirigé par Julie Lefebvre & Pierre-Yves Testenoire, 2019 (<https://linguistique-ecrit. org/pub-151267>)
Dans l’univers de l’écrit, qu’est-ce que le « blanc » ? Coloration du papier « [e]xtrêmement désagréable pour les yeux et crime envers la santé publique » pour reprendre les propos du typographe Tschichold (1994) ? Trace d’une absence, comme l’a perçue la civilisation occidentale de l’alphabet et Anne-Marie Christin (2000) ? Élément partie prenant de l’« espace graphique du texte », comme ont pu le concevoir des linguistes de l’écrit comme Jacques Anis et al. (1988 : 174) ? C’est en partant de ce dernier point de vue, linguistique, que les contributions rassemblées dans ce numéro interrogent la question des blancs de l’écrit et des blancs de l’écriture à partir d’études de corpus d’imprimés ou de manuscrits, engageant des genres discursifs écrits variés. Après l’introduction de Julie Lefebvre et Pierre-Yves Testenoire – qui ne se contentent pas de présenter le sommaire –, le dossier comprend huit études complémentaires : « Entre typographie et topographie : le blanc dans le livre imprimé occidental (XIXe -XXe siècle) » par Julie Lefebvre et Rudolf Mahrer ; « Blanc, blancs et ponctuation blanche : nouvelles structurations et modes de lecture de textes poétiques et d’autres genres » par Michel Favriaud ; « L’usage des blancs typographiques. Tympan (1972) et Glas (1974) de Jacques Derrida » par Rossana de Angelis ; « Les blancs dans le discours littéraire » par Stéphane Bikialo et Julien Rault Julien ; « Le charme discret des blancs. La ponctuation “blancheˮ entre histoire et style dans la littérature italienne moderne et contemporaine » par Elisa Tonani ; « Blancs d’attente vs blancs d’interruption : propositions pour une description des blancs de l’écriture manuscrite » par Pierre-Yves Testenoire ; « Le blanc comme outil de démarcation discursive et énonciative : quelques observations dans des écrits d’élèves » par Claire Doquet ; « La transcription sémio-diplomatique des manuscrits de linguistes » par Marc Arabyan.
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LECTURE JEUNE, « Derrière les écrans des ados », n° 171, septembre 2019 (130 p., 14 euros)
Au-delà des fantasmes, quelles sont les pratiques numériques réelles des jeunes ? Le numérique est-il vraiment inné chez le digital native ? Comment éduquer, former et sensibiliser la jeune génération au fonctionnement du web ? À travers des pratiques qui peuvent sembler opaques, comment y voir un lien avec la lecture et l’écriture ? L’éditorial rédigé par Sonia de Leusse- Le Guillou, directrice de Lecture Jeunesse, contextualise le dossier thématique et introduit les articles et entretiens qui suivent : « Les pratiques invisibles des ados » entretien avec Anne Cordier ; Focus sur « Les jeunes et leurs écrans, quelques chiffres clés » par Christelle Gombert ; « Encore sur ton portable ! La vie familiale à l’épreuve des écrans » entretien avec Nathalie Dupin ; « Addictifs, les écrans ? Une question de contexte » entretien avec Michael Stora ; puis un autre « Focus » comprenant trois outils pour l’éducation au numérique : « Se raconter sur internet » entretien avec Ariane Mayer ; « Facebook, Game of thrones et les histoires sans fin » par Ariane Mayer ; « Écrire avec Netflix. Entre contraintes et créativité ; entretien avec Gwenda Bond et Cécile Pournin. Suit un troisième « Focus » : « YouTube en librairie » par Christelle Gombert ; « Dans les coulisses de YouTube » entretien avec Vincent Manilève ; « YouTubeuses et jeune public : influence ou émancipation ? » par Béatrice Guillier. Suivent in fine les chroniques : « Booktube », « Jeux vidéo », « Écriture en ligne »... et pour en savoir plus : http://www.lecturejeunesse.org/livre/derriere-les-ecrans-des-ados- n171-septembre-2019/.
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