Option FLES et plurilinguisme : des chances pour le système scolaire français


53èmes journées de l'ASDIFLE - 21 mars 2014 Paris

L'intervention de Valérie Spaëth sur l'option FLE/FLS du CAPES de Lettres Modernes était très attendue lors de la 53ème journée de l'ASDIFLE qui s'est tenue le 21 mars 2014 à Paris, après l'ouverture d'Isabelle Gruca sur l'évolution sociopolitique du champ du FLE (statuts des enseignants et reconnaissance de la discipline).

 

Valérie Spaëth a commencé par replacer cette option orale dans son contexte institutionnel. Cette épreuve, préparée pour la première fois durant cette année 2013-2014, pour une première session en juin 2014, a fait l'objet d'un décret publié au Journal Officiel du 27 avril 2013, dans le cadre d'une refonte du CAPES de Lettres. Pour rappel, la deuxième partie de l'épreuve orale d'admission : "analyse d'une situation professionnelle", offre, pour le CAPES lettres modernes, quatre options : latin pour lettres modernes, littérature et langue françaises, français langue étrangère et français langue seconde, et enfin théâtre ou cinéma. Les finalités de cette nouvelle épreuve sont clairement de développer de nouvelles compétences pour une professionnalisation accrue, notamment dans les domaines du FLE/FLS et du théâtre/cinéma. Le but n'est pas que l'option FLE/FLS débouche sur la spécialisation des enseignants vers les UEP2A, mais qu'elle permette une ouverture sur l'altérité dans les classes dont ils auront la charge. Il ne s'agit pas de former des spécialistes, mais de sensibiliser un plus grand nombre d'enseignants aux problématiques et à la didactique du FLE/FLS. Lorsque Paris 3 a été consultée (et impliquée) pour la production d'un sujet zéro de cette épreuve de l'option FLES, elle s'est efforcée de replacer cette option dans un panel : langue et littérature françaises, FLES, théâtre, cinéma, latin (ordre dans lequel ces options ont été choisies en 2013-2014). Il est utile de rappeler qu'aucun recul n'est possible sur cette épreuve, puisque la première édition aura lieu en juin 2014, et que le premier rapport de jury paraitra en septembre, permettant les premières analyses.

La configuration de l'épreuve d'analyse d'une situation professionnelle (coefficient 2, ce qui n'est pas négligeable) a une incidence importante car le candidat doit déterminer son choix au moment de son inscription. Si l'épreuve est de forme classique, le jury, lors de l'entretien, évalue les connaissances dans ce domaine, et les manières dont le candidat peut les mettre en place s'il est confronté à l'altérité dans ses classes. Le sujet zéro, publié sur le site de Paris 3, s'appuie sur deux documents élève et deux documents enseignant, qui supposent des connaissances en didactique. Ce qui signifie qu'il a dû suivre une formation en FLES durant son année de Master. Comme le concours est au niveau M1, la préparation de l'option va donner lieu à une préparation avant de passer le concours et le master. Cette formation, importante puisqu'il s'agit d'étudiants qui, pour la plupart, s'inscrivent dans cette option sans avoir jamais fait de FLE, constitue un défi intéressant à relever pour les enseignants-formateurs.

Le nombre d'inscrits montre l'intérêt des étudiants pour cette option.                

Les enjeux de préparation sont :

-      des enjeux disciplinaires :
·      internes : les fondamentaux de la didactique du FLES, la frontière FLE/FLS, la hiérarchie des objectifs (langue et culture), la professionnalisation, mais de quels professionnels ?
·      externes : le rattachement au Capes de Lettres permet une ouverture de la formation des enseignants. Valérie Spaëth rappelle l'intérêt d'offrir de l'altérité, et de la prise en compte de l'altérité linguistique dans les classes.

-      des enjeux de diffusion et réception des disciplines :
·      réception par les non-spécialistes
·      effet en retour de cette diffusion sur la discipline

-      des enjeux de modélisation :
·      formation brève non-spécialisée : futurs enseignants de français
·      choix de documents et de textes.

 

Durant la même journée, deux autres interventions remarquées : 

Cécile Bruley et Mariela de Ferrari présentent le dispositif de formation en alternance mis en  place à Paris 3 en Master 2 pour créer un lien entre les mondes professionnel et universitaire autour des métiers du FLE.
Lire le diaporama de présentation du dispositif, Cécile Bruley et Mariela de Ferrari
Lire l'article de présentation : "Professionnalisation en formation initiale : un dispositif ternaire", Mariela de Ferrari et Florence Mourlhon-Dallies. 

 

Et Geneviève Zarate conclut la journée en nous mettant en garde contre l'évolution des champs de recherche en FLE; À partir de l'exemple d'Amazon, dont les employés sont des "hands" et la devise est "Work hard, have fun, make history", elle montre que le champ de la recherche se rapproche d'une vision mondialisée de l'entreprise. Pour appuyer son propos elle renvoie au rapport d'évaluation de l'AERES sur le site de l'INALCO-PLIDAM. "La valorisation de la pluralité (linguistique) bouscule les modes de catégorisation institutionnels". G. Zarate fait remarquer que les mots pluriculturalisme et multiculturalisme ne sont, en français, pas synonymes mais qu’en anglais un seul mot existe. Le second terme renvoie à la notion de nombre de cultures, de multitude et entraine donc celle de juxtaposition de « groupes culturels », voire de communautés; dans le premier terme, on doit au contraire comprendre qu’’il s’agit d’une entité constituée de divers éléments distincts mais liés sans aucune notion de classement. Mais ce n’est pas qu’une question de vocabulaire. Ces deux conceptions ont des implications sur la relation à la culture elle-même, à sa transmission, à la manière dont elle est vécue dans le groupe ou individuellement. Comment faire alors quand on s’exprime en anglais ? Le CECRL a dû proposer ses propres définitions de ces notions.
On pourrait également interroger l’autre partie du mot : culturalisme. Si pluriculturalisme et multiculturalisme renvoient à la sphère culturelle, il convient également de s’interroger sur l’approche culturelle soutendue dans la démarche, en se gardant d’une quelconque tendance ethnocentrée. G. Zarate montre des étudiants chinois, sur le campus de leur université, qui apprennent par cœur et répètent les cours. Cette manière de faire interpelle et devrait inciter à modifier notre regard et notre conception du champ.

 

Soumis par   le 01 Avril 2014