Journée de l'AFEF - 11 mai 2019 - Palais du Luxembourg - 15ter rue de Vaugirard, Paris 6e
Profession enseignante :
quelles responsabilités collectives aujourd'hui ?
Les décisions politiques prises depuis un an et demi pour l’école et pour la formation sont très préoccupantes. Elles ont été prises à marche forcée, sans consultation véritable des enseignants, de leurs syndicats et associations. En primaire et au collège, tels des girouettes, nous avons été contraints, en un mois d’été, de prendre connaissance de programmes de français réécrits alors que très récents, et de les appliquer dès la rentrée. Nous avons été sommés, dans une omission étonnante des noms des cycles, d’évaluer nos élèves à l’entrée du primaire sur des compétences non encore enseignées, et d’appliquer stricto sensu la seule méthode d’enseignement de la lecture selon le ministre, la syllabique. Ceux qui enseignent dans les classes à douze se débrouillent comme ils peuvent, sans formation spécifique qui aurait pu rendre cette mesure vraiment efficace. À la maternelle, devenue école obligatoire, la menace pèse de la détourner de sa fonction première : développer le langage pour lutter contre les inégalités. Au lycée, les nouveaux programmes sont régressifs : faire penser de manière personnelle, coopérer, discuter, écrire, développer une culture personnelle, faire usage du numérique ne sont pas les objectifs premiers. Au lycée professionnel, la réduction des horaires dans les disciplines de culture générale et plus frontalement littéraires obère fortement notre capacité à amener ceux des élèves qui le souhaitent à poursuivre leurs études.
La formule incantatoire et récurrente « les savoirs fondamentaux » vient de réapparaitre. L’expression est creuse et dangereuse : s’agit-il du savoir minimum pour sortir de l’école ou des savoirs indispensables pour poursuivre des études ? Ne s’agirait-il pas plutôt de savoirs dits fondamentaux, parce que suffisamment simplifiés – comme c’est le cas pour la méthode syllabique en CP – pour qu’on puisse industrialiser l’enseignement et en évaluer l’efficience à l’aune de tests prémâchés. Et ce faisant pouvoir trier, classer les élèves et évaluer les enseignants ! Est-ce cela le projet éducatif ambitieux qui est proposé aux enseignants ? À la nation ? Est-ce avec un tel projet que l’on espère recruter des enseignants ? En faire des répétiteurs, ajusteurs de leçons dûment présentées dans les manuels labellisés par le ministère ? Nul besoin alors d’un d’engagement dans la discipline, dans le désir d’en partager le pouvoir et les mystères : magie de la langue, de la littérature, de l’écriture. Adossées aux connaissances académiques indispensables, les connaissances pédagogiques et didactiques au cœur du métier seraient-elles obsolètes et remplaçables par des « kits de techniques de classe » faciles à transmettre par exemple aux vacataires, jeunes étudiants embauchés à bas prix pour se « faire la main » sur le dos des élèves ?
La litanie des décisions politiques qui gangrènent notre profession n’est, hélas, pas exhaustive. Comment continuer à exercer dignement, dans le respect d’une professionnalité en construction ? Quelles sont nos marges de manœuvre ? Quelles sont nos responsabilités collectives pour faire vivre les fondements du Code de l’éducation dans le domaine qui est le nôtre, l’enseignement du français ?
L’opportunité a été offerte à l’AFEF, sur invitation du sénateur Pierre Ouzoulias, d’organiser une journée dans ce lieu prestigieux du Palais du Luxembourg pour débattre de ces questions.
Dominique Bucheton ouvrira la journée par un temps de questionnement : comment réinventer le métier enseignant pour que nos élèves soient en mesure d’apporter des réponses aux grandes questions actuelles, sociétales, climatiques ? Quelle culture pour les accompagner dans l’invention d’une société plus juste et plus humaine ?
Quatre temps de parole suivis de questions permettront à des collègues en établissements d’intervenir sur les thèmes : Dispositifs contraints – Créativité et langage – Conditions du développement professionnel, du côté de l'institution, de la formation initiale et continue, du travail collaboratif des enseignants.
Et Yves Reuter clôturera la journée par une conférence de synthèse.
S'inscrire à la journée ou afef.contact@gmail.com
Inscription gratuite obligatoire
Programme PDF - Programme Word
9h30-10h Accueil
10h-10h30 Mot d’accueil : Pierre Ouzoulias, sénateur
Conférence d’ouverture : Dominique Bucheton. Comment réinventer le métier enseignant pour que nos élèves soient en mesure d’apporter des réponses aux grandes questions actuelles, sociétales, climatiques ? Quelle culture pour les accompagner dans l’invention d’une société plus juste et plus humaine ?
10h30-11h30 Dispositifs contraints – Présentation Sandrine Laux, Guillaume Loock, Françoise Girod
CP : Enseignement à deux dans une classe – Françoise Morel et Alain Jean
LP : Coenseignement – Pascaline Prekesztics et Cécile Denibaud
11h30-11h40 Pause
11h40-12h40 Créativité et langage – Présentation Ande Poggi
Serge Herreman- Expression dramatique à l’école primaire
Ande Poggi– Écriture poétique à l’école primaire
Hélène Paumier– Au lycée, atelier d’écriture au long cours et maison d'édition
12h40-13h50 Déjeuner libre
13h50-16h Conditions du développement professionnel – Présentation Chantal Alpha, François Wittersheim
Du côté de l'institution
Brigitte Courbet-Manet : Développement professionnel des enseignants
Baptiste Quéron : Coordination de la formation en Rep+
Formation initiale et continue
Isabelle Henry : Formation initiale : devenir sujet-enseignant
Karine Risselin : Un lieu pour interroger les pratiques au secondaire
Enjeux du travail collaboratif des enseignants
Danielle Alexandre et des enseignants : Nouvelles dynamiques collaboratives en REP+
16h10-17h Conférence de clôture et débat avec la salle : Yves Reuter
Mot de clôture : Pierre Ouzoulias, sénateur
Inscription gratuite obligatoire
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Accès : 15 ter rue de Vaugirard, Paris 6ème
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