Rentrée des classes au Caire
La rentrée des classes a été décalée au Caire. Alors que nous devions comme en France retrouver nos élèves le 3 septembre, après deux jours de pré-rentrée, les élèves ont finalement rejoint leurs classes le 15 septembre, alors que les enseignants bénéficiaient d’une semaine de pré-rentrée. Cette occasion a diversement été appréciée par les collègues, craignant que l’Administration ne cherche à les « occuper » à des réunions rébarbatives. Il m’a semblé au contraire que c’était une chance pour nous que de pouvoir travailler avant d’accueillir les élèves. Les conseillers pédagogiques, enseignants expatriés recrutés par l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger) dont je fais partie, ont été eux sollicités pour organiser l’emploi du temps de cette pré-rentrée et pour animer quelques ateliers. Ainsi, nous avons pu, avec le CPE, présenter le cadre de la scolarisation des enfants handicapés. C’est une question sur laquelle nous avions commencé à travailler l’an dernier, mais en petite commission, et dont les préconisations pour des aménagements pédagogiques dans la classe n’avaient pas été très appréciées par les collègues, voire rejetées par certains, au nom de l’égalité de traitement des élèves. Cette fois-ci, nous avons essayé d’informer sérieusement les collègues, sur le cadre de la loi, sur les différents troubles dont sont affectés nos élèves (dyslexie, dyspraxie, syndrome autiste…). Bien sûr, nous ne sommes pas des spécialistes, mais notre intérêt pour le sujet, et surtout pour nos élèves, nous a guidés pour exprimer de façon simple quelques informations, réflexions, gestes pédagogiques permettant l’accueil des élèves « à besoin particulier » dans la classe. Et il semble que les équipes de classe et les professeurs principaux aient déjà bien commencé à mettre en place les rendez-vous avec les parents et sont plus attentifs à leurs élèves.
D’autres questions ont donné lieu à des ateliers : l’utilisation de la plateforme numérique du Lycée, en prévision d’arrêts inopinés des cours cette année ; l’accompagnement personnalisé au lycée ; l’aide aux élèves en difficulté ; la mise en œuvre du socle commun, toujours à l’état de sommeil dans notre établissement. Là aussi, il semble que le chantier ait commencé. Les professeurs de SVT se sont retrouvés depuis la rentrée pour essayer d’établir des grilles communes prenant en compte les différentes compétences et une progression sur les quatre années du collège. En français et en histoire, ça va commencer…
Voilà quinze jours que le travail avec les élèves a repris. Grand plaisir de retrouver mes élèves en terminale littéraire. Cet été, autour du 15 aout, nous avons été bien inquiets quant à notre retour en Égypte. Moments difficiles pour les Égyptiens. La plupart de nos élèves expriment leur exaspération à l’encontre des « barbus », ainsi qu’ils les nomment. La situation est très délicate. Le peuple a demandé le départ de Morsi, l’armée a soutenu le peuple. L’armée, c’est le peuple égyptien. Il est difficile pour moi, et pour beaucoup de Français, je pense, de comprendre cet attachement patriotique, très fort. La situation du pays, au niveau économique est désastreuse, la misère est grande. Il ne semble pas que l’école soit une préoccupation des nouvelles instances politiques. Pourtant, les Frères musulmans sont très représentés dans les milieux où les gens sont très peu alphabétisés.
Notre établissement, le Lycée Français du Caire, scolarise une certaine élite cairote, attachée à la francophonie et à l’éducation à la française. Les élèves sont charmants en classe, un peu bavards, comme tous les écoliers que j’ai connus jusqu’alors, et soucieux de leur réussite. En 6è, certains élèves sont en difficulté avec la langue française ; je peux alors tirer parti de mon expérience en ZEP pour travailler avec eux la lecture et l’expression écrite et orale. Mais il est impressionnant de voir en fin de parcours la faculté qu’a la plupart de nos élèves égyptiens à passer d’une langue à l’autre, le français, l’arabe, l’anglais, même si de petites aspérités, notamment à l’écrit, persistent pour quelques-uns.
Judith Dessolle
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