Samedi 2 février 2013
GFEN, 5èmes Rencontres Nationales pour l’école Maternelle : Pour que la maternelle fasse école
Prendre en compte la spécificité des jeunes élèves et promouvoir des apprentissages ambitieux pour tous : c’est le défi à relever
Présentation de la journée :
L’importance du rôle de l’école maternelle dans la scolarité fait désormais consensus. Elle peine pourtant à enrôler tous les enfants dans les apprentissages scolaires, partagée entre une conception spontanéiste du devenir élève et des conceptions de l’apprentissage apparemment antinomiques mais qui excluent massivement les enfants des classes populaires. La première, dans une centration sur la spontanéité enfantine évacue la dimension socio-culturelle de l’entrée dans les apprentissages. La seconde, dans une centration exclusive sur les connaissances, «primarise » à marche forcée. L’une et l’autre font l’impasse sur la nécessaire construction d’un rapport efficient à l’école où les différences réelles entre enfants ne doivent être ni évacuées ni surévaluées.
Christine Passerieux, secrétaire nationale du GFEN, affirme que celui-ci ne lâchera pas sur l’affirmation éprouvée, et partagée par l’AFEF, que tous les enfants sont capables de devenir élèves. Il y faut des conditions. C’est dans la prise en compte de l’âge des enfants et l’affirmation concomitante d’exigences pour tous que l’école maternelle jouera son rôle. Développement et apprentissages ne s’opposent pas. C’est au contraire dans leurs rapports dialectiques que les enfants grandissent.
Ces cinquièmes rencontres « Pour que la maternelle fasse école » ont lieu dans un contexte politique nouveau. L’école maternelle est une priorité si l’on veut agir sur la ségrégation scolaire et faire avancer une véritable démocratisation de l’École. Les changements ne se feront pas sans l’apport des professionnels, organisations, associations, familles.
Transformer l’école maternelle est un beau projet, nécessaire. Il y faut de l’audace et de la réflexion. Tous les participants sont invités, individuellement et collectivement à en faire preuve.
Compte-rendu réalisé par trois membres du CA de l'AFEF présents à cette journée :
Bénédicte ETIENNE, Dominique SEGHETCHIAN et Joëlle THEBAULT.
1ère intervention plénière : Viviane Bouysse, Inpectrice Générale de l'Education Nationale
L’école maternelle à la recherche d’un nouveau souffle.
2ème intervention plénière : Christophe Joigneaux, Maitre de Conférences à l'Université d'Artois
Evolution de l'école maternelle et construction des inégalités scolaires.
Atelier 1 : Faire écrire des textes courts dès la grande section : une urgence pédagogique.
Atelier 4 : Pince alors ! et autres objets techniques...
Atelier 9 : Des manipulations sensori-motrices aux activités de langage et de création.
Atelier 10 : Sur une aile de papillon
Annexe 1 : Relevé propos d'élèves, étape B
En clôture de cette journée, Christine Passerieux, secrétaire nationale du GFEN, est revenue sur le constat que l'école maternelle est à un moment charnière : au sortir d'une période où l'école en général, et l'école maternelle en particulier, a été maltraitée, la question des transformations à opérer pour lutter contre les inégalités est cruciale. Les attentes, des personnels comme de la société, ne laissent guère de droit à l'erreur.
Font obstacle à l'entrée dans les apprentissages des enfants les plus éloignés de l'école, aussi bien la logique de la "primarisation" que celle de la centration sur l'enfant. Toutes deux peuvent d’ailleurs coexister dans la classe.
La première nie le sujet. Pilotée par la primauté accordée aux résultats, elle ne prend pas en compte la compréhension et les apprentissages en tant que processus inscrits dans le temps. Centrée sur un technicisme au nom des "apprentissages fondamentaux", elle consacre la primauté de la tâche au détriment de la dimension culturelle : ainsi elle conduit par exemple l'étude de la phonologie sans s'interroger sur les pratiques langagières. Elle génère une gestion du temps où exercices et évaluations empiètent sur les apprentissages. La seconde repose sur l'illusion qu'il suffirait de faire pour apprendre, d'être confronté à des savoirs pour se les approprier. Les deux approches évacuent la dimension sociale, nient le lien entre apprentissages et développement, elles conduisent à chercher des explications extérieures à l'école, sociologisantes ou psychologisantes, aux inégalités d'entrée dans les savoirs.
A l'opposé, le GFEN se prononce pour une approche culturelle : les savoirs sont mis en jeu dans l'ensemble des domaines. Cette approche permet de prendre en compte à la fois l'individu, les savoirs et la variété des modalités d'apprentissage. Il s'agit par ailleurs de veiller à être exigeants pour tous, loin des approches individualisantes, facteurs de solitude.
La spécificité du GFEN est sans doute dans cette insistance sur la dimension sociale des apprentissages qui se nouent dans la rencontre et dans l'échange à travers lequel l'enfant peut comprendre que d'autres approches sont possibles, et, ainsi, de construire sa propre vision singulière. Contre le spontanéisme de dispositifs soi-disant ludiques, le GFEN se prononce pour des apprentissages construits dans des dispositifs étayés : les apprentissages langagiers sont d'abord véhiculés par l'adulte, dans des échanges où l'enfant prend de plus en plus de place.
Le 6 avril prochain, à St Denis, le GFEN organisera ses 6èmes Rencontres Nationales sur l’Accompagnement.
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